distance altitude pente «fo,
Frontière (rive gauche) 5250 336.1 1.7
Fort de l’Ecluse 4591 326.5 2.1
Perte du Rhône 8595 308.8 2.1
Bellegarde 2918 297.6 3,8.
et pour l’ensemhle du cours du fleuve
Distance Pente °°./oo
De Genève au Parc ( ’) 54.3km 1.9
Du Parc à Lyon 163.4 0.7
De Lyon à la mer 327.4 0.5
De Genève à la mer 545.1 0.7-
2° Modifications subies p a r l’émissaire dans la série des âges.
Les modifications sont de deux ordres : les unes sont le résultat des
faits naturels, érosion et alluvion ; les autres sont le fait des constructions
humaines.
A. Modifications naturelles de l’émissaire. A la fin de
l’époque glaciaire, alors que le pays était encore habité par le mammouth
et le renne, le lac Léman était à un niveau plus élevé que de
nos jours. Les terrasses fluvio-lacustres que nous trouvons sur les
rives du lac le démontrent surabondamment: pendant longtemps le lac
était d’une trentaine de mètres au-dessus de sa nappe actuelle (terrasse
des Tranchées de Genève, terrasse supérieure du Boiron, de
Morges) ; puis il est descendu d’une -quinzaine de mètres (terrasse de
Chanivaz, terrasse de la Promenthouse, terrasse moyenne du Boiron,
etc.) ; puis il s’est abaissé au niveau actuel, et il y est arrivé déjà à
l’époque des habitations lacustres de l’âge de la pierre. Comme nous
le verrons, les faits archéologiques des palafittes indiquent, pour cette
époque, un niveau du lac égal à peu près au niveau moderne.
Cet abaissement de la nappe lacustre est le résultat du creusement
progressif du lit de l’émissaire; c’est à l’érosion de ce lit qu’il faut attribuer
le phénomène. Il est inutile d’invoquer pour cela des soulèvements
ou des affaissements locaux, qui ne seraient indiqués par aucune
observation connue; il suffît de faire appel à l’érosion progressive de
la cluse du Vuache, conséquence du recul progressif de la Perte du
(!) Point terminal de la navigation fluviale, à 12ki” en aval de Bellegarde.
Rhône. Que cette perte se soit reculée de quelques cents mètres et
tout l’approfondissement du lit du Rhône, de Genève à Bellegarde, en
sera naturellement résulté. Il est inutile d’insister sur ce fait qui est
évident.
L’Arve, depuis qu’elle a existé, s’est toujours déversée dans le Rhône
dans la même position, géographique, ou à peu près, qu’elle occupe
actuellement. Lorsque le lac avait un niveau de 30“ plus élevé, le delta
fluvio-lacustre de la rivière alpine se jetait, dans le cours principal, un
peu plus au nord et déposait la colline des Tranchées de Genève. (*)
Plus tard, le lit de l’Arve s’est détourné plus au sud et a creusé le lit
actuel. Ce qu’on appelle la plaine d’Arve, qui s’étend en aval ‘de la ville
de Genève, de la Place-Neuve, Corraterie, route de Carouge, Plain-
palais à la Queue d’Arve, etc., semble avoir été creusé par les divagations
de la rivière; il est probable qu’à certaines époques l’Arve.s’est
beaucoup plus rapprochée de Genève qu’elle ne l’est actuellement.
Dans les fouilles faites en 187-4 pour la construction du nouveau
théâtre, M. le prof. Daniel Colladon a constaté que, sur un banc de glaise
à peu près horizontal, il y avait une couche de graviers dé 2.1 à2.5m d’épaisseur
; (2) il y a reconnu des graviers de rivière semblables dans leur
composition et leur disposition à ceux de l’Arve actuelle. Des briques
anciennes, de la forme des briques romaines, indiquaient que le dépôt
était d’époque historique. Un nivellement exact de la couche supérieure
du dépôt en place lui a attribué une cote d’altitude de 1.42“ au-dessus
du niveau moyen du lac admis p ar le général Dufour, Z L 11 1.61m, soit,
à quelques centimètres près, la cote du repère de la Pierre du Niton,
R P N + 0.03“ . De là, M. Colladon a conclu qu’à l’époque romaine le niveau
du lac aurait été à 2 ou 3m plus élevé qu’il ne'l’est de nos jours.
Cette conclusion est assez grave au point de vue du régime du lac,
car elle impliquerait entre l’époque lacustre, où le niveau du lac était
à peu près le môme que de nos jours, et l’époque actuelle, un relèvement
temporaire de la nappe du Léman; par conséquent un relèvement
temporaire du lit de l’émissaire. Cette conclusion, qui n’est
point, que je le sache, corroborée par l’existence d’une terrasse correspondante
reconnaissable sur les bords du lac, ne me paraît pas suffisamment
justifiée. Les sables et graviers de toute la région de Genève
f1) D. Colladon. Archives de Genève, XXXIX, 37,1870.
■ (2) B- Colladon. Note sur les dépôts de la rivière d’Arve. Archives de Genève, LI,
139,1874.