qui le contient, est celle d’un croissant irrégulier, à cornes inégales ; la
branche orientale est plus large et terminée en courbe plus arrondie
que la branche occidentale qui va s’effilant et se rétrécissant en pointe
vers Genève. La concavité du croissant regarde le sud.
L’axe du lac forme à peu près un arc de cercle de 35 V2km rayon
et de 120° d’ouverture dont le centre serait à 5km du sud du Roc
d’Enfer en Savoie.
La rive nord se rapproche sensiblement d’un arc de cercle de 3 2 1 /2km
de rayon et de 145» d’ouverture, dont le centre serait situé à l k">au
N.-E. de 1 ancienne Abbaye, vallée de Bellevaux. La rive sud est
irrégulière et se prête difficilement à une description générale. De
Villeneuve au fond du golfe de Coudrée elle est à peu près droite,
légèrement concave, cette ligne étant interrompue entre Amphion et
Thonon par le delta de la Dranse qui fait une saillie mousse de deux
kilomètres environ. A partir de l’embouchure du Vion, au fond du
golfe de Coudrée, la rive sud se relève au nord pour former la pointe
d’Yvoire ; puis s’inclinant rapidement au sud-ouest, elle devient à peu
près parallèle à la rive nord dont elle se rapproche insensiblement et
qu’elle va rejoindre à Genève.
Le centre d e figure du lac, c’est-à-dire le point par lequel une droite
méridienne ou parallèle divise la superficie du lac en deux moitiés
égales, est situé sur la ligne Préverenges-embouchure de la Dranse, à
2 3/ d m de la rive savoyarde.
Le Léman est peu découpé; ses riv e s .ne forment point de presqu’île
; les saillies de la côte sont peu proéminentes et ne se terminent
nulle part en caps aigus. Ses golfes avancent peu dans les terres ;
aucun d’eux n’a le caractère d’un fiord.
Le Léman ne possède aucune île naturelle. Ses seules îles sont de
création artificielle sur des hauts-fonds, si l’on peut donner le nom d’île
à l’îlo t d e P e ilz près de Villeneuve, à la R o c h e a u x M o u e tte s
près de Clarens, à l’î le d e - la H a rp e devant Rolle.
En fait de récifs de roche en place je n’ai à citer que l e s R o c h e s d e
S a la g n o n , deux récifs rocheux émergeant aux eaux moyennes à 75
et à 100m du rivage, devant Burier, près Clarens.
Tous les autres récifs, comme entr’autres ceux de la pointe d’Yvoire
et de la pointe de la Venoge, sont des blocs erratiques amenés par les
glaciers.
V. Division.
Le Léman au point de vue géographique forme un seul lac continu
et sans séparation; mais il est parfois divisé par l’usage des riverains
en deux parties, différentes par leur la rg e u r, leur profondeur, la masse
de leurs eaux, les caractères généraux de leurs rives et peut-être
aussi par leur origine. Le détroit peu apparent de 3.4km qui s’étend
entre la pointe de Promenthoux sur la côte nord, et la pointe de
Nernier en Savoie, sépare le G r a n d - la c et le P e t i t - l a c .
Le G ra n d -la c s’étend depuis l’origine du lac vers la plaine du
Rhône jusqu’au détroit de Promenthoux, ou à la b a r r e de Promenthoux.
(') C’est un beau bassin très régulier dans sa structure et son
relief,'à axe légèrement recourbé suivant un arc regardant vers le
sud : sa largeur assez uniforme varie de 8 à 14km.
Le P e tit- la c , désigné aussi quelquefois sous le nom de la c d e
G en èv e, du détroit de Promenthoux à l’émissaire du lac, est étroit et
progressivement resserré. Sa largeur, qui est encore de 4km devant
Nÿon, descend à quelques centaines de mètres près de Genève.
Les riverains appellent H a u t- la c la partie orientale du Grand-
lac, au-delà de la ligne Ouchy-Evian. L’extrémité du lac au-delà de
Vevey est parfois désignée sous l’appellation impropre de fo n d d u
lac. (2) Le vaste golfe qui sépare la pointe de la Dranse de celle
d’Yvoire porte le nom de la G r a n d e C o n c h e .
VI. Dimensions.
Longueur. — Une ligne droite étendue à vol d’oiseau entre les deux
extrémités du lac, de Chillon à Genève, mesure 63.4km. Mais cette ligne
(î) L’on désigne souvent ce détroit sous le nom de détroit d’Yvoire, en raison de
la saillie que faitsur le Petit-laclapointe d’Yvoire, vue de Thonon oudeLausanne.
J’ai moi-même, à tort, placé la séparation entre les deux parties du lac à ce que
j’appelais le détroit d’Yvoire ou la barre d’Yvoire. La carte hydrographique levée en
1888-89 a montré que la barre est en réalité située sur la ligne qui joint la pointe
de Nernier à la pointe de Promenthoux. Pour éviter cette confusion j’adopte pour
ce détroit et cette barre le nom dé Promenthoux qui ne peut prêter à aucune indécision.
(2) Ce même terme est souvent employé pour désigner la partie la plus reculée
d’autres lacs, ainsi par exemple pour le lac Supérieur de l’Amérique du nord.