L’établissement du point se fait par deux méthodes différentes, suivant
la distance à la rive.
Pour les faibles distances, inférieures à 1400™ (à 1500™ par un bon
éclairage) la position du bateau est déterminée par l’ingénieur à la
côte à l’aide d’une visée de l’alidade à stadia. A l’appel d’un signal du
Sondeur qui arbore une flamme convenue, l’opérateur de la rive vise
la direction au moyen de l’alidade et la trace sur sa planchette ; et en
même temps il apprécie la distance p ar une lecture à la stadia des marques
équidistantes peintes sur le mât du bateau. Direction et distance
connues, il peut immédiatement reporter sur la planchette la position
de la barque. En même temps l’ingénieur à bord du Sondeur apprécie
la direction à la rive par un angle mesuré au sextant entre deux points
trigonométriques de la te rre ferme ; comme il suif sur sa carte la position
du profil où il travaille, il peut établir approximativement la position
du point sondé, quitte à la vérifier plus tard sur la planchette de
l’opérateur à la côte.
Pour les distances supérieures à 1400™, la mesure à la stadia est
trop insuffisante. L’ingénieur à te rre se borne à marquer sur la planchette
la direction exacte du bateau au moment du sondage ; la distance
et la position définitives du point sont déterminées à bord du
Sondeur par l’entrecroisement de deux -ou trois angles mesurés au
sextant sur des signaux trigonométriques connus.
Le degré d’exactitude de ces diverses opérations est plus que suffisant,
et, d’après l’estime de M. Hôrnlimann, l’incertitude dans la position
du point ne dépasse pas les erreurs inévitables qu’on peut faire
dans le dessin lui-même de la carte.
L’ingénieur qui travaille sur le bateau trace sur la cafte, immédiatement
après chaque sondage, la position, approximativè du point sondé.
En en comparant la profondeur avec celle des points voisins, il peut
juger si le sondage mérite confiance, ou bien, s’il y a des accidents
importants du sol il peut multiplier les coups de sonde pour en étudier
les détails.
Le lever d’une carte hydrographique se fait dans des conditions
tout autres que l’établissement d’une carte orographique te rrestre.
Par le fait de l’opacité absolue de l’eau sous une épaisseur de quelques
mètres, l’ingénieur hydrographe ne voit pas le sol dont il doit découvrir
les inégalités ; il agit à l’aveugle. Les ingénieurs suisses ont adopté
pour programme un réseau normal de profils équidistants, régulièrement
distribués, mais ils ont reçu pour consigne de multiplier les coups
de sonde en dehors des profils sitôt que la complication du relief l’exige.
Quant à l’établissement lui-même de la carte, il est procédé comme
suit. Une série de profils principaux distants de 500 m ètres sont tracés
normalement à la ligne générale de la côte, en travers du lac ; sur ces
profils, des points sont sondés tous les 50™ pour les faibles profondeurs,
tous les 100™ pour les profondeurs moyennes, tous les 200, les 300, les
500™ pour les grands fonds du lac. Près de la rive des profils intermédiaires
sont étendus jusqu’à la distance de mille ou quinze cents mètres
en avant. Quand une partie devient intéressante, le nombre des points
à sonder est multiplié à la discrétion de 'l’ingénieur hydrographe.
C’est ainsi que dans la plaine de grande profondeur du Léman le
nombre des coups de sonde ne dépasse guère 5 par kilomètre : tandis
que devant les bouches du Rhône j’ai compté sur la carte d’Hôrnli-
mann jusqu’à 110 coups de sonde dans un kilomètre carré.
Nous- avons dit que le nombre total des sondages qui ont servi au
lever de la carte du Léman a été de 11955, ce qui représente près de
21 points par kilomètre carré.
Les cartes hydrographiques suisses sont publiées à l’échelle du
1 : 25000e dans l’atlas Siegfried; le relief du sol est dessiné par des
courbes isohypses faisant suite à celles du terrain émergé, rapportées
au niveau de la mer. Je rappelle ici la correction de — 3.4™ qui doit
leur être apportée par suite des erreurs faites à l’origine dans l’établissement
de l’altitude absolue du repère de la Pierre de Niton, base de
l’hypsométrie suisse. Ces courbes isohypses ont une équidistance de
10™. Pour les points particulièrement intéressants des courbes intermédiaires
sont dessinées en pointillé fin ; les courbes de chaque centaine
de mètres se distinguent parce qu’elles sont dessinées en pointillé
grossier. Quelques cotes absolues sont indiquées sur les points saillants
au-dessus ou au-dessous du niveau général, quand leur relief
n’est pas suffisamment donné par les courbes.
11 est un perfectionnement dans i’établissement de ces cartes que
j ’ai proposé en 1890, (*) mais que je n’ai pas encore pu faire adopter.
Je le recommande à l’attention des hydrographes.
0) Protokolle clei Vollzuggkommission derfünf Uferstaaten fiir die Herstellung
einer Bodenseekarte, Ve Sitzung. Lindau, mai 1890. p. 10.