crues violentes par la fonte des neiges basses ; en été, maximum prolongé
de hauteur du fleuve ; en automne, crues passagères en cas de
grandes pluies chaudes.
Je donnerai deux exemples du débit du fleuve. M. l’ingénieur
A. Bürkli-Ziegler, de Zurich, m’a communiqué des tracés graphiques
permettant de trouver le débit en fonction de la hauteur des eaux,
mesurée au pont de Ghessel (Porte du Scex) observations de 1879-84,
et au pont de Collombey, observations de 1874-77. J’en ai profité pour
calculer le débit du fleuve dans les années 1879 et 1886. J’en donne ici
les valeurs mensuelles en mètres cubes à la seconde, moyenne entré
les deux chiffres obtenus dans les douze séries d’observation. (l)
Débit du Rhône.
1879 1836
janvier sec 47m8 sec
février 60 42
mars 62 57
avril 77 . '79
mai 110 132
juin 442 199
juillet 466 362
août 533 282
septembre 337 '227
octobre 123 123
novembre 78 1 84
décembre 56 1 48
La justesse suffisante des calculs est prouvée par la concordance à
peu près exacte des moyennes annuelles des deux séries de valeurs.
C’est ainsi que pour l’année 1879 les calculs faits d’après les observations
du pont de Colombey ont donné pour valeur moyenne 200m3 sec
d’après celles de la Porte de Scex 19Ûm3 s?-c. Ces chiffres se résument
en un débit moyen de 195m3 sec pour 1879, année de grandes eaux, (-)
(*) Cf. F.-A. Forel. Le ravin sous-lacustre du Rhône. Bull. S. V. S. N., XXIII
85 sq. Lausanne 1887.
(2) Que les eaux de 1879 aient été extraordinairement fortes, cela est prouvé par
la hauteur extraordinaire des eaux du Léman, qui a été pendant cette année
pour la moyenne annuelle 426mm au-dessus de la normale
» le maximum 504 » » » »
» » minimum 498 » » / »
F.-A. Forel. Contrib. à la limnimétrie du Léman.‘V“® série Bull. S. V. S. N. XVII,
tableau xxi, p. 311.1881.
de I42m3-sec pour 1886, année à peu près normale. Comme moyenne
probable, j’admettrai 150m3 sec.
150m3sep comme valeur moyenne de débit du Rhône valaisan me
paraît un chiffre assez plausible. En effet, si nous le multiplions par le
nombre de secondes de l’année, nous arrivons à un débit total annuel
de 4730 millions “ 3 qui, divisé par la superficie du bassin 5383km2,
donne une hauteur d’eau de 878®“ , étendue à la surface du bassin
d’alimehtation du Rhône.
Comparons ce chiffre à celui que nous donne la chute de pluie annuelle
sur le bassin de réception du fleuve. Si nous planimétrons la
partie de notre carte des pluies (pl. RI, p. 304) qui appartient à ce bassin,
nous trouvons, toutes réserves faites sur l’incertitude de la carte,
une valeur moyenne pour la hauteur d’eau annuelle de 801mm. Cette
valeur est plus petite que celle que nous obtenons par le calcul du
débit du Rhône 878mm. Comment expliquer cette différence? Cette
différence est d’autant plus frappante que, de la chute d’eau annuelle,
nous aurions à soustraire la quantité certainement considérable enlevée
par l’évaporation et qui ne revient pas au Rhône. Mais si, en
revanche, nous faisons intervenir la quantité d’eau (r) déposée par
condensation directe sur les corps froids et spécialement sur les
neiges et les glaces, nous aurons l’explication de l’anomalie apparente.
La condensation directe, qui n’apparaît pas sous forme de pluie, qui
échappe par Conséquent au pluviomètre, est plus forte que l’évaporation
dans un pays si riche en glaciers que le Valais. La somme algébrique
de la chute d’eau annuelle, de la condensation directe et de l’évaporation,
peut donc, sans que nous ayons à trop forcer les chiffres,
nous amener à des valeurs qui correspondraient assez bien à un débit
du Rhône de 150m3 sec.
Le débit du Rhône, à son entrée dans le lac, est évalué par M. R. Lau-
terburg (”2) aux chiffres suivants :
(9 La condensation de la vapeur d’eau sur une surface glacée peut donner des
quantités d’eau assez importantes, ainsi que nous l’avons montré, M. Ch. Dufour
et moi-même par nos expériences de 1870 sur le glacier du Rhône (Bull. S. V. S. N.
X, 621,1870.) Nous sommes arrivés, dans les conditions les plus favorables, à des
valeurs de 0.15mm pour l’épaisseur d’eau déposée par heure à la surface du glacier.
Si le même dépôt s’effectuait sur l ’ensemble des 1000 k“2 des glaciers du bassin du
Rhône, cela représenterait une quantité de 150 000">3 d’eau par heure, soit un débit
’ de 42“ 3 »«.
i2) R. Lauterburg. Versuch zur Ausstellung einer Uebersicht der schw. Strom-
abflussmengen p. 65. Bern 1876,