enlevé des toitures, emporté par milliers les tuiles et ardoises; il a
renversé des forêts entières, tellement que les forestiers ont pu évaluer
à 570 000 m3 de bois les arbres renversés par l’ouragan.
L’anémomètre de l’observatoire de Berne a enregistré les vitesses
suivantes :
février de 5 à 6 h s 0.0™ par seconde
» 6 » 7 0.8 » »
— » 7 » 8 1.5 »; ■_ >>
* ■ » 8 » 9 20.0 >>- »
— » 9 » 10 22.0 »
» 10 » 11 23.2 » »
11 » 12 22 .4 1H $
soit 83.5 km à l’heure.
La vitesse du vent, très supérieure à celle du mouvement de translation
du phénomène, prouve qu’il y a eu là un mouvement tournant,
tourbillonnant de l’atmosphère, un véritable cyclone. La violence du
vent, à en juger par les dégâts dans les forêts, a été presque égale à
celle du t o r n a d o du 19 août 1890 dans le Jura vaudois, quoique,
dans ce dernier, le diamètre moins étendu du tourbillon, 300 à 1000m
seulement, ait concentré tous les ravages mécaniques dans une zone
beaucoup plus resserrée.
L’ouragan du 20 février a suivi la plaine suisse de Bellegarde à Berne,
à Zurich, où il est arrivé à 10 h s, et au lac de Constance. Un vent de
tempête a bien été signalé à Chambéry, à Lyon, à Mâcon, dans le Jura
neuchâtelois et bernois, mais nulle part il n’a eu l’intensité qu’il a
montrée entre Genève et Fribourg. La largeur du tourbillon était-fort
grande, 10 à 15km au moins dans sa partie désastreuse. Le bord externe
de la tempête sur le lac a été Evian et Vevey ; 'dans le Valais il
soufflait une vaudaire, soit le vent du S.-E. ; de l’autre côté des Alpes
régnait le calme.
J’ai cru devoir donner cette description typique d’un ouragan-cyclone.
Quant à l’orage ordinaire, il est si banal qu’il est inutile d’en
donner un exemple.
Quelle que soit la nature essentielle de l’orage et la cause de son
développement, le phénomène est toujours caractérisé, entr’autres, p a r
un coup de vent plus ou moins violent ; c’est le point qui nous intéresse
ici.
Le vent d’orage souffle de toutes les directions ; l’orage cependant,
se développant en général sur les sommets, se dirige ordinairement de
la montagne vers le lac. Suivant la direction et la localité, le vent d’orage
porte, dans notre vallée, les noms de :
Vaudaire dans la vallée du Bhône en descendant ;
Joran venant du Jura, direction N.-W.;
Molan » de la vallée de l’Arve ;
Bornan » » » » » la Drance.
Voici d’après les résumés de MM. E. Plantamour et R. Billwiller le
nombre moyen des orages, avec phénomènes électriques, dans trois
stations de notre vallée :
Genève. Lausanne. Aigle,
1846-75 1874-86 1881-90
décembre 0.1 0.0 0.1
janvier 0.2 0.0 0.1
février 0.1 0.2 0.0
mars 0.2 0.4 0.1
avril 1.2 ' 0.9 0.2
mai 4.0 2.6 1 .8
juin 5.3 6.4 4.9
juillet 5.5 6.8 9.0
août 4.9 6.2 5:8
septembre 2.5 '2.5 2.3
octobre 0.8 0-5 1.1
novembre 0.2 0.2 . 0.1
hiver 0.4 0.2 0.2
printemps 5.4 3.9 2.1
0té 15.7 19.4 19.7
automne 3.5 3.2 3.5
année 24.9 126.7 ■ 25.5
Tableau général des vents.
Après avoir ainsi séparé dans un essai théorique les trois classes de
vents qui soufflent sur le lac, brises, vents généraux, vents d’orage,
revenons à l’observation et cherchons comment les courants d’air se
répartissent dans notre vallée, quelle est, dans les principales stations,
la direction prédominante du vent.
Pour cela, nous avons encore recours à l’obligeance infatigable de
notre ami, le savant directeur de l’Institut central de météorologie à
Zurich. M. R. Billwiller a bien voulu dépouiller les observations ané