vité régulière toutes les inégalités primitives des terrasses et accidents
du talus général du lac.
IV. Alluvion fluviatile grossière, graviers et galets apportés par les
affluents et versés dansje lac à leur embouchure; elle forme les cônes
torrentiels immergés dans le lac. Exemples : cônes de la Dranse, de la
Veveyse, etc.
Ainsi, par leur nature, par leur origine aussi bien que par le lieu de leur
dépôt, les alluvions d’un lac se divisent très naturellement en quatre
formes dont je représenterai la situation, par un schéma (fig. 29).
a a sera l’alluvion lacustre impalpable qui se dépose sur toute l’étendue
du lac.'
b l’alluvion fluviatile impalpable localisée dans la plaine centrale.
c l’alluvion lacustre grossière qui forme la beine devant les côtes
djérosion.
d l’alluvion fluviatile grossière qui forme les cônes torrentiels immerg
é s et émergés aux embouchures des affluents.
Cette classification naturelle me semble parfaitement valable. Le
relief primitif du lac ñ’est pas sensiblement altéré dans toute l’étendue
où se dépose seulement l’alluvion lacustre impalpable ; il est au contraire
méconnaissable sous les couches plus épaisses de l’alluvion
fluviatile impalpable qui sont horizontales dans la plaine centrale du
lac, et sous les couches des alluvions grossières, soit lacustres soit fluviátiles,
qui sont fortement inclinées sur les talus d’éboulement du
mont, et des cônes immergés des deltas torrentiels.
En éclairant par ces notions sur les alluvions fluvio-lacustres et lacustres
la description générale que nous avons donnée du bassin du
lac, nous en tirerons des, conclusions intéressantes.
I o Le bassin du Léman représente une profonde vallée actuellement
remplie d’eau, comblée par places par les alluvions fluviátiles grossières
et impalpables et par les alluvions lacustres grossières, mais qui, sur.de
grandes étendues, là où l’alluvion lacustre impalpable existe seule,
laisse voir le relief primitif du sol.
2v les parties où domine l’alluvion lacustre grossière sont :
a Les régions littorales des côtes d’érosion, là où existent la beine
et le mont. _
b Les talus d’éboulement sur les replats des terrasses, là où le talus
rocheux montre des inégalités de pentes (talus latéraux du Haut-lac).
3° Les parties où domine l’alluvionfluviatile grossière.sont les cônes
torrentiels immergés des divers affluents. Le plus important est le
cône du Rhône qui remplit de son alluvion to u t le plafond du Haut-
lac et se prolonge jusqu’à la plaine centrale.
4° Les parties où domine, l’alluvion fluviatile impalpable sont la
plaine centrale du Grand-lac et le fond des fosses ou cuvettes du Petit-
lac.5
° En dehors de ces parties -qui sont constituées par une couche
plus ou moins épaisse d’alluvion et où le relief originaire des murailles
du lac est absolument masqué, le reste du lac n’est revêtu que par
une couche uniforme d’.alluvion lacustre impalpable. Nous n’en connaissons
pas l’épaisseur, mais je présume qu’elle n’est pas très forte ;
car, malgré un dépôt continu depuis que le Léman est un lac, malgré
son accumulation par lès courants dans les dépressions, elle n’est pas
arrivée à recouvrir assez les inégalités primitives du sol jusqu’à les
dissimuler entièrement. Nous retrouvons les indices évidents dé ces
inégalités sur la carte du lac; je citerai comme rentrant dans cette ca-
tégorie les parties suivantes :
a Les talus latéraux du Haut-lac, entre les cônes torrentiels des affluents
; on y reconnaît des parois rocheuses avec des terrasses irrégulières,
des éperons saillants, des replats, des monticules sous-lacustres,
etc.
b Les talus latéraux de la région centrale et occidentale du Grand-
lac, avec la rampe occidentale du plafond, de même en dehors des
cônes des affluents, et en avant de la beine et du mont. On y reconnaît
une grande et large vallée, aux talus peu inclinés et quelque peu
irrégularisés, présentant dans son plafond un monticule médian, reste
probable d’une île entourée par les deux bras du fleuve qui coulait
autrefois dans cette vallée.
c Le Petit-lac dans son ensemble, à l’exception de la beine littorale,
des cônes torrentiels et du fond des cuvettes.