la plaine suisse (ou plateau suisse, suivant les intérêts géographiques
enjeu), (*) formée d’assises miocènes, à peu près horizontales dans
leur centie, légèrement relevées sur les flancs du Jura, plus fortement
travaillées par une série de plis anticlinaux et de failles du côté des
Alpes. Le lac Léman est creusé dans la partie externe des Préalpes e t
au milieu de la plaine miocène.
Les Préalpes sont coupées perpendiculairement à leurs chaînes par
une large et profonde vallée, la c lu s e d u B a s -V a la is qui, commençant
à Martigny, passe à St-Maurice, se continue dans la plaine du
Rhône, et le Haut-la c Léman. Des deux côtés de cette cluse, les
chaînes des Préalpes montrent sensiblement la même structure, et il
est facile d’y reconnaître la continuation des mêmes plis. Ces plis sont
nombreux et compliqués, difficiles à débrouiller.’La carte géologique
suisse, feuille XVH de l’Atlas au 100 000e, en a fait une étude intéressante,
et les auteurs du texte explicatif, MM. E. Renevier, E. Favre, et
H. Schardt, sont arrivés à démêler d’une manière très satisfaisante
cette structure si complexe. (2)
Sans entrer trop avant dans l’étude géologique de cette contrée,,
je me bornerai à ce qui est nécessaire à la théorie du lac, et je constaterai
:
a Qu’une coupe transversale aux chaînes des Préalpes montre une
série nombreuse de plis avec alternance de voûtes anticlinales et de
plafonds synclinaux.
b Que ces plis ont leurs arêtes parallèles à la grande chaîne des
Alpes Pennines, à la vallée longitudinale du Valais ou à la chaîne des
Alpes bernoises, toutes étendues du W.-S.-W au E.-N.-E.
c Que la vallée du Rhône, de Martigny au Léman, y compris une
notable partie du lac, tout le Haut-lac, est une cluse.
Pour la démonstration du premier point, à savoir que la formation
des Préalpes est une série de plis à convexité alternative, j’analyserai
la figure 5 de la pl. XVH du texte explicatif de la feuille XVÏÏ de la
carte géologique suisse donnant la coupe générale de la paroi droite
(*) Si nous considérons la Suisse seule, la région qui s’étend entre les Alpes et le
Jura est une plaine ; si nous l’envisageons comme partie du continent européen,
c’est un plateau.
(2) Matériaux pour la carte géologique suisse, XXII, I. Les Préalpes de Vaud
et du Chablais par E. Favre et H. Schardt, avec atlas. Berne 1887.74- XVI. Mono -
graphie des Hautes-Alpes vaudoises, par E. Renevier. Berne 1890.
de la vallée du bas Rhône, de Vevey à Aigle. Toute cette région est
puissamment érodée ; les sommets des voûtes se trouvent souvent au
fond des vallées ; les plafonds synclinaux représentent souvent des
sommets de montagnes; les reliefs sont tellement compliqués qu’ils
n’indiquent presque nulle part la position originale des replis.
En quittant la mollasse miocène de la baye de Clarens qui plonge
dans la direction des Alpes, on trouve à Brent et Corneaux deux bandes
de flysch (éocène) entourant une bande de néocomien et formant une
• première voûte déjetée. Cette voûte, qui est la terminaison vers le sud
de la chaîne du Niremont, oblique en s’approchant du lac et se retrouve
à Charnex, puis à Montreux. Vient ensuite une faille dont la
lèvre sud est formée par une large synclinale qui comprend toute la
colline de Glion ; ses deux bords sont constitués par les couchesThé-
tiénnes portant dans leur milieu des assises liasiques. Le fond de la
vallée de la Veraye semble correspondre à une anticlinale laissant
percer du trias et du rhétien; en réalité, il y a entre Tovère près
Mont-Fleuri et Sonchaux une masse affaissée de lias et de dogger
(jurassique inférieur) qui butte, par des failles de part et d’autre, contre
le trias et le rhétien. Un pli synclinal suit du côté alpin de la seconde
faille ; il forme l’arête de Naye et Sonchaux et atteint le lac à Grand-
champ, entre Chillón et Villeneuve. Au bord du lac, le fond de cette
synclinale est formé de couches de jurassique inférieur; plus haut, en
Sonchaux et Naye, elle est remplie par le jurassique supérieur (malm),
le néocomien et même le crétacé supérieur. Plus loin, la vallée de la
Tinière est ouverte dans le sommet d’une voûte, légèrement déjetée
vers la plaine, pénétrant jusqu’au trias (gypse, anhydrite et dolomie).
Sa lèvre N.-W. est presque verticale, sa lèvre alpine est moins inclinée
et forme le bord d’un bassin synclinal rempli par du flysch et du néocomien
; ce dernier forme encore le bord supérieur des rochers d’Ave-
neyre et de Malatrait. Puis vient la superbe voûte des Tours d’Aï, déjetée
au N.-W., dont le flanc ouest porte le village de Corbeyrier et touche
le bord de la vallée à Vers Cort. Aiix Tours d’Aï la voûte jurassique est
presque fermée, tandis que vers la vallée du Rhône elle s’ouvre largement,
mettant à découvert son noyau liasique et triasique entre Luan
et Yvorne. Un nouveau pli synclinal succède à cette voûte, du côté
alpin ; il est comme accolé contre le flanc S.-E. de celle-ci, et rempli de
flysch qui forme le petit plateau de Leysin-Veyge. Le flanc renversé
de -la synclinale bürde du côté alpin la profonde vallée d’érosion de la