
 
        
         
		Le troisième  facteur  est  aussi  variable  suivant la localité. L’air qui  
 a traversé  de grandes  étendues  de mers,  et  surtout  de mers  chaudes,  
 s’est  chargé d’humidité;  celui qui  a parcouru  de vastes  territoires continentaux, 
   où il  a  rencontré successivement  diverses  chaînes  de montagnes, 
   s’est  desséché  par  des  condensations  de  pluies  successives.  
 Une  station sur les  côtes  de l’océan  reçoit  des  vents  humides  venant  
 de la m e r,  des  vents  secs  venant  de  la terre. Le Léman n’est pas  en  
 contact  direct  avec  l’océan ;  il  est  à 200km  du golfe  du Lion,  à 300km  
 du  golfe  de Gênes,  à 550km  de  la Manche,, à 600km  de l’Atlantique,  à  
 950km  de la Baltique (à 3000km de la mer polaire  au  nord de la Russie,  
 à 8000km  de l’extrémité orientale de la  Sibérie).  Suivant  donc  le  quadrant  
 par  où il nous  arrive,  l’air peut venir presque  directement de  la  
 mer,  ou bien  être de l’air purement  continental,  être humide  ou  sec. 
 Tels sont les facteurs  principaux  qui  donnent  aux  divers vents généraux  
 leurs  caractères particuliers  et qui  les rendent différents pour  
 chaque  station  spéciale,  suivant  la  position  de  celle-ci dans  le  continent  
 par rapport à l’océan  et  aux montagnes. D’après cela chaque vent  
 des  divers  quadrants  devrait  avoir  ses  allures  et  ses propriétés bien  
 marquées.  Il  est  cependant  une  circonstance  qui  les  modifie  et  les  
 altère  dans une  mesure  assez  notable.  Suivant  que le même vent  est  
 causé par un  cyclone  ou  par  un  anticyclone, ou  plus  exactement  suivant  
 que,  au moment de l’observation,  c’est  le  centre  du  cyclone  ou  
 celui  de l’anticyclone  qui  est le plus  rapproché,  l’action de l’un ou  de  
 l’autre  étant prédominante,  les  caractères du vent peuvent  être  différents. 
   Si le vent  est de nature  cyclonique,  il  est depuis longtemps  engagé  
 dans le tourbillon,  il  s ’est  assez longtemps promené  à la surface  
 de la terre pour avoir acquis les propriétés de vent horizontal inférieur ;  
 s’il  est  de nature  anticyclonique,  il vient par le fait de la grande  circulation  
 aérienne  des  hauteurs  de l’atmosphère,  il  est descendu récemment  
 de la région  des  cirrus, il  s’est réchauffé  en  descendant,  mais  il  
 ne s’est pas  chargé  d’humidité,  il  est  un vent sec. De. ce fait il peut y  
 avoir  ainsi des  différences  assez notables  dans  les propriétés d’un vent  
 soufflant  dans le même  quadrant,  mais  causé une  fois p ar un  cyclone,  
 une autre fois par un  anticyclone rapproché. 
 Cela dit,  décrivons les  vents  généraux qui  soufflent  sur  le  Léman  :  
 le  s u d o i s ,  vent du  sud-ouest,  
 la  b i s e ,   vent du nord-est,  
 la  v a u d a i r e ,   vent  du  sud-est,  
 le  j o r a n ,   vent  d’ouest. 
 I.  —  Le  sudois,  v é n t   du  s u d - o u e s t ,   v e n t   du  mid i ,   v e n t   
 de   pluie ,   v e n t   de  Gen è v e   des  Vaudois,  le  v e n t   sans  autre  qualificatif, 
  le vent  par  excellence des  riverains  du  Léman,  est  le  courant  
 d’air  du  côté  dangereux  des  cyclones  et  anticyclones.  C’est  le  vent  
 général le plus  fort  et le plus fréquent des latitudes moyennes. P artout  
 où la bise n’est pas  renforcée par des  circonstances  locales, le vent du  
 sud-ouest est le plus intefise. 
 Sa fréquence  dans notre région  est  donnée  par les  chiffres  de l’Observatoire  
 de  Genève(‘)  pour  la  période  1847-75;  le tableau  suivant  
 indique  le  nombre  moyen  de  jours  où  a soufflé  un  fort  vent  sudois,  
 d’intensité 2  et plus, l’échelle  de la  force des vents  allant  de 0  à 4. 
 >  ■ 
 hiver  9.4 jours 
 Décembre 3,3 jours 
 Janvier 3.2 
 Février 2.9 
 Mars 4.5 
 Avril 4.8 
 Mai 3.9 
 Juin 3.6 
 Juillet 4.0 
 Août 3.7 
 Septembre 3.3 
 Octobre 3.9 
 Novembre 3.1 
 D’après ces chiffres, la 
 Année  44.2 
 printemps  13.2  
 été  11.3 
 automne  10.3 
 au  printemps  et  en  été,  le  moins  grande  en  automne  et  surtout  en  
 hiver  :  les  mois  qui  présentent  le  plus  de  vent  du  sud  sont  mars  et  
 avril,  celui qui  en  a le moins  est février. 
 L’intensité du vent sudois  est  en général moins  violente  dans  notre  
 vallée que  celle  du  vent  du  nord.  Cependant  lorsque  le  cyclone  est  
 très  serré,  le vent  prend  une  intensité  d’ouragan.  J’en  donnerai  des  
 exemples plus loin. 
 D’après la  configuration  du  lac  et  la  distribution  des  côtes,  le vent  
 sudois  souffle  également  sur  tout  le  lac,  à  l’exception  du  Haut-lac  à   
 l’orient  de Meillerie  et Vevey,  région  qui  est  plus  ou  moins  protégée  
 par les montagnes.  Ce  n’est que lorsque le  vent  s’infléchit vers  l’ouest  
 qu’il vient battre  cette région du Haut-lac. 
 Les  vagues  du  sudois  sont  nulles' à  Genève  ét  dans  le  golfe  de  
 Goudrée; elles  atteignent leur maximum de Morges à Vevey,  et surtout 
 (*)  E. Plantamour. Climat de Genève, II, 212.