de rencontre des talus est à 1400”» de profondeur sous la nappe du lac.
Et cela, d’autant plus que cette vallée est par sa position géographique
une cluse ; elle est établie perpendiculairement aux plis des chaînes
parallèles des Préalpes. Or, dans ces circonstances, il ne se produit,
par les actions de poussée qui déterminent le relief des plissements,
aucune pression capable de faire bailler les lèvres d’une crevasse orientée
comme une cluse ; à supposer qu’une faille se développe dans ce
T h d S S nu
>.
(Fig. 80.) Profil du Haut-lac ; signal do Çhexfires, MeiHeriê et Thollon. 1:100 000°. •
sens, ses deux parois resteront accolées et ne s ’écarteront pas. En
tous cas, si par suite de quelque distorsion anormale elles -cessaient
d’être adjacentes, elles ne laisseraient pas entre elles un joint largement
béant de 8km de largeur, et s’ouvrant suivant un angle obtus de
165°.
Dans la partie occidentale du Grand-lac, le profil en travers exclut,
plus encore , que dans le Haut-lac, l’hypothèse d’une formation du bassin
par rupture des couches. Ici nous n’avons point affaire à un comblement
du plafond par de puissantes alluvions fluviatiles ; les talus
viennent se rejoindre sur le fond du lac suivant un angle très obtus ;
nous avons les murailles du lac presque à nu sous leur mince revêtement
d’alluvion lacustrehmpalpable. Le profil Villars-sous-Yens(V. s. V)
St-Prex, (St-P.) Amphion (A), Ghampange (Ch), à l’échelle de 1:2 0 0 0 0 0
fig. 34 n ’a aucunement les allures d’une fracture orographique du sol.
Y .s y - f s o SiB ST Sm . ________ 375mA __^ 7 0 0 m .
100m /
(Fig. SI.) Profil du Grand-lac ; Vfflaxs-sous-tens, fet-Prex, Amphion, ■
Champagne. 1: 200 000e.
Qui voudrait chercher dans un tel relief les lèvres béantes d’une vallée
anticlinale ou isoclinale ? Qui voudrait admettre que nous ayons là le
produit d’une rupture violente des couches du sol I
Il me paraît que ces profils en travers du lac, réduits à leurs dimensions
proportionnelles, sont d’une démonstration absolument décisive
contre les hypothèses orographiques.
H. L’origine du lac doit-elle être cherchée dans des faits d’excavation
par les glaciers “? J’ai exposé plus haut les raisons qui m’empêchent
d’adopter l’hypothèse glaciaire. L’observation des faits actuellement
constatables dans les glaciers ne nous a jamais montré l’excavation
du lit d’une vallée en forme de cuvette ; la théorie de l’érosion
glaciaire, telle que nous pouvons la construire en nous basant sur
les faits d’expérience, nous fait voir l’impossibilité de creusement
d’un bassin de lac.
Ce n’est pas sans une vive lutte que je suis arrivé à cette conviction ;
ce n’est pas sans regretque je me prononce contre cette hypothèse. Elle
répond si bien aux faits géographiques, elle explique si facilement là
distribution des lacs dans les régions subalpines de tous les territoires
montagneux, elle est si simple et nécessite si peu de complications
théoriques, d’hypothèses accessoires, et d’interprétations secondaires ;
elle satisfait si élégamment à l’histoire générale et locale des lacs, que
ce n’est qu’à mon corps défendant que j ’y renonce. Le jour où on me
prouverait qu’il y a des cuvettes de lacs f1} sous les glaciers alpins actuels
ou sous, l ’in la n d s is du Groenland, ce serait avec joie que j e la
reprendrais. Mais les faits à moi connus m’empêchent de l’adopter, et je
ne saurais forcer ma conviction, quelque simplification que cela dût
apporter à nos études. Il serait certes bien plus commode pour celui
qui doit tracer l’histoire ancienne du lac Léman que les choses aient
pu se passer comme le suppose l’hypothèse de l’excavation glaciaire ;
mais elles n’ont pas suivi cette marche. Nous devons donc chercher
autre chose, et mieux.
III. Les hypothèses de genèse du Léman par phénomènes orographiques
ou par excavation glaciaire étant écartées, nous n’avons plus
devant nous que l’hypothèse de l’érosion aqueuse. Yoici dans quels
termes elle se présente. Par suite de variations partielles et locales de
l’altitude de la contrée, dans une première phase le Rhône aurait creusé
sa vallée à un niveau relatif fort inférieur à son plafond actuel, et
l’aurait amenée à former un plan incliné correspondant au plafond de
P) Je dis des lacs, de véritables lacs d’excavation-, et non pas simplement quelque
petit étang dû au plissement accidentel d’une couche plus dure ou quelque marmite
dé géant creusée par la cascade d’un m o u lin du glacier.