côte les couches mollassiques, les argiles glaciaires et l’énorme moraine
de gros blocs visibles dans le littoral montrent que nous avons
affaire à un ancien sol des murailles du lac et non à un delta d’alluvion
récente comme on pourrait le supposer à première vue, en ne consultant
que les cartes géographiques et hydrographiques. Je suis disposé
à considérer la fosse du golfe de Morges comme étant peut-être un
reste encore apparent de l’ancienne vallée de la Venoge qui passait
probablement avant l’établissement du lac actuel, entre Echandens et
Préverenges, à un niveau relatif très inférieur.
5° Dans le talus du Haut-lac su r la côte savoyarde je n’ai aucun accident
à signaler. Sauf la paroi rocheuse de Fénalet près de St-Gingolph, ce
ne sont partout que des talus d’éboulement très régulièrement inclinés.
6° Dans le talus de la partie occidentale du Grand-lac, aussi bien
sur le versant suisse que sur le versant savoyard, il y a un assez grand
nombre de petites inégalités peu saillantes qui sont apparentes par les
sinuosités des courbes isobathes ; elles ont peu d’importance et aucune
d’elles ne mérite une description spéciale (voir les feuilles 436, 436
bis et ter, 437, 437 bis et ter de l’atlas Siegfried). Il me paraît probable
que ces irrégularités des talus sont des restes des inégalités du sol
émergé, avant la formation du lac ; les talus formaient les flancs d’une
vallée ouverte à l’air libre ; ces flancs de vallée étaient ravinés par les
érosions partielles ; l’alluvion lacustre n’a pas encore comblé ces sculptures
des murailles primitives du lac.
Les deltas de rivières de cette partie du Léman, formant leur cône
d’éboulement sur un talus général très peu incbné, n ’avancent que peu
dans le lac, et l’incurvation des courbes isohypses ne se prolonge pas
comme dans le Haut-lac jusqu’au plafond du thalweg.
Sur les flancs du cône immergé de la Dranse, .il y a deux petits
ravins bien marqués, l’un à droite, l’autre à gauche de la bouche actuelle
de la Dranse. Faut-il y voir des ravins sôus-lacustres analogues
à celui du Rhône, et de même nature que lui ? Je n ’ose pas me prononcer.
Mais je ferai remarquer que la Dransé, n’étant pas aümentée
par des glaciers et des neiges éternelles, est loin d’avoir en été une
température aussi basse que le Rhône et que son eau, par conséquent
moins dense, doit moins régulièrement descendre dans les grands
fonds. (')
S Voir plus loin la théorie de la formation des ravins sous-lacustres du Rhône.
70 Dans le Petit-lac nous n’avons à signaler, outre les cuvettes et
les barres déjà décrites, qu’un seul accident, mais il est très fortement
prononcé et très évident. C’est ce qu’on appelle les H a u t s -m o n t s ,
au large de Corsier, à peu près à ‘/ s lac sur la rive gauche. C’est un
promontoire sous-ïacustre qui se détache de la pointe de Rellerive en
se dirigeant obliquement à l’axe du lac, directement vers le nord. Son
sommet, qui est sous 7.4“ d’eau, est plus élevé dp 7.8“ que l ’arête
mousse qui le relie au rivage ; il forme donc un îlot submergé. Un
talus de 24 pôùr cent de pente borde les Hauts-monts du côté du
nord; sur les autres faces ils sont moins escarpés. Cet îlot sous-
lacustre est recouvert d’un grand nombre de blocs erratiques ; près
du sommet, l’un d’eux, connu sous le nom de P i e r r e d e s H a u t s -
m o n ts , n’est recouvert que de 7.4“ d’eau. L’on avait d’abord pensé
que l’îlot était une moraine glaciaire. Mais le major Pictet qui a étudié
cette localité avec grand soin lors de l’établissement de la carte, a
constaté que le squelette de l’îlot est de mollasse. ( ’) Si le lac abaissait
son niveau de 15“ les Hauts-monts formeraient une île qui sortirait de
l’eau de 7.6” .
En résumé, le lac Léman, considéré dans le relief en creux de sa
région profonde, forme un seul bassin.
11 est divisé en deux parties : le Grand-lac et le Petit-lac.
Le Grand-lac est un bassin unique, large, profond, beaucoup plus
profond dans sa région centrale que dans ses régions terminales, lesquelles
constituent deux rampes régulières.
La rampe descendante du plafond du lac est formée par le cône
d’alluvion du Rhône.
La plaine centrale est remplie par l’alluvion impalpable du Rhône
et des autres affluents. ■
La rampe, ascendante montre le relief primitif du bassin sans- altération
notable. -
Le Petit-lac est peu large, peu profond,, de profondeur assez uniforme;,
il est-divisé dans le sens de sa longueur en une série de
cuvettes peu marquées.-
Le lac subit dans la région du Haut-lac un comblement progressif
(fl A. Fame. Description géologique du canton de Genève, II, 39. Genève, 1880.