Il n’a rien été retrouvé de semblable à l’embouchure de la Reuss dans
le lac des Quatre-Cantoiis. M. Hôrnlimann, qui avait découvert le phénomène
l’année précédente dans le lac de Constance, l’a recherché
attentivement dans les sondages qu’il fit en 1884 pour l’établissement
de la carte hydrographique du lac des Quatre-Cantons ; il n’en a pas
constaté trace. (*)
Je chercherai plus loin à établir la nature et le mode de formation
de ces ravins sous-lacustres ; mais je ne pourrai, d’une manière utile,
en donner la théorie que lorsque j ’aurai étudié les eaux du Rhône, et
je la renvoie à un chapitre ultérieur.
3° D an s le s ta lu s d u H a u t- la c j ’ai à signaler sur la côte suisse :
a Entre Clarens et la pointe de Peilz, une structure assez compliquée.
La région littorale forme une terrasse rocheuse qui s’avance fort
loin, jusqu’à 500“ au large de la Maladaire ; elle est très inégale, irrégulière;
elle.serait trop longue à décrire et je renvoie à la feuille 464
de l’atlas Siegfried. Les talus de cette terrasse sont irréguliers et présentent
entre autres deux points saillants, l’un devant la Maladaire,
visible, surtout dans les profondeurs de 100 à 120“ , l’autre au large de
la pointe de Peilz, apparent jusqu’au pied du talus, à l7 5m de fond..
J’attribue cette complication de' structure et ces irrégularités à des
saillies rocheuses des murailles du lac ; elles ne sont pas encore égalisées
par les éboulis des talus littoraux.
b De la pointe de Peilz au fond du golfe de Vevey-la Tour, le talus
est tellement incliné jusqu’à la profondeur de 100™ que je crois en ce
point à l’existence d’une muraille rocheuse ; cette muraille se continue
devant la pointe de Peilz en une saillie ou éperon visible sur les courbes
de 150 à 175m de fond.
c Entre le Creux de Plan et Rivaz, la côte, très déclive, a des variations
locales de pente qui sont probablement l’indice de terrasses rocheuses.
d Au large du Désaley, le pied du talus, dans les profondeurs de
•250 à 275“ , montre un éperon très apparent qui së prolonge jusqu’à
2km de la rive ; il n’est pas fort élevé, sa saillie n’étant guère que de
10“ ; mais il amène de grandes incurvations des courbes îsohypses et
( i) Je ne parle pas de l’embouchure de l’Aar dans le lac de Brienz. Quand en
1866 MM. W. Jacky et Lindt ont levé la carte hydrographique de ce lac, le fait de
ces ravins sous-lacustres n’était pas encore connu, et il peut avoir échappé à l ’attention
d’observateurs non prévenus.
il est fort évident sur la carte au 1 : 25 000e. Est-ce un glissement de
terrain, est-ce une saillie du sous-sol? Nous l’ignorons.
e Au large de Villette, à 2km de la rive, dans les fonds de 250m, sur
la rampe du talus, il y a un accident plus caractérisé encore. Un éperon
saillant, analogue à celui du Désaley, est surmonté par un pointe-
ment qui se relève de près de 11“ au-dessus de l’arête qui le rattache
au talus général. Si le lac abaissait son niveau de 250“ , il y aurait
là une petite île émergeant de 10.9“ au-dessus des eaux.
f Devant Lutry, à 500“ en avant, devant Pully, à deux places près
du rivage, il y a de petits accidents indiquant probablement des parois
rocheuses plus ou moins saillantes sous l’alluvion du lac.
Si je résume l’impression que me donne l’étude de la carte du lac
pour le talus de Villeneuve à Ouchy, il me paraît que ce talus, fort incliné,
fort accidenté, doit être considéré comme une paroi rocheuse à
terrasses locales irrégulières, tantôt partiellement recouverte par les
éboulis des galets- de la rive qui y forment un talus à déclivité régulière,
tantôt à nu sous une couche, peut-être très faible, d’alluvions lacustres.
Les cônes d’alluvion des torrents font saillie sur cette côte
par des talus réguliers qui descendent jusqu’au plafond du lac.
Si l’on veut avoir l’image de cette côte immergée, que l’on considère
la côte émergée qui la domine; les flancs de Lavaux donneront
une excellente idée de ce qui doit exister sous l’eau. Le sol sous-lacustre
doit être la continuation de la te rre ferme avec quelques différences,
entre autres :
a Les talus d’éboulement sous l’eau sont tantôt plus, tantôt moins
inclinés que ceux à l’air libre. Cela varie selon les localités.
b Le sol à l’air est plus accidenté que le sol immergé. Le premier
est soumis à l’érosion de l’eau courante qui en accentue les irrégularités
; le second est soumis à l’alluvion de l’eau stagnante qui en comble
les dépressions.
4° Dans le fond du golfe de Morges, entre Morges et la pointe de la
Venoge, -je vois un ravin assez bien dessiné qui entre dans les terres
jusqu’à la profondeur de 75“ . Il est limité à l’ouest par un saillant qui
semble au premier abord être le cône d’alluvion de la rivière la Morge;
mais cet affluent est trop faible et d’une trop petite puissance de transport
pour expliquer un cône immergé aussi accentué, et qui s’avance
aussi loin de l’embouchure (jusqu’à près de 3k“ d elà rive), n est bordé
à 1 est par la côte de Préverenges et la pointe de la Venoge ; sur cette