Vallée, en 1859, estimait (*) que le débit du Rhône de Genève variait
de 70m3 sec aux basses eaux
à 575 aux hautes eaux.
Les calculs de M. Lauterburg (2) lui donnent les valeurs:
minimum extrême 14.1m3 sec
moyenne des basses eaux 82.5 *
eaux moyennes ' 270
moyenne des hautes eaux 418
maximum extrême 656
M. l’Ingénieur cantonal de Genève (3) faisait les estimations suivantes :
basses eaux 80m3 s?6-:
eaux moyennes ■ 270
hautes eaux 600
3° Les jaugeages modernes, dans la période de 1873 à 1883, ont été
exécutés en vue d’une étude de la régularisation du régime du lac,
par MM. C. Pestalozzi, professeur au Polytechnicum de Zurich, Le-
gler, ingénieur de la Linth, à Glaris, et les ingénieurs du Bureau des
ponts et chaussées de Lausanne, pour le compte du gouvernement
vaudois. Le lieu de jaugeage était à la Coulouvrenière, dans la même
localité qu’avait autrefois choisie le général Dufour. La hauteur du lac
était mesurée dans le p o rt de Genève, au limnimètre B fixé au débarcadère
de la rive gauche, en amont du pont du Mont-Blanc, tout près
du limnimètre du Jardin anglais ; nous pouvons lui attribuer la même
correction de pente qu’à ce dernier, et tirer des lectures qui y ont été
faites la hauteur probable des eaux du lac. Voici le résumé de ces
jaugeages qui ont tous été faits par la même méthode. (4)
Jaugeage: Date. Auteurs.
Hauteur de
Veau dans le Débit.
JV»». iSÊÊÊî — port de Genève. m3 sec.
10 18 août 1873 Pestalozzi et Legier. 2.43“ 547
11 20 septembre 1873 ; id. 1.95 411
13 14 octobre 1873 Goninj Cuenod, Bernard. 1,51 335
13 4 novembre 1873 id. 1.18 201
14 13 février 1874 Pestalozzi et Legier. 0.80 ] | |n
15 18 juillet 1877 Regler. 2.635 641
16 14 février 1882 Legier et Bernard. 0.995 87 '
17 23 juillet 1883 Guiguer, Amiguet, Grange 2.425 646
0) Des eaux, loc. cit. [p. 431], p. 97.
f2) Loc. cit. [p. 361] tabl. V, p. 63.
<3) Cité dans G. lutter. Réglementation du niveau du lac Léman, p. 7, Genève 1876.
I4) Pestalozzi et Legier, loc. cit. [p. 803]. p. 10.
Ces résultats des jaugeages de Genève ont de l’intérêt à plus d’un
point de vue. Ils ont été d’importance capitale dans les débats du
procès du Léman et dans l’étude du projet de régularisation du régime
du lac et d’utilisation des forces motrices du Rhône; ces points spéciaux
ne peuvent nous occuper ici. En outre, ils nous donnent des
notions précieuses sur des faits de grand intérêt limnologique.
Je préciserai les problèmes que nous avons actuellement en vue et
dont nous chercherons à trouver les éléments :
a Etablir un tableau des débits du Rhône en fonction de la hauteur
des eaux du lac, de manière à permettre le calcul pour une époque,
donnée de la quantité d’eau qui s ’écoule à Genève.
fe Tirer de ces valeurs le débit annuel de l’émissaire de Genève
pour en déduire la quantité d’eau qui, année moyenne, s’écoule du
lac, ou ce qui revient au môme, de l’ensemble du bassin d ’alimentation
du Léman.
Un premier coup d’oeil -jeté sur les chiffres, des jaugeages 1 à 17
nous montre que le débit du Rhône croît avec la hauteur des eaux du
port et par conséquent du lac ; plus le lac est à un niveau élevé, plus
la section utile de son émissaire est forte, plus le débit de celui-ci est
considérable. Par conséquent, il semblerait que nous n’ayons qu’à
établir ces différents jaugeages en série ordonnée d’après la hauteur
des eaux du lac et à en tirer la courbe des débits en fonction de cette
hauteur.
Mais ce que nous avons exposé ci-dessus nous fait voir qu’il ne nous
est pas permis de chercher une relation simple, applicable à toutes
les époques et à toutes les conditions du Rhône, entre le débit du
fleuve et la hauteur du lac. Les constructions, successivement établies
ou enlevées dans le lit du Rhône, ont trop modifié l’écoulement de
l’eau pour que nous puissions rapporter à une époque quelconque les
chiffres obtenus dans une époque déterminée, pour que par conséquent
nous puissions attribuer aux époques antérieures à 1840 les
valeurs que nous donneraient les jaugeages 2 à 9 faits de 1840 à 1858
ou nous fonder pour les époques anciennes sur les jaugeages 10 à 17
exécutés de 1873 à 1883. Il ne nous est passible de comparer ensemble
que les jaugeages faits dans la même période, et les valeurs trouvées
ne sont applicables qu’à cette période.
En second lieu, les manoeuvres des barrages de Genève altèrent les
rapports entre la hauteur des eaux du lac et le débit du fleuve : sitôt
que les barrages sont fermés, le débit du fleuve est réduit ; plus l’obtu