ou protonema. ( l) Donc la surface des pierres est dégagée dans l’eau,
et n’est pas enfouie sous un recouvrement de vase.
Quelle est l’étendue des moraines sous-lacustres d’Yvoire? Elle
semble considérable. A en croire les pêcheurs d’Yvoire, il y aurait trois
omblières dont la position leur est parfaitement connue et qu’ils retrouvent
par des alignements sur la côte. Mais lorsque M. Delebecque et
son commis M. Garcin ont, dans trois expéditions successives, été
relever la situation de ces gisements, les pêcheurs les ont conduits à
des points assez différents les uns des autres ; de telle sorte que les
trois séries de points, relevés au sextant et rapportés sur la carte, ne
se superposent pas exactement. Ils couvrent ensemble un vaste espace
trapézoïde d’un kilomètre environ de côté, le diamètre oblique étant de
1.5km. Le point le plus rapproché de la rive est à 1.0km de la côte,
à moitié chemin entre Yvoire et Rovéréaz ; le point le plus -éloigné
est à 2.75km devant Yvoire, dans la direction de Dully. 0 La détermination
plus précise des limites de ces omblières mériterait d’être
reprise, malgré lés difficultés de l’opération.
La profondeur d’eau sur les omblières est de 60™ environ ; aux
points extrêmes l’on trouve 55 et 70™.
La moraine sous-lacustre d’Yvoire est située près de la barre de
Promenthoux, mais elle n’est pas sur le col même de cette passe ; la
distance qui l’en sépare est de 3km environ, à l’est. Je préciserai cette
position : en passant du Grand-lac dans le Petit-lac,, c’est sur le talus
de gauche de la vallée, à 3km avant d’arriver au sommet du col. Sur la
passe même il n’y en a pas, que nous le sachions.
De ces faits, il résulte que, près de la barre de Promenthoux, le plafond,
ou plutôt les talus du Grand-lac présentent, sur une surface assez
étendue, l’apparition de blocs erratiques, de cailloux et de sables d’origine
alpine, non submergés p ar l’alluvion lacustre moderne ; que celle-
ci existe cependant entre les pierres et les amas de graviers, assez
pour remplir nos dragues ; que les pierres sont à nu dans 1 eau puisqu’elles
sont revêtues par un tapis de mousses. Cette moraine sous-
(1) Procès-verbaux de la S. V. S. N. Bull. XXVI, XV. 1890. Arch. Genève, XXIII,
462,1890.
(2) j ’ai figuré la position de ce losange dans ma carte du lac au 1: 100 000e qui
accompagne ce volume. On trouvera d’autre part marqué sur la carte partielle
de la barre de Promenthoux, fig. 14, page 57, près du bord oriental de la carte, à
1250“ au nord de la pointe d’Yvoire l’angle du losange formé par les moraines sous-
lacustres ; il est désigné par le mot Omblière. .
lacustre est la station favorite de l’omble-chevalier qui y vient établir
ses frayères.
Nous connaissons sur les côtes du. lac les moraines littorales ; j ’en
ai cité plusieurs il y en a une fort belle le long de la pointe d’Yvoire,
d’Yvoire aux ruines de Rovéréaz. L’érosion progressive des côtes a lavé
les matériaux terreux et argileux, et blocs et cailloux sont restés sur le
sol, à la profondeur limite de l’action des vagues. Mais c’est la première
fois que nous rencontrons dans la région profonde du Léman, en
dehors de la région littorale d’érosion active, une moraine qui ne soit
pas ensevelie sous l’alluvion lacustre moderne. Constamment il se dépose
sur le sol une alluvion minérale et organique, provenant de l’eau
trouble des affluents, de l’eau salie par les, matériaux de la rive attaquée
.par les vagues, et des organismes animaux et végétaux vivants
dans le lac ; cette alluvion se dépose également partout dans la profondeur,
et nous la supposions recouvrir de ses couches, probablement
fort épaisses, tous lès accidents du sol primitif. Comment en ce point
spécial la moraine a-t-elle surnagé au-dessus de l’empâtement général ?
Est-ce que nous nous serions trompés en attribuant à l’alluvion
lacustre impalpable une action suffisante pour recouvrir d’une couche
uniforme tous les détails des murailles du la c? Je ne le crois p as; si
j’avais ainsi fait erreur, le sol morainique serait à nu dans toute la
•région du lac qui n’est pas envahie par les alluvions grossières et par
l’alluvion fluviatile impalpable, c’est-à-dire la plus grande.partie du
plafond et des talus du lac ; nous l’aurions certainement reconnu dans
nos dragages ; il n’aurait en tous-cas pas échappé au sondeur à coupe
d’Hôrnlimann et des agents de M. Delebecque qui, en faisant les levers
de la carte hydrographique, ont couvert toute l’étendue du lac d’un
réseau serré de dragages verticaux ; les pêcheurs du reste en auraient
reconnu des traces dans leurs filets. Non, je n’ai pas fait une grossière
erreur ; il y a là quelque chose de tout à fait spécial : tandis que partout
ailleurs l’alluvion lacustre empâte toutes les inégalités du sous-sol, sur
la moraine.sous-lacustre d’Yvoire son dépôt a été presque nul.
J’ai d’abord pensé à expliquer les omblières d’Yvoire par l’existence
d’un affluent sous-lacustre qui sourdrait en ce point sur le sol du lac.
Cette interprétation répondrait fort bien à quelques particularités du phénomène
: à l’apparition sur le fond de cailloux et de graviers dégagés
de l’alluvion lacustre, à la présence sur les roches d’une mousse dont