a enlevée dans le cours des siècles, mais encore que les roches en
place ont été portées primitivement à une altitude plus élevée. Tel
gisement qui actuellement est à la cote 1000m était alors à 1500, à
2000m au-dessus de la mer.
Ces Alpes ainsi surexhaussées étaient, comme les Alpes actuelles,
ravinées par les eaux courantes : torrents et fleuves y creusaient des
vallées comme toujours et partout. Mais la pente étant plus forte, l’érosion
pouvait descendre plus bas,' et les vallées être creusées plus profondes.
Supposons que par un soulèvement actuel le Valais se relevât
aujourd’hui de 500“ , le Rhône gardant son embouchure intacte dans
le lac Léman non modifié. Qu’arriverait-il ? La vallée du Rhône ne ta rderait
pas à s approfondir et, dans quelques siècles, le fleuve s ’y serait
creusé un ravin de quèlques cents mètres en contre-bas de la plaine où
ses eaux circulent aujourd’hui. Le plafond de cette vallée de nouvelle
formation finirait par descendre à l’altitude de la vallée actuelle du
Rhône, car 1 érosion ne s’arrêterait que lorsque la pente aurait atteint
cette valeur de 1 à 2 °%„ qui semble être la pente limite de l’écoulement
du fleuve. Mais tandis que son altitude absolue ne serait pas différente
des conditions actuelles, son altitude relative serait tout autre ;
le plafond de la nouvelle plaine du Rhône serait de 500“ en contre-bas
de la plaine actuelle ; les restes de celle-ci apparaîtraient comme des
terrasses à 500“ de hauteur sur les talus de la nouvelle vallée d’érosion.
De même un surexhaussement général de la région des Alpes aux
époques post-miocènes a dû amener un creusement de profondes vallées
descendant à un niveau relatif inférieur à celui des vallées actuelles.
Le plafond de ces vallées hypothétiques doit être noyé sous l’alluvion
des vallées modernes.
Vallées d’érosion, des vallées avaient une pente continue jusqu’à la
mei, sans contrepente, sans bassins de lacs. Du fond de ces vallées
nous ne retrouvons actuellement que quelques points ; tout le reste
est masqué par les couches impénétrables des alluvions ultérieures.
Les points qui peuvent nous servir de jalons sont les seuils rocheux et
le fond des lacs ; je prendrai mes exemples dans la vallée du Rhône.
Les seuils rocheux apparaissant aujourd’hui dans le ht du fleuve sont
des î epères précieux. La roche en place nous indique qu’en ce point
l’érosion n’est jamais descendue plus bas. Ce sont des valeurs maximales,
qui n ont jamais été dépassées par le creusement de la vallée.
Il est évident qu’une certaine épaisseur de ces bancs d é ro ch é ,
sur lesquels le fleuve cascade, a ' été enlevée par l’érosion aqueuse
depuis les époques où la vallée primitive a été excavée ; mais il est
certain que jamais le cours du fleuve n’a été plus bas (altitude relative)
que ces assises rocheuses. De seuil de ce genre, le premier que nous
connaissons sur le cours du Rhône au-dessous du lac Léman est celui
du moulin de Vernier, à l’altitude actuelle de 364“ , au-dessus du Léman
celui de la Massa.
Le fond des lacs est, dans notre hypothèse, un second témoin de l’altitude
relative de l’ancienne vallée d’érosion. Le plafond actuel n’est
évidemment pas le plafond primitif ; celui-ci a été recouvert par 1 allu-
vion moderne. Mais l’alluvion lacustre n ’a pas l’activité de dépôt de
l’alluvion fluviatile ; elle est plus disséminée e t plus dispersée. Nous
savons que le plafond primitif de la vallée d’érosion était à un niveau
relatif un peu inférieur au plafond actuel du lac ; nous avons la certitude
qu’il ne lui était pas supérieur. Le plafond du Léman sur le profil
Morges-Amphion est à la cote d’altitude de 66m. (*)
En nous maintenant dans l’hypothèse que la vallée d’érosion du
Léman aurait été creusée par le fait du surexhaussement des Alpes,
utilisons les valeurs; connues de ces témoins pour apprécier la hauteur
probable du surexhaussement au-dessus des altitudes actuelles.
Admettons que l’alluvion lacustre moderne ait relevé de 10“ le plafond
du lac ; le plafond actuel étant à la cote de 66“ , le plafond primitif
était sur la couche qui est aujourd’hui à 56“ au-dessus de la mer.
Admettons que l’érosion moderne ait abaissé de 10“ le seuil de Vernier
; il est actuellement à la cote 364“ , il était à l’époque post-miocène
à laquelle nous nous reportons, à la cote 374“ .
La distance horizontale entre les deux points considérés, profil
Morges-Amphion, et seuil de Vernier est de 50km.
A en juger par la pente actuelle du Rhône en Valais et entre Genève
et Bellegarde, il devait y avoir dans notre vallée primitive une pente
de 2 <>%<, environ. 2 °%o pour 50km donnelOO“ . P ar conséquent le plafond
de la vallée dans le profil Morges-Amphion devait être de 100“
plus élevé que le'seuil de Vernier.
Si nous supposons que l’altitude absolue du seuil de Vernier n’ait
(*) Je De fais pas intervenir ici la correction d’altitude de la Pierre du Niton,
parce que j’ai à comparer cette cote avec d’autres valeurs mesurées d après la
carte fédérale.