Dans le régime bien réglé de l’avenir, le minimum aura toujours lieu
en avril.
Le régime naturel du Léman peut donc se caractériser comme suit:
Basses eaux en hiver avec minimum en février, crue pendant le printemps,
hautes eaux en été avec maxifnum en août, décrue pendant
l'automne...
Quelle est la cause de ces variations périodiques annuelles ‘?
Les manoeuvres des barrages de l’émissaire ont pour but et pour
action de lutter contre cette variation ; elles tendent à la restreindre ;
elles n’en sont donc pas la cause. Celle-ci doit se chercher uniquement
dans des faits naturels.
Les variations du débit de l’émissaire, à l’état de nature, non modifié
par les travaux de l’industrie humaine, étant en fonction directe
de la hauteur du lac, les causes essentielles de la variation annuelle
d’un lac sauvage doivent être cherchées uniquement dans les variations
des affluents. Les affluents du lac sont :
1° L’eau atmosphérique qui tombe directement dans le lac sous
forme de plüie, de neige ou de grêle.
2° L’eau qui se condense à la surface du lac quand la température
de l’eau est plus basse que la température de saturation de l’air.
3° Les rivières affluant dans le lac, à savoir le Rhône du Valais et
les rivières qui se versent directement dans le lac.
4° Les sources sous-lacustres.
De l’eau apportée par ces divers affluents nous avons à déduire
l’eau qui est enlevée par évaporation dans l’atmosphère, quand la température
du lac est plus élevée que la température de saturation de
l’air.
Les facteurs climatologiques qui agissent sur les affluents sont variables
dans la période annuelle, à savoir :
La pluie présente dans notre contrée un maximum annuel en automne,
à l’époque où le lac est déjà en forte décrue.
La condensation à la surface n’a guère lieu qu’au printemps ; elle
est de valeur minime.
Les rivières afîluentes ont un régime fort différent suivant leur origine,
et doivent être divisées en deux classes :
A Les affluents de la plaine et des montagnes basses sont à l’étiage
en hiver, pendant les grandes gelées, et en été, pendant la saison sèche
; leurs crues ont lieu au printemps, lors? de la fonte des neiges, et
en automne, lors des pluies diluviennes de l’arrière saison.
B. Le Rhône, fleuve alpin,' est alimenté essentiellement par les glaciers
et les neiges éternelles qui fondent rapidement sous l’action des
chaleurs de l’été. Nous avons étudié le régime du Rhône, qui a sa
grande crue au printemps et en été, crue qui correspond à celle du
lac.
'Quant aux sources sous-lacustres, nous n’en parlons que pour mémoire;
nous n’en connaissons avec certitude aucune qui ait une certaine
importance.
L’évaporation enlève pendant toute l’année de l’eau à la surface du lac,
sauf pendant quelques semaines du printemps. Son effet maximal a-t-il
lieu en été, alors que l’air, très chaud, a une grande puissance hygrométrique,
ou en automne et en hiver, alors que la différence de température
entre l’air et l’eau est à son maximum ? La question pourrait
se poser. Son effet est du reste de valeur minime, comme celui de la
condensation.
'Si nous comparons ces diverses périodicités des divers ordres d’affluents
avec les variations de hauteur des eaux du lac, nous voyons
que c est, en somme, le Rhône du Valais qui seul détermine la crue estivale
du Léman. C’est la fonte des neiges et des glaciers qui cause la
crue du fleuve, et celle-ci la. hausse des eaux du lac. Pendant les trois
quarts de l’année, la pluie tombe en neige sur les sommets glacés •
c est seulement pendant les mois d’été que la chaleur transforme cette
glace en • eau, et lui permet de s’écouler dans la plaine. Le lac Léman
avec sa crue estivale, est donc un lac alpin ; c’est, au point de vue de
a hauteur des eaux, ce qui le caractérise. Analysons plus en détail
le phénomène.
La variation normale du Léman montrant une crue printanière de
février en août, il s ’en suit que, dans cette moitié de l’année, le débit
des affluents est supérieur à celui de l’émissaire. La décrue automnale
d aout en février, indique que dans cette saison, c’est le débit de
l’emissaire qui est le plus fort. Si dans notre tableau de la page 495
qui donne les valeurs mensuelles de la hauteur du lac, nous faisons les
différences d’un mois à l’autre, nous aurons les allures de cette variation.