1® La lunette à eau. Même par un lac calme la vision des objets
immergés est très fatigante et très peu nette pour un observateur logé
dans une barque; le moindre mouvement de la nacelle développe des
ondes qui altèrent l’horizontalité de la nappe d’eau en réfractant les
rayons visuels ; les objets submergés subissent des déformations et des
déplacements apparents à l’oeil, et leur vacillement dérange grandement
l’observateur. Bien plus encore, si l’eau est ridée par les vaguelettes
d’une brise, ou agitée parles vagues m ortes ou vives d’un grand
vent, l’étude des faits sous-lacustres est gênée ou même rendue impossible.
Nous y obvions par l’emploi de la lu n e t t e à e a u , baquet à fond de
verre plat, qui flottant sur l’eau, permet, au travers de sa lame horizontale,
une vision parfaitement nette. Nous donnons à cet appareil deux
formes qui, suivant les circonstances, peuvent présenter quelques
avantages.
Celle dont je me sers est un bassin (fig. 1) de 50cm de diamètre, à
(Fig. 1.) Lunette à eau, modèle F.-A. Forel.
bords faiblement évasés, en feuille de zinc, de 10™ de hauteur. Le fond
est une lame de verre transparent. Je pose le baquet sur l’eau en l’attachant
au bateau par une ficelle lâche, et ma lunette me suit dans tous
les déplacements de la barque.
La lunette des Genevois (fig. 2) est un peu
plus volumineuse. C’e s t-u n double cône de
80cm de hauteur,' de 30™ de diamètre à se s
extrémités, un peu rétréci dans son milieu;
un cercle de plomb l’alourdit par le bas et le
redresse, de telle sorte que le plan de flottaison
est à peu près au milieu de la longueur.
Avec la plus grande hauteur de ses
bords, ce modèle a l’avantage de laisser moins
souvent entrer quelques gouttes d’eau qui
terniraient la face supérieure de la glace ; il
est en revanche un peu plus encombrant que
(Fig. 2.) Lunette à eau, . , ,
modèle des Genevois. IÏ19. I u ïl6 t t6 ? 6 t 9. u n c h â lïip VISU61 ÏÏIOIÏIS 6l6IlCiU*-
2° La pince. Pour ramasser au fond de l’eau les pierres, bois ou pièces
antiques, nous employons la pince de l’archéologue (fig. 3) ; c’est un
instrument en fer, bâti sur le type de l’échenilloir
du jardinier, mais dont les mors, au lieu d’être
tranchants, sont aplatis. Un ressort les tient ouverts
à l’état de repos ; une cordelette, passée
dans un anneau vissé au manche, permet de
serrer les mors de la pince et de saisir l’objet
désiré. Un manche de bois de 3 à 5™ de longueur
suffit à porter la pince dans les plus grands
fonds où nous ayons à pratiquer des pêches lacustres,
3° La ligne de sonde est l’instrument indispen-
Pince ie l’aichéoiogue. sable au naturaliste ; elle lui sert à mesurer la
profondeur de l’eau, à apprécier la nature du sol, à descendre dans
les lacs le thermomètre ou les appareils photométriques, à manoeuvrer
les dragues et filets qui recueillent les échantillons d’eau
ou de vase, qui capturent sur le sol les animaux ou les plantes, qui
pèchent les organismes à la surface ou entre deux eaux. Son usage
est journalier pour qui veut scruter les mystères des régions profon-
'des du lac.
Pour quelques études spéciales la ligne de sonde doit être faite en
fil d’acier (voir plus loin les sondages bathymétriques) ; mais une telle
ligne a bien des inconvénients ; elle doit être toujours tendue, à peine
de voir se former des boucles qui, à la première traction, amèneront
la rupture du fil ; elle demande une attention toute particulière et de
grandes précautions dans son maniement et dans son entretien ; elle
doit toujours être graissée pour éviter la rouille. Pendant quelques
années, j ’ai employé, concurremment à des lignes en corde de chanvre,
un fil de laiton d’un millimètre de diamètre, qui a l’avantage sur le fil
d’acier de ne pas s’oxyder, mais qui est un peu moins tenace. J’ai
reconnu que le fil métallique n’ayant que des frottements très faibles
dans l’eau permet une plus grande délicatesse dans l’appréciation de
la nature du sol, et a de grands avantages pour certaines opérations
de dragage. Mais sa plus grande fragilité, et les précautions minutieuses
qu’il nécessite pour éviter la formation des boucles, m’ont décidé à y
renoncer pour l’usage habituel des pêches, dragages, etc., e t je me