qu’approximatives. En effet, d’une part les observations ne se faisaient
qu’une fois par semaine; d’une a u tre fpart les degrés'del'échelle étant
fort espacés, les eaux restaient souvent longtemps au même numéro
(au printemps de 1741 nous trouvons pendant 5 semaines la même
cote). J’ai pris dans ces cas la date moyenne de la période pour
laquelle la cote extrêmè est indiquée.
Nous trouvons encore dans les observations de Mafitz des données
sur l’époque des manoeuvres du barrage, et c’est d’après ces notes
que j ’ai inscrit, à la note de la page 414, la date moyenne du 17 mars
pour l’époque de l’ouverture du barrage, et celle du 19 novembre
pour l’époque de la fermeture. La manoeuvre se faisait en général
quand l’eau arrivait en montant ou en descendant à la cheville n° 24
correspondant à la cote relative 0.811m : mais cette règle était loin
d’être rigide; le 8 avril 1750 on ouvrait le barrage alors que l’eau
n’était qu’à la 29e cheville (0.487m), tandis que l’année précédente on
l’avait déjà ouvert le 8 février parce que l’eau arrivait à la 22e cheville
(cote relative 0.973“ ). Même variabilité pour les conditions de la
fermeture. Ces manoeuvres semblent du reste avoir été conduites
avec intelligence, et en tenant compte juste de la hauteur du lac et de
la saison.
B. La cote des hautes eaux de 1775 nous est donnée par une note
du chevalier G. Shuckburgh (ou Shuckborough), naturaliste anglais (*)
qui l’a prise pour base de mesures hypsométriques, opérées avec le
baromètre. (2) Il a vu les hautes eaux à 21 pouces anglais au-dessous
de la pierre du Niton, la plus basse ; ce qui, transformé en valeurs de
notre échelle limnimétrique, représente :
Hauteur du lac en août 1775 ZL + 2.494“
Voici la citation de Schuckburgh : «La hauteur du lac, en août 1775,
a été mesurée et trouvée de 1 pied 9 pouces (0.533m) au-dessous du
sommet de la pierre du Niton du nord, et 3 pieds 9 pouces (1.143“ )
au-dessous du. sommet de celle du sud, et de 249 pieds 1 pouce au-
dessous de la boule de la tour sud-occidentale de l’église de St-Pierre.
Philosoph. transaçt, 1777. » -
Ces données nous amènent aux chiffres suivants : _
Sommet de la grosse pierre à Niton ZL + 3.619 — 1.143 — 2.476“
Sommet de la petite » ZL + 3.027-— 0.533 — 2.494“
(*) G.-A. Shuckbiirgh-Evelyn, physicien anglais, 1751-1804.
(2) G.-H. Dufour. Mémoires de 1848, p. 13.
II y a donc écart de 18“ “ entre les deux mesures. Nous nous tiendrons
à la cote prise sur la petite pierre à Niton, en justifiant cette
préférence par le fait que c’est sur cette pierre qu’est le repère fondamental
de l’hypsométrie suisse et de la limnimétrie du Léman.
Le lac était en hautes eaux quand Shuckburgh a pris les mesures.
Etait-ce le maximum de l’année? Nous l’ignorons.
C. Nous avons la cote des basses eaux de. 1780, elle est donnée
par le trou percé dans la grande pierre du Niton, par M. A. Pictet,
qui y fit sceller un bouton de b ro n z e .^ )
Le centre de ce trou est à ZL + 0.804“ (MM. L. Gonin et Guiguer
de Prangins, mars 1882).
D. Les observations limnimétriques dû colonel Mestrezat, dans sa
propriété du Creux de Plan, près Vevey ; une échelle de marbre noir,
graduée en pieds et pouces de Berne, avait été scellée dans le mur,
en 1779, le zéro étant établi à la cote des basses eaux de l’hiver 1778-
1779. Une inscription latine, sur une plaque de marbre, fut placée
dans le mur en 1793. On y lit :
CAL. APRIL. MDCCLXXIX. Lernanus lacus quam m a x im e depres-
sus fu it et ab hocce infimo gradu moduli in fra conspicui fit initium.
III CAL. AUG. MDCCXCII ad altitudinem usque tune ignotam
eæcrevit.
(Le zéro de ce limnimètre a été placé à la hauteur très basse qu’avaient
les eaux du lac le 1 ^ avril 1779. — Le 30 juillet 1792, le lac
atteignait une hauteur jusqu’alors inconnue, 8 pieds 10 pouces du
limnimètre.)
Cette échelle, restée intacte jusqu’en 1868 a été transportée à sa
place actuelle, dans la même propriété du Creux de Plan, avec toutes
lés précautions nécessaires pour lui conserver la même hauteur (2)
Un nivellernent^de 1880 a donné la cote absolue du zéro à ZL + 0.241 “
Les seules observations de ce limnimètre qui nous aient été conservées,
sont les maximums des hautes eaux de 1780 à 1782 et de 1792
à 1825, dont Mestrezat avait envoyé une copie à Genève. (3) Voici ces
cotes avec la traduction des pouces de Berne en cotes de l’échelle
normale du Léman, d’après l’équation que nous venons d’indiquer.
f1) V. G.-H. Dufour, Mémoire de 1837.
(2) Voir pour les détails de cette opération : F.-A. Forel. Limnimétrie, V. 15.
(s) Mémoires du général Dufour de 1844.