ancienne de la Bâtie et d’Aïre, et par l’érosion progressive de ce barrage
par le courant du Rhône. Le lac ne s’est en effet jamais étendu
plus loin dans la direction du sud-ouest. A. Favre, qui a étudié cette
question fort attentivement, déclare que l’on ne trouve nulle part au-
dessous de Genève de terrasse lacustre à la cote 400-405®, que les
terrasses qui suivent les bords du Rhône, présentent la même pente
que le Rhône actuel, et sont par conséquent des terrasses fluviales.
L’ancien lac s’arrêtait au bois de la Bâtie. (>)
Ce qu’il est plus difficile de comprendre, ce sont les terrasses plus,
élevées que la terrasse de 30®, entre autres les terrasses.de Thonon. (2)
La ville de Thonon est bâtie sur une terrasse à 60® au-dessus du la c ;
au-dessus de la gare est une terrasse supérieure, de 75® plus élevée
que le niveau actuel du Léman ; leur structure est identique à celle
que nous venons de décrire pour les terrasses inférieures ; elles semblent
avoir une origine tout à fait semblable. Mais elles ne correspondent
pas à des terrasses de même altitude sur l’autre rive ; elles ne se
rapportent à aucun barrage connu à la sortie du lac. J’avoue ne pas
savoir en rendre compte, et je les recommande à l’étude de nos géologues.
Revenons à nos terrasses inférieures, à la terrasse de 30®. Nous avons
dit qu’elles sont f o r m é e s de sables etgraviers alpins, qu’elles sont p ar
conséquent d’origine postérieure à l’époque glaciaire; j’aurais dû ajoute
r qu’on ne les voit jamais recouvertes p ar le terrain glaciaire propre-1
ment dit, par la boue glaciaire et les moraines, que par'conséquent
elles ne sont pas interglaciaires comme les alluvions anciennes. Mais
ne pouvons-nous pas les localiser mieux dans ce long espace de l’histoire
géologique de notre pays qui s’étend entre l’époque glaciaire et
les jours actuels? A cette question, répond l’étude des faits paléonto-
logiques. On a trouvé des ossements dans la terrasse de trente mètres,
à savoir, à Cully (3) le renne, à Lutry et au Boiron de Morges (*) le
mammouth, à St-Prex (5) le -mammouth, le boeuf, le renne et le che(*)
A. Favre. Canton de Genève. 1 ,168.
■ (2) De même aussi les terrasses de Veveyà 43” et 56” au-dessus du lac. Favre.
Recherches. 1 ,42.
(3) Bull. S. V. S. N., YI, 460.
(*) Ibid. Y. 308.
(3) Au musée géologique de Lausanne. C’est par erreur que dans le Bull. S. V. S.N7
XII, 190, ces fossiles sont attribués à la ballastiére du Boiron ; ils proviennent, en
réalité, de la gravière de St-Prex, près de la gare du chemin de fer.
val. Ces animaux appartenaient à la faune diluvienne et non à la faune
moderne; ils étaient contemporains de la grande extension des glaciers.
Leur présence dans ces graviers indique avec netteté que le
dépôt de la terrasse de trente mètres a suivi de peu la retraite des
glaciers ; qu’elle se rapporte à l’époque quaternaire et non à l’époque
actuelle.
Donc, sitôt après la retraite du grand glacier du Rhône, le premier
lac Léman était soutenu par un barrage à la hauteur du plateau de la
Bâtie et Aïre au-dessous de Genève, et sa nappe était à un niveau relatif
de 30® plus élevé que le niveau actuel.
Quant à la terrasse moyenne, celle de 10®, nous n’y connaissons pas
de fossiles mammifères. La faune de mollusques que Morlot a recueillie
au Boiron ( ’) consistant en Limnaeus vulgaris Pfr. L. pereger. Drap.
L. palustris Müll. L. minutus Drap. Paludina impura Lam. Valvata
piscinalis Nils. PÏanorbis marginatus Müll. Cyclas... n’est pas autrement
caractéristique ; elle indique un dépôt lacustre d’époque récente;
elle est aussi riche que tout gisemqnt moderne analogue; elle prouve
donc une population assez variée du lac, et doit par conséquent se
rapporter à une époque déjà éloignée de la retraite des glaciers,
moment où la faune lacustre a commencé à se reconstituer dans notre
pays.
4° Les alluvions modernes.
Nous en avons déjà suffisamment traité dans une autre partie ; nous
y renvoyons le lecteur, pages 112 et suivantes.
Ces quatre groupes de terrains que nous avons décrits dans le présent
chapitre, appartiennent-ils bien au revêtement des murailles du
lac, ainsi que je l’ai défini? Il n’y a aucun doute que les alluvions
modernes et les terrasses d’alluvion sont des dépôts récents formés
dans le lac depuis l’établissement de celui-ci ; cela ne prête pas à discussion.
A propos du terrain glaciaire* nous avons constaté son caractère
de revêtement superficiel des murailles du lac au-dessus et au-
dessous de la nappe des eaux.
Mais pour les alluvions anciennes, la. question n’est pas aussi nette,
et elle mérite d’être considérée attentivement. Nous venons, en effet,
(i) Bull. S. Y. S. N. IY, 61,1854.