dans mon croquis, pour simplifier. C’est à la hauteur de la lettre f, au
bas de la grève, que correspond le plan limite m f entre les couches
peu inclinées de la surface du delta et ses couches profondes fortement
inclinées ; c’est à quelques décimètres au-dessous des basses eaux du
lac que s’établit ce plan très reconnaissable dans les 'coupes des anciens
deltas du lac mis à sec dans les tërrasses que nous décrirons
plus tard. Au-devant de la grève s’étend le talus du mont f g qui descend
en pente inclinée jusqu’à sa rencontre avec le talus général du
lac g k. suite des murailles primitives du bassin h k.
Le mont d’un cône d’alluvion immergé ne diffère pas par sa forme
du mont qui limite en avant la beine d’une Côte d’érosion. Il en diffère
cependant par sa constitution : Les matériaux charriés sur la beine
par le courant de retour des vagues ne sont que des sables fins ou de
la vase ; le mont de la beine ne renferme donc pas de graviers ni de
galets, et une coupe de la beine, si cellé-ci était mise au jour, ne rencontrerait
que des sables fins. Lés matériaux, au contraire, apportés
par l’affluent nourricier du delta peuvent être très grossiers ; ils varient
en tous cas de grosseur suivant l’état de l’affluent qui, à l’ëtiage charrie
à peine des sables fins, en crue de débordement transporte des graviers,
des galets, des blocs ; tous ces matériaux amenés dans lé. lac
s’étalent, par le mécanisme que j ’ai décrit, sur le talus du mont ; il en
résulte que la surface du mont et leA couclies profondes du delta sont
constituées par des couches alternativement fines et grossières, de
grosseur très variable, depuis les sables les plus fins jusqu’aux galets
les plus volumineux que l’affluent est capable de transporter.
Je veux encore signaler trois faciès spéciaux des côtes dont mous
avons des représentants sur les rives du Léman, à savoir les lagunes,
les dunes et les moraines littorales.
Les lagunes s e développent au fond de golfes envahis par l’alluvion
sur un talus peu incliné. Là où Falluvion est dominante, sur les flancs
d’un delta de rivière à transport puissant, ou bien au fond d’un golfe
peu profond où se déverse une rivière, l’alluvion envahit le domaine
du lac. Les vagues ordonnent les sables et graviers en bancs parallèles
à la rive, qui ne tardent pas à s’exhausser, à sortir des eaux en laissant
entre eux et le rivage un étang, une la g u n e . Il y a alors formation
d’un cordon littoral, d’un véritable lid o avec la lagune derrière
lui. Nous en avons des exemples aux Grangettes de Villeneuve, aux
Pierrettes d’Ouchy, sur les flancs des deltas du Boiron de Morges, de
l’Aubonne, de la Promenthouse, dans la plaine de Genthod, au fond
du golfe de Coudrée, etc.
Depuis quelques années j ’assiste à la formation-nouvelle de ces
barres au fond du golfe de Préverenges, entre les roseaux de Morges
et l’embouchure du Bief; je vois les hauts-fonds parallèles à la rive se
relever progressivement. Leur place est nettement indiquée par le jeu
des vagues qui se resserrent lorsqu’elles traversent la barre pour s’élargir
lorsqu’elles arrivent dans la lagune où l’eau est plus profonde.
Dunes. Dans le fond du golfe de Coudrée, entre le Foron et le Vion,
et au-delà du Vion jusqu’aux falaises, d’Excenevex, (•) il s ’étend une
plaine couverte de superbes dunes de sable fin ; sur la rive droite du
Vion elles sont masquées par la forêt de Coudrée, sur la rive gauche
elles sont à nu, recouvertes d’une flore spéciale de buis, épine-vinette,
genévriers, asperges, oeillets, etc. Elles atteignent jusqu’à 3 et même
5 mètres de hauteur, et ont la forme et les allures caractéristiques de
la vraie dune. Sous l’action du vent elles sont mobiles,, et le 27 août
1878 j ’en ai vu une qui s’était déplacée en traversant et recouvrant en
partie un ancien chemin. Le sable de ces dunes a la structure spéciale
que j’ai constatée dans tous les sables des dunes aériennes ; les grains
roulés par le vent les uns sur les autres se-sont émoussés, arrondis et
ont la forme de sphérules presque parfaites.
Les moraines littorales. Lorsque l’érosion du lac attaque un sol de
terrain glaciaire composé d’argiles à cailloux, de sables; de pierres, et
de blocs, elle enlève les matériaux ténus et meubles, mais elle ne peut
déplacer les grosses pierres. Celles-ci restent sür la beine comme té moins
de l’ancienne nature du sol. C’est ce qui explique les nombreu-
(*) C’est par erreur que la carte suisse écrit Excenevrex.