La valeur de la pente' a varié du reste dans la durée de cette période
d’une manière très manifeste. Un tableau complet des observations
limnimétriques de Vevey et Genève de 1851 à 1875 m’a permis
d’établir de combien chaque jour la pente était plus forte ou moins
forte que la moyenne calculée d’après les valeurs de 1870-75 ; j’en ai
tiré les moyennes mensuelles de ces différences et enfin les moyennes
annuelles. (*) Je me borne à donner ici ces derniers chiffres ; ils signifient,
je le répète, que la pente observée, dans l’année considérée, a
été de tant de millimètres plus forte ou moins forte que la pente normale,
calculée pour les mêmes hauteurs du lac en 1870-75.
Année. Ecart de la pente. Année. Ecart de la pente.
1851 W |s | Q5mm 1864 -P Q m m
1852 1— î 1865 -P 21
1853 -V W-»: 14 1866 4- 21
1854 — 15 1867 4- 24
1855 | | | j 49 1868 4- 5
1856 -P 49 1869 4- 9
1857 ------ 16 1870 ' 4- 3
1858 + 14 1871 • ~ r r ' 9
1859 + 34 1872 — .3
1860 . ' -p 67 1873 - p 8
1861 " 4 “ 62 1874 - , 1
1862 27 1875 4- 1
1863 - j - 26
Si l’on ne s’arrête pas aux irrégularités accidentelles de ce tableau,
causées, ou par des erreurs d’observation ou d’appareils, ou par la
prédominance de certains vents, si l’on cherche les allures générales
du phénomène, on voit très manifestement dans ces chiffres : qu’avant
1856 la pente était très faible, beaucoup plus faible qu’en 1870-75;
qu’à partir de 1856 la pente à subi une exagération extraordinaire,
qui lui a donné d’abord une valeur dépassant de beaucoup celle des
années de comparaison ; puis qu’il y a eu successivement décroissance
de cette exagération et retour aux valeurs normales. Nous.attribuons
cette exagération à l’établissement des jetées du port de Genève, et la
diminution ultérieure de l’excès de pente au creusement, p ar l’érosion,
d’un chenal profond à l’entrée du port.
(*) Limnimétrie du Léman, loc. cit. [p. 416] p. 631.
5° Un nouvel état de choses a suivi les travaux de régularisation
du régime du Léman en 1883-87. La fermeture du barrage pendant
l’hiver est plus complète et les basses eaux ont été notablement relevées
: mais le débit d’eau nécessaire au jeu des machines hydrauliques
est beaucoup plus considérable ; par conséquent la pente superficielle
de l’eàu, par le barrage fermé, doit être plus forte que dans le régime
précédent. Le port a été dragué ; l’ouverture laissée aux eaux d’été,,
par l’approfondissement et la régularisation du bras droit du Rhône
et par l’abaissement du seuil du barrage, est beaucoup plus considérable
; les gros débits de l’émissaire sont obtenus avec une hauteur
beaucoup plus faible des eaux du lac. Par conséquent les mêmes fortes
pentes de l’eau, qui étaient autrefois atteintes par un niveau du lac
plus élevé, doivent être représentées'par ce qui est actuellement le
maximum des eaux, quand toutes les vannes du barrage sont
ouvertes. Le régime de la pente de la sortie du lac est donc
notablement modifié ; il méritera d’être étudié avec attention quand
les installations des machines et turbines hydrauliques seront terminées,
et que leur jeu aura été réglé d’une manière fixe. Nous avons
encore actuellement une période de transition. J’en tirerai cependant
quelques faits intéressants.
Pour donner une idée de la pente superficielle de l’eau aux divers
mois de l’année, je prendrai les observations de 1889, et j ’indiquerai
la moyenne de la pente superficielle entre le limnographe de Sécheron
et le limnimètre du Jardin anglais ; je donnerai en même temps les
moyennes mensuelles de hauteur du lac : (f)
1889. Hauteur du lac.
Pente
de Sécheron
au
Jardin anglais. Etat du barrage.
janvier 1.575m 7mm entièrement fermé. '
février 1.396 15 id. id.
mars 1.157 39 partiellement ouvert.
avril 0.956 36 . id. id.
mai 1.369 61 largement ouvert.
juin 1.821 47 id. id. .
(fi La hauteur du lac au limnographe de Sécheron est tirée d’une note de
MM. Th. Turrettini et Ph. Plantamour, Arch. de Genève. XXIII 161. 1890; la hauteur
de l’eau dans le port, au limnimètre du Jardin anglais, est donnée dans les
cahiers mensuels des Archives de Genève.