dages ont révélés n ’atteignent nulle part un mètre ou même un demi-
mètre de dénivellation. Quelle est la cause d’une égalisation aussi
complète du fond du lac?
Elle ne tient en aucune façon au relief primitif du sol avant sa submersion
par les eaux. Quelle que soit l’action que l’on veuille invoquer,
nulle part à l’air libre on ne trouve de cause capable d’uniformiser
autant la surface du terrain : le plafond d’une vallée rabotée par un
glacier laisse toujours, après la disparition de celui-ci, les accidents
des moraines ou des érosions des torrents sous-glaciaires ; la plaine
d’un désert est érodée par les eaux d’orage et diversifiée par les dunes
du vent. Seuls, les fonds de mers, de lacs ou d’étangs peuvent offrir
des faits analogues à ceux que nous venons de constater.
C’est l’alluvion qui a fait disparaître les inégalités et accidents du
sol primitif de la vallée. Le plafond du lac, dans la région de la plaine
centrale, est un produit de cette action. Mais comment l’alluvion peut-
elle être assez efficace à une aussi grande distance des embouchures
de fleuves et de torrents? Tant que l’on ne pensait qu’à l’alluvion
grossière, 'alluvion de grande puissance, mais qui se dépose seulement
à l’entrée de l’affluent dans les eaux stagnantes, ou à l’alluvion lacustre
qui se dissémine plus loin, mais dont la quantité est si faible, que
pour la supposer capable d’effacer tous les accidents du sol, on était
obligé de lui attribuer une durée d’activité indéfiniment longue, l’on
était fort embarrassé. Mais depuis que nous connaissons les allures de
l’alluvion fluviatile impalpable, qui descend en masse avec les eaux du
fleuve dans les grands fonds pour aller se déposer dans les'points les
plus déclives du plafond du lac, l’explication est toute simple. L’eau
du Rhône d’été, chargée de 1 à 2«r de limon par mètre cube, l’eau des
affluents gonflés par les crues, plongent dans les grands fonds du lac
et opèrent la décantation de leur alluvion impalpable presque uniquement
sur le plafond de la cuvette. La quantité de limon qui s’accumule
est d’autant plus forte qu’une dépression augmente la hauteur de la
colonne d’eau trouble; le dépôt est par conséquent plus abondant
dans les creux que sur les parties saillantes. Il en résulte que les creux
sont comblés et que le sol s’égalise de plus en plus.
Quand nous arriverons au chapitre des courants du lac, nous verrons
comment les mouvements 'd’oscillation des,seiches aident encore
à cette action d’égalisation.
IV. t e Rhône de fcienève, émissaire du lae.
Le Léman, comme la très grande généralité des lacs d’eau douce,
n’a qu’un seul émissaire qui coule à l’air libre; on ne lui connaît pas
d’émissaires souterrains. Le Rhône de Genève emmène les eaux du
lac à travers la cluse du Vuache, dans la plaine de France, et de là
dans la mer Méditerranée.
Il y a dans l’histoire ancienne et moderne de l’émissaire une foule
de faits qui intéressent directement ou indirectement le régime du lac ;
je ne puis avoir la prétention de les décrire tous en détail, mais
comme il y est souvent fait allusion dans nombre de dissertations
touchant au lac, et en particulier dans celles qu’a provoquées le procès
du Léman, je dois résumer d a mon mieux les principaux de ces
faits, renvoyant aux mémoires spéciaux pour les descriptions plus
circonstanciées.
1° Situation générale. Données géographiques.
Le Rhône sort du lac en traversant la rade et le port de Genève, il
se divise en deux bras autour des îles, se réunit au-dessous d’elles en
un lit unique, il reçoit un affluent important, l’Arve, il traverse 1 extrémité
sud-occidentale de la plaine suisse, passe p ar la cluse du Vuache,
et devient au-delà de Seyssel un fleuve de plaine jusqu’à son embouchure
dans la mer. Reprenons ces divers points ; la figure 37 illustrera
la description de la traversée de Genève.
A. A mesure qu’il aboutit à Genève, le lac se rétrécit graduellement.
Il mesure en largeur :
à 4km de l’île des Rarqües 3000m.
3 Y » 2500
2 ■ » 1750
1 » » 750
En même temps, sa profondeur diminue. La profondeur du lac est
de 45“ devant Rellerive, à 6km de Genève; le fond se relève assez lentement,
suivant une pente de ll°% o jusqu’à une barre transversale,