Pour la bonne utilisation d’une carte hydrographique il est important
de savoir quels sont les points sondés ; la confiance que l’on doit
accorder aux courbes isohypses dépend vde cette connaissance. En
admettant que l’attention la plus scrupuleuse ait été apportée au tracé
des courbes, il est certains cas où l’on pourrait modifier notablement
ce tracé, en satisfaisant également aux résultats des coups de sonde.
D’une autre part si les sondages ont été très multipliés sur une partie
délicate, le relief tracé par les courbes a une grande sû re té ; si les
coups de sonde sont peu nombreux, des inégalités importantes peuvent
avoir échappé à l’hydrographe. Enfin un coup de sonde donné
très près d’uiie courbe isohypse assure à la position de cette courbe
une parfaite sécurité ; si le sondage est à une plus grande distance de
la courbe, celle-ci devient plus incertaine. Suivant les circonstances,
les conclusions que le géologue ou le géographe so n t autorisés à tirer
du dessin de la carte peuvent être notablement différentes.
Or il est impossible dans la publication d’une carte d’indiquer tous
les points sondés avec leur cote d’altitude; cela chargerait trop le dessin
et cela serait trop déplaisant à l’oeil. J’ai proposé de satisfaire à la
fois aux exigences esthétiques du dessin et aux désideratas de ceux qui
ont à étudier ces cartes, en signalant chaque coup de sondage par un
simple point noir, sans inscription de cote. La cote de'ces points pourrait
se déduire par interpolation entre les courbes isohypses voisines,
et celui qui aurait à étudier les détails de la carte, saurait immédiatement
quelle confiance il doit attacher aux courbes tracées ; quitte à lui
à retrouver, sur la minute originale de la carte, la cote exacte des
points dont l’importance justifierait une pareille recherche. J’estime
ce perfectionnement nécessaire pour les cartes hydrographiques dont
le lever est fait à 1 aveugle, sans que l’ingénieur vise lui-même les détails
de fond ; l’apparence extérieure des cartes en souffrira peut-être
un peu, mais leur valeur intrinsèque en sera notablement accrue. (>)
Quelle est l’exactitude que l’on doit attribuer aux cartes hydrographiques
? Quelle e s t la confiance que l’on peut leur accorder ? Cette
(*) J’ai le plaisir d’apprendre que M. le colonel Lochmann, chef du bureau topographique
fédéral, a bien voulu suivre ce procédé pour la carte hydrographique
du Léman, en reproduction photo-lithographique au 1: 50000«. Cette carte, destinée
à l’étude scientifique et technique, satisfera à tous les désideratas que’nous
pouvons exprimer.
Question a une haute importance pour celui qui a à les utiliser et qui
doit d’après le relief dessiné sur la carte, tirer des conclusions sur la
nature des accidents qui y sont représentésMl y a lieu à ce point de
vue de distinguer trois opérations différentes, à savoir :
La tâ c h e de l ’in g é n i e u r h y d r o g r a p h e . Le degré d’exactitude
de la carte tient à la précision avec laquelle le lever a été fait. Les
erreurs possibles dans le sondage viennent :
a De la correction de l’appareil dont tous les détails doivent être
vérifiés avec soin; pn particulier le diamètre exact de la poulie d’enregistrement
de la profondeur a une importance capitale. Sous ce rapport
nous pouvons dire que les deux appareils employés pour l’établissement
de la carte du Léman, celui de M. Hôrnlimann et celui de
M. Delebecque, ont été mis simultanément en action sur la plaine centrale
du Léman par 309“ de profondeur; les différences observées
entre les résultats des deux instruments n’ont pas dépassé 0.3“ . De ce
fait l’exactitude de la carte du Léman est presque parfaite.
b Des erreurs de lecture, et des erreurs dans la position des points.
L’exactitude dépend de l’attention et de l’habileté de 1 ingénieur.
c Des erreurs de mesures dues à la dérive du bateau pendant le
sondage ; entraîné par le vent et les courants du lac, le bateau peut se
déplacer notablement entre l’instant où la profondeur est mesurée et
celui où le point est déterminé. Ou bien, par le fait de la dérive, le fil
de sonde peut n’être pas parfaitement vertical ;(‘) son inclinaison, qui
rie peut se vérifier que dans les 2 ou 3“ où l’oeil suit la ligne,
échappe à l’observation de l’opérateur. A ce point de vue il convient
d’éliminer tous les sondages faits par des jours de vent, ou de forts
courants sur le lac.
(I) Avec les anciennes lignes en corde de chanvre on de soie, dont le diamètre était
relativement fort et la surface rugueuse, les frottements sur l ’eau n étaient nulle
ment négligeables ; la sonde pouvait faire une courbe de chaînette et alors même
qu’elle était verticale aux yeux de l’opérateur dans sa partie supérieure, elle pouvait
indiquer une profondeur notablement trop forte. Cet inconvénient n est plus a
craindre avec les lignes de fil métallique, qui ont moins d’un millimètre de diamètre
et dont la surface est parfaitement polie ; une tension suffisante permet d en
assurer la rectitude absolue. Mais il reste toujours la possibilité d un écart de la
verticalité, et l’erreur de ce fait est loin d’être négligeable. Pour une longueur de
300”* une déviation de la verticalité entraîne une erreur’ en trop dans la profondeur
:
' Ecart de 1» erreur en trop de profondeur 0.05'».
5« „ 1.15“ .