L’érosion a lieu par action chimique et par action mécanique; L’érosion
chimique est peu efficace dans la plupart des cas; dans le
Léman elle est très faible, et se réduit à une très lente dissolution des
roches calcaires et magnésiennes ; nous pouvons la négliger pour le
moment.
Les actions érosives d’ordre physique et mécanique sont, en revanche,
beaucoup plus énergiques. Nous pouvons citer entr’autres
a L’imbibition qui modifie notablement la consistance de certaines
roches ; les argiles et marnes en particulier, deviennent plus molles,
presque fluentes, quand elles sont mouillées.
b Les alternatives d’humidité et de sécheresse sur le rivage, peu
au-dessus de la nappe des eaux, amènent rapidement une désagrégation
de Certaines espèces de roches. Tantôt mouillées par les vagues
ou par la pluie, tantôt desséchées à l’air, tantôt envahies par les hautes
eaux, tantôt à sec p ar les basses eaux, les roches du rivage se fissurent,
se erevassent, se décomposent en fragments qui se dégagent progressivement
de leur adhérence avec les fragments voisins. Quand les alternatives
de gel et de dégel viennent y ajouter leur action énergique de
désagrégation, les matériaux rocheux sont bientôt exfoliés et démolis.
c Le mouvement mécanique des vagues aide à la disjonction des
fragments ainsi dissociés ; le choc de la vague ébranle les parties déjà
séparées par des fissures, les disloque, les enlève. Cette action a lieu
aussi bien sous l’eau que sur l’eau, aussi bien sur les matériaux meubles,
comme les sables et les galets, que sur les roches dissociées en
fragments par d’autrès agents ; elle est limitée à la région où les vagues
sont actives, c’est-à-dire" sous l’eau jusqu’à quelques mètres de profondeur,
au-dessus de l’eau dans les parties du rivage que les vagues
peuvent battre.
d Outre l’ébranlement et la désagrégation par poussée mécanique,
il y a encore l’action causée par le frottement du sable en suspension
dans l’eau, quand celle-ci est agitée par les vagues et les courants.
Cette action n’est pas très\ puissante sur les roches en place, car pour
la mettre en jeu, il faut une combinaison assez peu fréquente de conditions
favorables. Il faut, pour que cette action soit efficace, que la
roche ne soit pas revêtue d’une couche protectrice trop épaisse de
sables ou de graviers ; il faut, d’âütre part, qu’il y ait cependant dans
le voisinage immédiat, une provision suffisante de sable qui, mis en
suspension par le jeu des vagues, puisse user et limer la pierre ; il faut
enfin que la roche à attaquer soit exposée au choc direct des vagues,
qu’elle ne soit ni trop au-dessus ni trop au-dessous de la surface de
l’eau, pour que les mouvements du lac puissent y déployer leur effet
maximal. L’action de l’érosion est donc localisée en certains points
assez,restreints. En revanche, elle est fort efficace sur les galets et les
sables dont les grains, roulés par les vagues, frottent les uns sur les
autres, s’usent, s’émoussent et s’arrondissent. L’ensemble de ces
actions que nous réunissons sous le nom général d’actions d’érosion,
attaquent la rive et les murailles rocheuses du littoral, et tendent à les
détruire en augmentant le domaine du lac aux dépens, de la terre
ferme.
3. Du sol d'érosion.
Là où l’érosion est dominante,, elle empêche le dépôt des alluviôris ;
elle met à nu les murailles du lac, et môme les attaque; dans ces
régions, le sol du lac mérite le nom de sol d’érosion. Je le' constate
sous des formes diverses :
I o Dans les parois verticales des rochers qui constituent en certaines
places le talus du lac, à quelque profondeur qu’on les rencontre.
Ces parois peuvent être des calcaires (Chillón, le Fénalet), des poudin-
gues (Lavaux) ou des mollasses. L’inclinaison de la paroi de rochers
est telle que l’alluvion du lac ne peut y adhérer, et le roc restant à nu
au contact de l’eau, subit très lentement une action de dissolution chimique.
Pour les parois de rochers qui s’approchent de la surface de
l’eau, l’action mécanique des vagues intervenant, l’érosion est sensiblement
plus énergique.
2° Dans les côtes soumises à l’érosion, il se forme par l’action du lac
une falaise qui domine la grève ; cette falaise est creusée dans les couches
géologiques anciennes qui sont ainsi successivement attaquées.
En même temps la grève est travaillée par l’action mécanique des
vagues et par l’action chimique de l’eau, de manière à ce que, s’émiettant
en particules de plus en plus fines, elle est petit à petit entraînée
dans le domaine du lac. La côte, dans ces régions, se creuse toujours
plus, et la beine envahit toujours davantage le domaine de la terre
ferme (beine d’érosion).
La côte, ainsi érodée, peut présenter sur notre lac les natures suivantes
: