Si je reprends ces diverses analyses et si j ’essaie d’en tirer des faits
généraux, je n’arrive pas du premier coup à des résultats bien évidents.
Même en m’adressant seulement aux chiffres d’un même auteur,
obtenus par conséquent par la même méthode, et parfaitement comparables
entr’eux, je ne trouve pas une variation régulière des éléments
chimiques qui indique une loi bien marquée. Dans chaque série j’ai
ordonné les analyses suivant la position des échantillons sur l’axe du
lac, en commençant par le Haut-lac et en avançant du côté de Genève.
Que l’on considère la série des analyses faites à l’école des Ponts et
chaussées de Paris, la série la plus complète, il est impossible d’y voir
une croissance ou une décroissance régulière, ni pour les silicates, ni
pour la chaux, ni pour la magnésie, etc.
Cherchons cependant à grouper ces 27 analyses d’une manière intelligible,
en ne considérant que l’un des éléments, le plus important, la
valeur donnée pour la partie inattaquable par l’acide chlorhydrique, (*)
c’est-à-dire la silice et les silicates insolubles. J’en formerai quatre
groupes, suivant leur position dans le lac et j’aurai :
1 er G ro u p e . Cône d’alluvion du Rhône.
- Distance de la côte Profondeur Silicates
N° XXI suisse 3km Montreux 10 4 » 71 Jaccard.
— IV savoyarde 3.5km St-Gingolph 172m 76 Bischoff.
— V — 1km Locon 225m 75 P. et Ch. (2)
— xxn suisse 0.8km St-Saphorin
00
CM
62 Jaccard.
— VI savoyarde 2km Meillerie 281m 61 P. et Ch.
— xvn — 5km Lugrin 298™ 80 Freundler.
Moyenne. . . 69 %
2 e G ro u p e . La plaine centrale, dont le sol est formé par l’alluvion
impalpable du Rhône et de tous les affluents du Grand-lac.
N° Vin. 3 1/ikm de la côte savoyarde, Evian, 309m, 58.60 P. et Ch.
Cette teneur en silicates est remarquablement faible. Faut-il y reconnaître
le mélange, avec 1’alluvion très siliceuse du Rhône, des éléments
impalpables des affluents latéraux du lac venant du territoire secondaire
ou mollassique, de la Drance en particulier, qui charrie une allu-
(!) Je supprime les décimales.
(2) Je désigne par ces deux lettres les analyses faites au laboratoire de l’école des
Ponts et chaussées à Paris.
vion presque uniquement calcaire, comme nous l’avons vu à propos
du sable de Thonon ?
3 e G ro u p e . Alluvion lacustre provenant des talus latéraux du
Grand-lac, de la rampe ascendante du plafond, et de la barre de
Promenthoux, versant du Grand-lac.
Profond* Silicates
N° VII devant Lugrin talus savoyard 170» 69 P. et Ch.
_ I — Morges — suisse 216» 71 Risler.
_ xxin — 1 leBoiron — — 252m 63 Jaccard.
___ XVIII — la Drance plafond 237m 60 Freundler.
_ XXIV Chanivaz — 205® 55 Jaccard.
_- X — Excenevex talus savoyard 91® 59 P. et Ch.
--- XXV — Dully plafond 96m 63 Jaccard.
_ XI — Yvoire — 95® 57 P. et Ch.
_ . xn H _ dét. Promenthoux 98® 57 M Ê Êm
_ XIX m m 62 Freundler.
ni '__ __ — — 70m 49 Hochreutiner
xni _ . — 56™ 62 P. et Ch.
Moyenne. . - 61 %
J’ai laissé de côté le n° II à 35™ de profondeur devant Morges, et le
n° IX à 35® devant Amphion. C’est presque dans la région littorale, et
l’alluvion lacustre peut y être mélangée d’une notable quantité de
sables et poussières provenant de la beine et de la grève.
4e G ro u p e . Petit-lac. Je réunis ensemble les échantillons venant
des cuvettes et barres du Petit-lac; ils me donnent pour la partie
insoluble dans l’acide chlorhydrique les chiffres suivants :
Profondeur Silicates
N° XIV Fosse de Nyon 65® 55 P. et Ch.
— XXVI Barre de Messery 57m 61 Jaccard.
— XIX (bis) Fosse de Tougue 68m 57 Chavanne
— . XX. Fosse, de Chevran 64m 41 E. André.
—xxvn Fosse de Bellevue 42™ 52 Jaccard.
Il y a là une irrégularité considérable dans les résultats : le n° XXVI,
sur la barre de Messery, nous donne une teneur de silicates égale à la
moyenne des échantillons de la partie occidentale du Grand-lac ;
le n° XX, le chiffre le plus bas de l’ensemble du lac. La moyenne entre