des réparations) en 1890, M. Baëff a chaque jour étudié le régime
de l’Arve, en notant, entre autres, les éléments d’un calcul du débit
(hauteur de l’eau et vitesse) et en mesurant directement la quantité
de matières en suspension et en dissolution. Je tire de ses tableaux
les chiffres suivants :
D é b it d e s e a u x : Minimum 3.3m3 «ec,..-•
Maximum (*) 437. »
Débit total des 11 mois d’observation (2) 1 570 751 000m3.
Débit probable de l’année entière, 1700 millions ro3.
La superficie totale du bassin de l’Arve étant de 1980k»>2, ce débit
annuel représente une hauteur d’eau de 860mm étendue sur le bassin
d’alimentation.
T r a n s p o r t d e l ’a ilu v io n im p a lp a b le e n s u s p e n s io n :
Minimum O.&nff
Maximum 3106 »
Transport total de 11 mois, 610 908 tonnes de mille ktî.
Transport probable de l’année, 620 mille tonnes.
T r a n s p o r t d e s m a t i è r e s d i s s o u t e s :
Minimum 120“ fc iHro_
Maximum 349 .y.
Total des 11 mois, 320675 tonnes.
Total probable de l’année, 360 mille tonnes.
La quantité totale des matières dissoutes est donc un peu plus de la
moitié de 1 alluvion impalpable transportée p ar la rivière. La charge en
matières dissoutes varie peu, pas même du simple au triple. Elle est
au maximum dans les basses eaux d’hiver, au minimum dans les
grandes crues. La charge en alluvion impalpable suspendue varie au
contraire beaucoup, comme 1 : 3880 (ou même comme 1 : 6250 si
1 on admet le chiffre de 5s par litre, pour l’alluvion transportée par la
crue exceptionnelle du 3 octobre 1888, avec un débit de l’Arve de
1136m3 sec). Eiie augmente très rapidemént avec les crues de la rivière ;
elle diminue plus rapidement encore d ans la phase de décrue.
0) Ce chiffre est tiré des tableaux de M. Baëff qui indique comme débit maximal
37 800 000»>3 pour la journée du 31 août 1890. Mais notre auteur parle d’un
chiffre bien plus élevé quand il attribue à la crue du 3 octobre 1888 un débit de
(2) L’année 1890, moins le mois d’octobre.
La t e m p é r a t u r e d e l ’e a u a varié de 0 à 15°; au gros de l’été,
elle oscille entre 11 et 14°.
La quantité de c h lo r e a été déterminée par moyennes de 5 ou 10
jours. Elle a varié de 1.32 à 2.67™s? par litre. En 9 mois, de janvier à
septembre 1890, l’Arve a charrié 2530 tonnes de chlore que l’on peut
supposer combiné au sodium, ce qui donnerait 4170 tonnes de sel de
cuisine, le dixième de la consommation annuelle de la Suisse. La plus
forte proportion a été dans les mois d’hiver ; la plus faible en été.
Pour tous les détails, nous renvoyons le lecteur au travail original,
très important et très intéressant, aussi bien dans les chiffres des
observations que dans les déductions ingénieuses de M. le Dr Baëff.
En admettant comme normaux les chiffres ci-dessus indiqués pour
le transport probable de l’année 1890, soit 620 mille tonnes d’alluvion
suspendue et 360 mille tonnes d’alluvion dissoute, en donnant à ces
matières une densité moyenne de 2.6, cela représente un volume de
416 mille m3 qui, répartis sur les 1980km2 du bassin d’alimentation,
correspondent à 0.21mm de roches enlevées en moyenne à la surface
de ce bassin. En 5 ans, il y aurait 1“™, en 5000 ans, l'a de la surface
du pays enlevés par l’érosion normale de la rivière.
Théorie du ravin sous-lacustre des fleuves glaciaires.
J’ai décrit dans un autre chapitre (*) les ravins sous-lacustres que
les cartes hydrographiques ont révélés dans les cônes immergés du
Rhône et du Rhin. (2) Pour ne parler que de celui du Rhône, nous
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pi) Des. ravins analogues à ceux qui nous occupent ont été signalés dans l’Océan,
devant des embouchures actuelles ou d’anciennes embouchures de fleuves. Ils
ont des dimensions bien plus considérables qite ceux de nos fleuves alpins. D’après,
la description de M. J.-Y. Buchanan, d’Edimbourg, qui a étudié ceux de la
côte occidentale d’Afrique dans l’expédition de Buccaneer, le grand c an io n sous-
marin du Congo se prolonge jusqu’à près de 200km en mer; sa tranchée mesure
jusqu’à l l km de largeur et a une profondeur au-dessous de ses berges atteignant
jusqu’à 1000m. La fo s s e du p e t it B a ssam , appelée aussi B o t tom le s s p it
sur la côte d’ivoire, probablement devant une ancienne embouchure de l’Akba, a
des profondeurs de plus de 400m, une largeur de 7Hm, et une longueur de 20km environ.
Un autre de ces ravins sous-marins, connu sous le nom de fo s s e de l ’A v on ,
existe à l’est de Lagos, au fond du golfe de Bénin, mais il est moins évidemment
développé. Sur les côtes de France, la fo s s é du Cap B r e to n , située devant
nne ancienne embouchure de l’Adour, représente un ravin de plus de 200m de creux,