vitesse maximale, observée dans ces quatre années, de 61 kilométrés à
l’heure, soit 17m à la seconde, le 16 novembre 1885, .entre 1 et 2 h du
jour. En cherchant à mesurer la vitesse de la bise par le déplacement
des nuages, nous sommes arrivés aux chiffres suivants :
M. Ch. Dufour, à Orbe, le 4 mars 1851: 20 m soc.
Fr. Burnier, à Morges, le 25 avril 1854 : 25"»sec.
’ F.-A. Forel, à Morges, le 27 septembre 1867 : 25.5 m sec, soit 92km à
l’heure.
Nous avons établi dans nos généralités que le vent du sud appartient
au quadrant dangereux des cyclones, le vent du nord au quadrant
maniable ; que par conséquent le premier doit être plus intense
que le second. Nous ne sommes pas à môme d’étudier la vitesse relative
des vents dans'notre région; nous manquons d’observations p ré cises
et nous devons attendre que les anémomètres enregistreurs de
Genève (’) fonctionnent à satisfaction. Il est impossible en effet de se
fier, pour ces recherches, aux appréciations des observateurs, les seules
dont nous disposons jusqu’à présent: des facteurs nombreux, la
température, l’humidité de l’air, le plus ou moins de protection de la
station contre le vent de certaines directions, la grandeur des vagues
si l’observatoire est près d’un lac, influent trop sur des évaluations
sans instruments ; il faut, pour juger ces questions de degré, l’incorruptibilité
d’un appareil mécanique.
Nous pouvons, en revanche, faire une comparaison utile entre la
fréquence relative des deux vents principaux. Le nombre des jours de
l’année où, à Genève, soufflent les vents du nord et les vents du sud
est à peu près le même ; mais leur répartition dans les diverses saisons
est différente. Si nous mettons en présence les valeurs moyennes
mensuelles des deux vents opposés, telles que nous les avons données
dans les tableaux des pages 319 et 322, on y voit immédiatement une
prévalence marquée des vents du nord pendant l’hiver, des vents du
sud pendant l’été; la séparation entre les deux régimes a lieu au commencement
d’avril et au commencement de novembre. Deux additions
justifieront ce dire, en donnant le total de l’apparition des deux vents
dans une année moyenne (avec une intensité de 2 et plus).
sudois bise
D e n o v em b r e à m a r s 17.0 jours 22.2 jours.
D’avril à octobre 27.2 » 19.8 »
(i) Genève est parmi les stations météorologiques de la vallée celle dont l’observatoire
est le mieux situé pour l ’étude des vents généraux.
VENTS
La bise est plus fréquente dans la saison froide, le vent sudois dans
la saison chaude. La cause immédiate de ces prédominances est que
les cyclones passent plus nombreux 0 en hiver sur la Méditerranée
septentrionale, en été sur la Manche 'e t-la mer du Nord; quant à la
cause première de ces différences d’allures des cyclones, je laisse à
d’autres le soin de la rechercher.
HI. — La vaudaire, vent du sud-est, connu dans la Suisse allemande
sous le nom de föhn. La vaudaire est un vent du S.-E. qui
sortant de la vallée du Rhône, souffle avec violence sur le Haut-lac;
^e vent arrive rarement au-delà de Lausanne, très rarement au-delà
de Morges.
Pendant longtemps on a attribué au föhn, et par suite à la vaudaire,
une origine lointaine, étrange; on les faisait venir d’Italie et d’Afrique.
Depuis que les cartes météorologiques permettent de suivre l’état de
la pression sur l’Europe, il est évident que le föhn est causé par des
cyclones dont le centre est situé au sud-ouest, à l’ouest ou au nord-
ouest de notre région. C’est un vent du sud qui passe par-dessus les
montagnes en obliquant vers le N.-W. (2) La coïncidence entre le vent
sudois dans la partie occidentale du Léman et la vaudaire dans la
partie orientale a été observée par tous ceux qui donnent attention
aux choses du lac ; fréquemment l’on voit entre Morges et Vevev les
lames dé la vaudaire se quadriller sur le lac avec celles du vent de
Genève.- ’
La vaudaire a pris en traversant la chaîne des Alpes les caractères
qui lui sont particuliers ; c’est un vent soufflant par bouffées, très chaud
et très sec. Il souffle par bouffées parce que, appartenant à un courant
d’air supérieur, ou plutôt relevé à une grande hauteur par la muraille
des Alpes, ce n’est qu’exceptionnellement que son souffle vient jusque
au niveau du sol. Il est un vent sec parce qu’il s’est débarrassé par
les pluies, sur les Alpes, et spécialement sur le versant itaüen, de son
(*) Je dis passage plus fréquent des cyclones, et non pas, comme on„le prétend
trop souvent, existence d’un minimum hivernal sur la Méditerranée, d’un minimum
estival sur la mer du Nord. Les minimums barométriques, que montrent les
cartes des moyennes mensuelles ou saisonnières des isobares, sont en effet une
résultante du passage individuel et répété de nombreux cyclones suivant certaines
routes; les maximums au contraire résultent ordinairement du stationnement
d’un anticyclone dans les espaces laissés libres entre les trajectoires des cyclones.
(2) Voir, au sujet de la vaudaire, la remarquable monographie du prof. Louis
Dufour ; le föhn du 23 septembre 1866 en Suisse. Bull. S. V. S. N. IX 506, Lausanne
1867 ; pour la théorie générale du föhn, les travaux de M. Hann de Vienne.