long du lac, étant donnée la largeur de 10cm dont je puis disposer dans
ce livre, la profondeur ne serait figurée que par une ligne de 0.4mm,
l’épaisseur d’un trait de plume. Je renonce à essayer de donner ici ce
profil en long.
Le profil en travers est plus facile à figurer, vu la moins grande
longueur de la dimension horizontale ; la fîg. 15 représente, aussi exactement
que je puis le faire dans des dimensions aussi minimes, le profil
en travers Lutry-Tour ronde, au 1 : 100000e. ( d)
(Fig. 15.) Profil Lutry-Tour ronde. 1-: 100000e. (2)
Accidents locaux. Après cette esquisse générale du bassin du lac,«
j ’ai à signaler quelques a c c id e n t s lo c a u x , apparents sur la carte
hydrographique. Je me bornerai ici à en faire la description géographique,
réservant les conclusions définitives sur la nature et l’origine
de la plupart d’entre eux aux chapitres où je traiterai de la nature
du sol et de l’origine géologique du lac Léman.
1° Les cônes d’alluvion des différents fleuves, rivières et torrents
qui se jettent dans le lac. Chaque affluent apporte son alluvion dans
le lac : les parties grossières, les galets et les sables se déposent dans
la région littorale, devant l’embouchure et sur ses côtés et tendent à.
faire progresser le delta émergé; à mesure que celui-ci avance, la
(*) Je préfère autant que possible figurer les profils à leur échelle naturelle, sans
exagérer les hauteurs verticales. Au premier abord de tels profils donnent des
effets surprenants, je dirai même choquants; nous avons tellement l’habitude
d’apprécier les hauteurs verticales eh les exagérant mentalement que, lorsque
nous les voyons représentées à l’échelle réelle,- elles nous semblent diminuées,
déprimées. Mais une fois qu’on a pris la peine de corriger cette mauvaise habitude
en figurant les verticales à leur échelle réelle, à la même échelle que les horizontales,
on arrive certainement à une meilleure et plus juste appréciation des valeurs
relatives et du relief vrai. C’est ce que l’on a pu constater sur les modèles en relief
des montagnes. Depuis que, suivant les leçons du professeur A. Heim, de Zurich,
les topographes suisses figurent dans leurs reliefs les hauteurs à la même échelle
que les longueurs, les Imfeld, les Simon ont Obtenu les effets remarquables de
représentation réelle de la nature que nous avons admirés dans les dernières- années.—
Quand je n’indiquerai pas spécialement que dans mes profils les hauteurs
ont été exagérées (comme cela a eu lieu pour mes fig. 10 et 11) il sera donc entendu
que l’éch'elle des hauteurs est la même que l’échelle des longueurs.
P) C’est par erreur que sur le cliché du côté savoyard l’on a inscrit les lettres
GdeR ; il devait y avoir T. R. (Tour-ronde.)
pente du talus augmente et finit par dépasser les limites de l’état
d’équilibre d’une masse meuble sous l’eau ; les assises supérieures
s’éboulent, alors et s’étalent sur la pente du talus, ce qui fait progresser
le cône dans les profondeurs du lac. Une autre partie, l’alluvion impalpable,
est plus ou moins longtemps en suspension dans l’eau et est
transportée plus ou moins loin avant .de se déposer au fond du lac. Il
en résulte que devant le cône d ’éboulement d’alluvion grossière du torrent,
il se forme un cône d’alluvion impalpable qui le continue en une
pente douce : celle-ci va en m ourant se confondre avec le plafond du lac.
Plus l’alluvion est grossière, plus le- cône immergé a ses talus inclinés.
De ces cônes d’alluvion fluviale, le plus important et le plus considérable
est celui du Rhône; dans la partie émergée le delta du fleuve
a formé la plaine du Rhône et continue à progresser en raccourcissant
le lac dans sa longueur ; dans le lac il forme un talus d’éboulis qui
descend en pente rapide devant l’embouchure du fleuve, puis il se
continue au loin par les dépôts de son alluvion impalpable tout le long
de la rampe descendante du plafond, et jusque dans la plaine centrale.
Je développerai ce point plus loin, et je prouverai que l’étendue
de ce cône d’alluvion peut se suivre jusqu’à 25km de distance dans le
lac, que tout le plafond du Haut-lac, y compris la plaine centrale, est
formé par cé cône. Je n’ai pas à revenir ici sur la pente générale de ce
cône d’alluvion et sur les modifications locales qu’elle présente; je les
ai suffisamment décrites quand j ’ai parlé du plafond du lac, page 53;
je les représente ici (fig. 16), par une coupe du delta immergé^ jusqu’à
4km du rivage.
III! f.A* Jü* ,4 ¿6.
(Fig. 16.) Cône d’alluvion sous-lacustre du Rhône. ï : 50 000e.
Les cônes d’alluvion des autres rivières sont apparents sur la carte
géographique par le delta émergé qui fait saillie sur les rives; sur la
carte hydrographique par leur cône d’éboulis qui fait saillie sur les
talus du lac. Les lignes isobathes s ’incurvent devant ces cônes en
formant une concavité extérieure qui interrompt leur courbe générale
convexe de lignes enveloppantes. Le talus d’éboulement de ces cônes
a une pente qui s’élève à 0.40 et même à 0.47 soit 25° d’inclinaison,
ce dernier chiffre étant mesuré sur le cône de la Veveyse, devant
l’embouchure du torrent.