plus forte ; les torrents glaciaires doivent alors être d’un plus grand débit
et les eaux des lacs plus élevées. Quand, au contraire, les glaciers,
mal alimentés par des névés réduits en épaisseur se sont raccourcis
et que leur front s’est retiré dans le haut des vallons alpestres, ils sont
dans une région où la chaleur est moins forte, où l’été est moins long/
quand les glaciers sont à leur minimum, le débit des torrents glaciaires
doit être réduit et de ce fait les eaux des lacs doivent être peu
hautes.
Si ce facteur était seul agissant, nous devrions donc trouver une
coïncidence entre les fortes crues estivales des lacs e t les périodes de
grand allongement général des glaciers, entre les faibles crues des lacs
et les périodes de grande retraite des glaciers. Avons-nous quelque
chose dans cette direction ? Tout en tenant compte des irrégularités
extrêmes dans les allures des glaciers, qui très rarement sont simultanément
en crue ou en décrue, je crois pouvoir caractériser comme
suit les variations glaciaires du Valais dans le siècle présent :
Vers 1818 et 1820, époque de maximum très générale; c’est la date
du plus grand maximum historique de plusieurs glaciers. Les documents
de l’époque racontent qu’alors tous les glaciers étaient ou à
leur maximum, ou tout au moins en crue.
Vers 1830 et 1840, époque de raccourcissement des glaciers, mal
indiquée, mal généralisée ; diminution de longueur peu considérable.
Vers 1850 ou 1855, époque très générale de maximum ; les glaciers
se sont moins allongés qu’en 1818, mais cependant l’état de maximum
est dans l’ensemble bien caractérisé.
De 1855 à 1875 et à nos jours, phase de décrue générale qui s’est
manifestée successivement sur tous les glaciers. L’état de minimum,
qui pour beaucoup de glaciers a été poussé à l’extrême, a été atteint
par les uns dès 1875,1880,1890 ; un grand nombre sont encore en dé-,
crue actuellement.
A partir de 1875 et 1880, quelques glaciers ont commencé à se mettre
en crue, spécialement dans le massif du Mont-Blanc, mais aucun
d’eux n’a encore, en 1891, atteint son maximum de longueur ; la moitié
au moins des glaciers du Valais sont encore en état de décrue ou
de minimum. (*)
f i Des glaciers du. bassin d’alimentation du Léman, nous connaissons comme
étant, en 1891, en phase de crue, les suivants, :
V a llé e d e F ie s c h . Glacier de Fiesch (depuis 1885).
Il n’y a rien dans ces allures de glaciers qui nous montre aucune
analogie avec celles de la limnimétrie du Léman, telle que nous l’avons
donnée numériquement et graphiquement. Les hautes eaux du lac
sont donc régies par des facteurs autres et plus puissants que ne le
sont les variations des torrents alpins provenant de la plus ou moins
grande longueur des glaciers.
VARIATIONS ACCIDENTELLES
Jusqu’à présent nous n’avons décrit dans la limnimétrie du Léman
que des m oyennes mensuelles et annuelles, qui nous ont servi à étudier
les allures générales ou normales des variations; nous n ’avons pas
indiqué les allures réelles des variations de hauteur du lac. Chaque
jour la hauteur des eaux dépend d’une foule de facteurs actuels ou antérieurs
; leur résultante produit une action de Crue ou de décrue, qui
s’exprime par la hauteur effective du lac. Ces facteurs- sont entr’au-
tres :
a La hauteur du lac trop élevée ou trop basse pour la saison. Si les
circonstances antérieures ont trop élevé le niveau du lac, le débit de
l’émissaire dépassera probablement le débit des affluents, quelque
gonflés qu’ils puissent être par les circonstances présentes, et les eaux
tendront à baisser, e t v ic e v e r s a . .
b L’accumulation des neiges dans la saison précédente, sur la ré gion
qui est actuellement au-dessous de l’isotherme zéro, si elle est
considérable et Couvre une vaste surface, tendra à enfler les affluents,
et à faire monter le lac ; et v ic e v e r s a .
c Une température élevée qui fait fondre les neiges, tend à faire
monter le'lac, e t v ic e v e r s a .
V a llé e de S a a s . Schwarzenberggl. (1890), Alialin (1881), Fee supérieur et
inférieur (1880), Hochbalm (1883), Balfrin (1883).
V a llé e de S t -N ic o la s . Hochwanggl. (1887), Gabelhorn (1883), Trift (1883)-
Schallhorn (1878), Bies (1883).
V a llé e d ’A n n iv ie r s . Moming (1886) (1).
V a llé e d ’H é r en s. Pièce (1883), Zigiorenove (1879), Aiguilles rouges (1885).
V a l de B a g n e s . Breney (1891), Gietroz (1880).
Val d ’E n tr em on t. Tseudet, Velan,Valsorey, Maisons-Blanches (avant 1891)
V a l F e r r e t. La Neuvaz (1883), Saleinaz (1889), Orny (1881).
V a llé e du T r ien t. Le Trient (1879), les Petoudes (1884), les Grands (1884),
les Fonds (1882).
Tous les autres sont ou stationnaires ou en décrue.