chés par la gelée, J a pluie, et en général par les érosions atmosphériques.
Si partant de la plaine du Rhône, nous suivons la côte suisse, nous
traversons d abord le district (*) de Montreux, établi sur les pentes des
Préalpes vaudoises, dont le pied est baigné par le Léman; c’est la
région fortunée du pays du Léman, la plus pittoresquement découpée,
dominée par les cimes si diversifiées de Malatrait 1931®, les Rochers
de Naye, 2044“ , la dent de Jaman, 1878®, la Cape de Moine 1936™, la
mieux abritée contre les vents du nord. C’est pour notre lac ce_ qu’est
la Rivière de Gênes pour la Méditerranée occidentale. Ah ! que ce
pays devait être b eau, avant que la vigne eût remplacé, par les
rangées monotones de ses plantes taillées et échalassées, les
antiques forêts des chênes et des châtaigniers qui formaient bordure
sous la couronne sombre d es sapins, avant que les aubergistes
l’eussent semé des cubes et des parallélépipèdes rectangulaires de leurs
caravansérails envahissants, alors que les sentiers agrestes n’avaient
pas été coupés et refoulés par les routes alignées, les rues, les boulevards,
les railways et les tramways ! Malgré tout ce que l’homme a
fait pour le défigurer, il est encore charmant. Que devait-il être au
temps jadis ?
Le district de Vevey, entre Burier et les monts de Chardonne, étale
ses coteaux, ses villes et ses villages, sur les pentes mamelonnées d’un
superbe amphithéâtre de roches mollassiques ; il est traversé par la
Veveyse, rivière torrentueuse dont le vaste bassin d’alimentation
explique la puissance dévastatrice, heureusement domptée par l’art de
l’ingénieur moderne.
De Chardonne à Lausanne s’étend sur les bords du lac le riche
vignoble de La Vaux avec ses beaux villages, ses vignes suspendues
en terrasses superposées qui s’élèvent jusqu’aux forêts des Monts de
La Vaux. Ce versant, qui regarde le S. S. W., la partie la mieux ensoleillée
des rives du Léman, est constitué par l’éboulement de la tranche
du plateau molassique du Jorat. Celui-ci, dans sa généralité, ne dépasse
guère 700 à 800“ . Il est dominé par quelques sommités mousses, le
mont Pèlerin, 1077®, la Tour de Gourze, 929“ . Le bord occidental de
ce plateau est bordé par le ravin de la Venoge. Il est entamé su r le
0) Par ce terme de district, je n’entends point rappeler les divisions administratives
du canton de Vaud ; à ce point de vue il n’y a point de district de Montreux,
mais un cer c l e de ce nom.
flanc ..qui regarde le lac par les ravins de la Lutrive, de la Paudèze, du
Flon. Les flancs dé La Vaux sont fort inclinés, et ce n’est qu’en élevant
les uns sur les autres les escaliers de ses terrasses murées que le
vigneron parvient à y faire adhérer quelque peu de te rre végé ta le, et
cependant, dans les parties les plus déclives, au-dessous du signal de
Chexbres, dans le précieux vignoble du Désaley, la pente moyenne ne
dépasse-pas 67 ®/0 ; elle n’atteint pas 35° au-dessus de 1 horizontale.
De l’embouchure du Flon jusqu’à I’Aubonne s!étend le district de
Morges, territoire mollassique en pente douce, entaillé par les vallées
où se logent la Venoge, la Morge, le Boiron et l’Aubonne ; le plateau
du Gros de Vaud est ici coupé par un rebord moins saillant, il est moins
élevé et domine de moins près le lac que dans les régions de La Vaux
et de La Côte.
Le district de Rolle, qui porte le nom de La Côte, par excellence, est
remarquable par le plateau de mollasse surmonté d’alluvions anciennes
et modernes, qui s’élève à ses points culminants jusqu’à 712“
au signal de Bougy, à 830“ à Burtigny. Les éboulis de ce plateau,
coupé en pente abrupte du côté du lac, portent le fertile vignoble de
La Côte, orienté dans la direction du sud-sud-est. Ce district s’étend
de l’Aubonne à la Promenthouse.
Au sud-ouest de la Promenthouse, de Nyon jusqu’à Genève et au-
delà, le plateau de nature mollassique dans ses assises profondes, re couvert
d’un fort revêtement de "terrains glaciaires et d’alluvions, gracieusement
mamelonné en collines arrondies, se relève beaucoup
moins et ne dépasse le lac que de quelque 80 à 100 mètres. Il n ’est traversé
que par un seul ravin notable, celui de la Versoie.
Au-dessus du plateau vaudois, dans la direction du nord-ouest, à
8 ,10 et 14k® de la rive du lac, l’on voit la noire muraille monotone
et régulière du Jura, dont les sommets principaux, le Mont-Tendre, la
Dole, le Colombier, atteignent aux altitudes de 1680 à 1689®.
Revenons à la plaine du Rhône et suivons la côte de Savoie.
Du Bouveret à la Tour-ronde, côte très abrupte, très accidentée,
très pittoresque, en pleine région montagneuse. D’abord les flancs
arides du Grammont, 2175® ; puis le ravin de la Morge de St-Gingolph
qui recueille les eaux du Creux de Novel; puis la paroi presque verticale
de Meillerie, avec ses carrières inépuisables de calcaire alpin,
qui porte le plateau de Thollon, 1000® ; plus haut les rochers de Mémise,