plir le lac à pleins bords, et si en saison sèche il est inférieur en
puissance à l’évaporation, le lac a un ém i s s a i r e t em p o r a i r e .
Si le débit des affluents n ’arrive pas, même en saison humide, à
faire déborder le lac, celui-ci est un lac s a n s ém i s s a i r e .
Dans les lacs à émissaire permanent l’eau se renouvelle sans cesse ;
elle est peu chargée de sels. Ce sont des la c s d ’e a u d o u c e .
Dans les lacs sans émissaire l’eau se concentre par évaporation ; elle
se surcharge de sels. Tout lac sans émissaire est un la c d ’e a u s a lé e .
Quant aux lacs à émissaire temporaire, suivant la durée relative de
l’écoulement de l’eau par l’affluent, l’eau est douce, saumâtre ou salée.
Cette distinction est donc fondamentale, et elle doit servir de base
à la classification des lacs.
Los lacs à émissaire permanent sont par nature toujours remplis
d’eau. Ils sont eux-mêmes p e rm a n e n ts .
Quant aux lacs à émissaire temporaire et aux lacs sans émissaire,
essentiellement suivant leur profondeur, et aussi suivant le climat de
la région, ils seront ou permanents ou temporaires. Ils seront p e rm a n
e n t s quand dans la saison sèche l’évaporation n’arrivera pas à m ettre
à nu leur plafond; ils seront t em p o r a i r e s quand toute la masse de
l’eau pourra être enlevée par évaporation.
Au point de vue de leur profondeur relative on peut séparer les lacs
en trois types généraux que je définis comme suit :
Un la c , proprement dit, est un lac profond ou de grande profondeur.
Un é t a n g est un lac de faible profondeur. Ex.: lac Trasimène.
Un m a r a is est un étang assez peu profond pour qu’il soit envahi
par la végétation des plantes enracinées, dont les tiges s’élèvent dans
l’air : roseaux, typhas, etc.
Cette division n’est pas essentielle; entre ces trois types il y a toutes
les transitions possibles.
Plan de l’ouvrage. La monographie que je commence ici est consacrée
à la description et l’étude du L a c L ém a n , considéré aux
divers points de vué qui peuvent intéresser l’homme de science,, le
naturaliste, le physicien, le technicien ou le simple curieux des choses
de la nature ; je chercherai à en enchaîner les différentes parties de
manière à former, si possible, un tout. C’est un essai de synthèse des
études isolées qui, depuis des siècles déjà, ont été concentrées sur
notre beau lac par les efforts successifs des naturalistes riverains des
quatre cantons du Léman.
Je diviserai l’ouvrage en parties qui traiteront successivement :
1“ La géographie ;
2° L’hydrographie;
3« La géologie ;
4° La climatologie ;
5° L’hydrologie ;
. 6° La mécanique ;
7° La chimie ;
8° La thermique ;
9° L’optique;
10° L’acoustique;
11° La biologie ;
12° L’histoire ;
13° L’économie publique.
L’appellation que je donne à quelques-unes de ces parties demandera
à être précisée quand nous y arriverons.
Cartes géographiques. Le lecteur pourra s’orienter sur la géographie
de la région du Léman et retrouver la plupart des localités que
nous aurons à citer en consultant les deux cartes générales que nous
donnons dans le présent volume, à savoir :
a) La petite carte au 1 : 350 000e. Cette feuille de titre est un report
de la carte suisse au 1 : 250 000e. (*)
b) La carte hydrographique du lac au 1 :1 0 0 000e, dont le terrain est
un report de la carte d’état-major connue sous le nom d’atlas Dufour.
Je suis heureux de saisir cette occasion pour témoigner au bureau
topographique fédéral, et tout spécialement à son chef, M. le colonel
J.-J. Lochmann, ma reconnaissance pour l’autorisation qui m’a été accordée
de faire faire ces reports d’après les cartes fédérales, et plus
généralement pour l’appui effectif et bienveillant que j ’ai reçu pendant
tout le cours de mes études. Les naturalistes suisses savent tous avec
quel dévouement et quel désintéressement le corps du génie fédéral
vient à leur aide pour toutes les études qui touchent à la géographie
(*) Le procédé de report, en cliché de zinco-gravure, n’a pas permis de faire des
corrections; la profondeur maximale du lac, indiquée dans cette carte par 334” ,
doit être corrigée en 309”, comme nous le verrons plus loin.