Dans l’hémisphère septentrional, les cyclones ont un mouvement d e
rotation de droite à gauche pour un spectateur placé au centre du
tourbillon, ou, si l’on veut., un mouvement inverse à la marche desaiguilles
d une montre. La rotation des anticyclones, pour autant que
le mouvement giratoire est évident, est en sens inverse de celle des
cyclones. La rotation des cyclones et anticyclones de l’hémisphère
austral est inverse de ceux de l’hémisphère boréal.
Encore un fait général. Il semble que le cyclone est le phénomène
important, primaire, déterminant; l’anticyclone,,1e phénomène accessoire.
Le premier est bien limité, bien dessiné dans sa forme; les isobares
y sont nettement concentriques ; le second est rarement régulier
dans sa forme et son développement. Il semble que l’anticyclone n’est le
plus souvent que 1 espace laissé libre entre deux ou plusieurs cyclones
voisins.
Ce sont ces mouvements tourbillonnants de l’atmosphère qui dominent
et occasionnent le régime accidentel du temps ; les vents généraux
sont, dans nos contrées, . uniquement sous leur dépendance. Il
n’est pas de notre compétence de faire la théorie de ces grands phénomènes
atmosphériques ; c’est l’affaire des Hann, des Ferrel, des Be-
zold. Mais, vu leur grande importance pour la climatologie locale, tout
naturaliste est entraîné à chercher à les comprendre, et, sinon à les expliquer,
tout au moins à se rendre compte de leurs allures. Voici comment
j ’essaie de m e représenter leur développement dans l’aôrosphère
' de notre globe. ( ‘)
Admettons que, dans les couches moyennes de l’atmosphère, il
règne plus ou moins constamment un courant entraînant l’air de l'é-
quateur vers le pôle, et de l’ouest vers l’est, soit, pour notre Europe,
dans la direction du sud-ouest vers le nord-est; que dans ce courant
les veines fluides soient de vitesse inégale, décroissant de rapidité de
droite à gauche sur la même section transversale du fleuve aérien. Dans
un tel courant, par suite de la différence de vitessè des veines, il se
développera des tourbillons verticaux tournant de droite à gauche, et
ces tourbillons se déplaceront à peu près dans le même sens et avec
la même vitesse que le courant. Par le fait de la rotation, la force centrifuge
chassera l’air du centre à la périphérie du tourbillon,— appe-
§9 S- V. S. N., 15 juin 1881. Bull. XVII, p. l x i i , 1881.
lons-le un cyclone — et dans l’axe du cyclone il y aura un vide relatif
qui se traduira sur l’ensemble de l’atmosphère par une dépression de
la surface aérienne sur l’axe du cyclone,, et par un bombement de cette
surface en dehors du cyclone.
Soient, fîg. 34, A et A' deux centres de cyclones ; la surface supérieure
de l’atmosphère présenterait, pour un observateur placé dans la
lune, deux creux en M et M \ tandis que, autour des cyclones, en
N, N ’, N ”, les anticyclones montreraient un relèvement de l’enve-
(Fîg. 34.) Théorie dés cyclones et anti-cyclones.
loppe gazeuse'. L’épaisseur de l’atmosphère étant ainsi différenciée, la
pression à la surface de la terre deviendra inégale; elle sera plus faible
en a et a' sous les cyclones, plus forte en b, b \ 6” sous les anticyclones.
Mais lé vide relatif en A et A' causé par la chasse excentrique de
l’air suivant les flèches p demandera à être comblé, et pour cela l’air
affluera, non horizontalement de la périphérie où il aurait à lutter contre
la force centrifuge, mais verticalement des couches supérieures et
inférieures, dans l’axe du cyclone. L’air se dirigera en A et A ’ en suivant
les flèches m et m’. Mais, pour satisfaire à cet appel d’air, il devra
se développer des courants convergents vers le cyclone, soit dans
les couches inférieures o , soit dans les couches supérieures o’ ; ce
sera l’air accumulé entre B et B ’ qui reviendra par un cycle de circulation
locale et se dirigera de l’anticyclone vers le cyclone, après avoir
marché primitivement du cyclone vers l’anticyclone dans les couches
moyennes. Cette circulation, dont la direction est marquée sur la figure
34 p ar des flèches et des lignes ponctuées, durera aussi longtemps
que le tourbillon de l’air. Mais cette révolution, au lieu d’être simplement
de direction rayonnante autour des centres, sera entraînée en
mouvement de rotation par l’action dominante des tourbillons qui tournoient
dans les couches moyennes, et nous aurons en définitive comme
résultat :
Dans les couches moyennes de l’atmosphère, tourbillons à spires