ciens limnimètres du Léman ne peuvent être rapportées à des hauteurs
absolues que par des comparaisons directes ou indirectes souvent
compliquées et, trop souvent aussi, incertaines*
Les limnimètres employés sur le Léman appartiennent à quatre
types :
4° L'échelle graduée, règle en bois, en métal ou en marbré, graduée
autrefois en pouces^) actuellement en centimètres ou en demi-décimètres,
fixée verticalement ou obliquement à un mur ou à Un pilotis ;
la règle plonge dans l’eau, et la hauteur de l’eau est lue directement
sur l’échelle.
2° Le iimnimèlre à flotteur, situé dans un puits correspondant avec
le lac par un tube d’alimentation. Le flotteur consiste en une bouteille,
ou une sphère creuse en métal, ou mieux en un bassin de zinc, assez
large, flottant sur l’eau comme un bateau. Ce flotteur porte une tige,
guidée par des galets ou par un tube jusqu’à une fenêtre où se fait la
lecture; dans certains appareils, l’échelle est gravée sur les côtés d e là
fenêtre ; dans d’autres, elle est sur la tige du flotteur. Un index fixe
signale le numéro de l’échelle auquel correspond la hauteur actuelle
de l’eau.
3° Le l im n im è t r e e n r e g i s t r e u r ou lirnnographe. C’est un lim-
nimètre à flotteur, à la tige duquel, par un artifice convenable, on a
attaché un appareil enregistreur. C’est une variante du marégraphe de
la mer.
4° Les limnographes portatifs, appareils enregistreurs mobiles, de
petites dimensions, qui peuvent se déplacer ou se transportée
Les limnographes fixes ou portatifs ayant été construits spécialement
pour l’étude des seiches, j ’en renvoie la description à Un chapitre ultérieur.
Je me permettrai de donner ici quelques conseils pratiques
sur l’établissement des limnimètres.
I. Pour les é c h e lle s g r a d u é e s , Les hydrographes allemands ont
pris l’habitude d’en placer le zéro en haut, et ils ont ainsi une graduation
montant de haut en bas. Cet usage qui peut se justifier (et encore
?) quand il s’agit des échelles fluviométriques établies sur des rivières,
est à rejeter pour les échelles limnimétriques. Que l’on établisse
(') Les mesures employées pour les anciens limnimètres du Léman étaient :
le pouce de Berne —_0,0344”, le pied i r 12 pouces,
le pouce vaudois = 0,03”, le pied 10 pouces,
le pouce du pied de roï == 0,02707“, le pied == 12 pouces,
le zéro assez bas pour n’avoir jamais de cote négative, mais qu’on le
place au bas- de l’échelle, de telle sorte que les cotes plus élevées
indiquent une crue de l’eau, les cotes plus basses une déc rue; la
logique des faits l’exige impérieusement. Nous devons déplorer l’introduction
pour notre lac de l’usage allemand, importé par les ingénieurs
du nord de la Suisse, à l’occasion du procès du Léman, de compter
les hauteurs de l’eau en cotes négatives sous le repère de la Pierre
du Niton ; espérons que cet usage irrationnel disparaîtra prochainement
et définitivement. (*)
II. Pour les l im n im è t r e s à f lo tte u r . Je recommanderai de donner
au flotteur des dimensions suffisantes pour que la pression de l’eau
domine amplement tous les frottements de l’appareil. 20cm de diamètre
me semble une dimension convenable. Pour le flotteur, une bouteille
de verre me paraît parfaitement en place. Si l’on préfère un flotteur
en métal, qu’on le perce d’un trou à la partie supérieure, hors de
l’eau, afin que les variations de pression dues aux différentes de température
puissent s’équilibrer à l’intérieur, qu’il n ’y ait pas d’alternatives
de compression et de dilatation, et qu’il n’y ait pas entrée de
1 eau par des fissures presque inévitables du métal. Dans plusieurs des
limnimètres du Léman pour lesquels on n’avait pas tenu compte de ce
fait, on a vu le flotteur s.e remplir progressivement d’eau, et des
erreurs systématiques ont apparu dans leurs indications,
III. Pour les l im n o g r a p h e s . Tout appareil analogue au marégraphe,
c est-à-dire donnant par un procédé convenable l’enregistrement
des dénivellations subies par un flotteur, satisfait à l’étude limnimétri-
que. Nous donnerons au chapitre des seiches les détails nécessaires
pour les instruments établis sur le Léman, en vue spécialement de
1 étude des dénivellations rapides de l’eau. Pour' la simple étudè limni-
métrique, je me bornerai à deux-recommandations.
a Que le flotteur du limnogràphe soit assez large p o u r dominer
tous les frottements de l’appareil enregistreur.
b Que l’enregistrement soit .continu et non intermittent ; car les seiches
peuvent dans certaines circonstances altérer tellement le trait,
que celui-ci ne soit plus reconnaissable dans les points espacés
(I) Dans sa séance du 9 mars 1867, la Commission hydrométrique suisse a décidé
en principe que toutes les mesures de hauteur des eaux suisses, lacs et rivières,
seraient rapportés à un h o r iz o n in fé r ieu r , c'est-à-dire que le zéro doit être au
bas de l’échelle. (R. Lauterburg. Hydrom. Beobacht. der Schweiz. Bericht, Nachtrao-
p. 52. Be'rn 1867.) '