1682™ et enfin la Dent d’Oche, 2225™, cette reine dans la couronne des
montagnes qui forment le panorama du Léman vu de Lausanne ou
de Morges.
De la Tour-ronde à la Drance, le lac est bordé au sud par une haute
colline, l’énorme m oraine latérale de l’ancien glacier du Rhône dont la
crête atteint 980™ d’altitude vers Bernex, pour ne s’élever guère à plus
de 700™ à Champange au-dessus d’Amphion. Quelque uniforme que
soit cette colline, son opulente végétation, ses cultures si pittoresques,
ses splendides châtaigneraies lui donnent un caractère bien autrement
agreste que les coteaux de vignes de la rive opposée.
Au ravin de la Drance commence un pays de plateau bas qui s’étend
jusqu’à l’Arve et jusqu’à Genève. Inégalisé par quelques Collines aux
formes arrondies, au milieu desquelles le coteau mollassique de Boisy
se relève jusqu’à l’altitude de 735™, ce plateau ne domine le lac que
de quelque 50, à 100, à 200V1. Il s’étend sur une largeur de 7 à 10km
jusqu’au pied des premières Alpes savoyardes, les monts d’Armonnaz,
1407™, et les Voirons, I486™.
Tel est en quelques lignes le relief du . pays dans lequel notre lac
Léman est logé.
II. Résumé d’histoire géologique.
Gomme introduction à la géologie spéciale du Léman, il me paraît
utile, pour éviter des répétitions, de résumer en quelques lignes l’histoire
géologique générale de notre pays dans les ères secondaire, te rtiaire
et quaternaire, les seules que nous ayons à considérer ici. Nous
pouvons d’autant mieux être plus bref que la géologie de la Suisse est
bien connue, grâce aux magnifiques travaux qui font la gloire de nos
naturalistes modernes, et qu’elle a été parfaitement exposée dans
nombre de publications scientifiques ou populaires, entre autres dans
l’excellent livre d’Oswald Heer, le Monde p r im itif de la Suisse.
Prenons cette histoire à la fin de l’ère primaire, et suivons-la d’abord
dans les trois subdivisions de l’ère secondaire, périodes triasique,
jurassique et crétacée. Pendant les périodes triasique et jurassique, la
région des Alpes centrales était déjà partiellement émergée, mais p résentait
un relief probablement fort peu élevé ; une vaste mer bordée
de lagunes la baignait au nord, occupant tout le pays actuel des Préalpes,
ou des Alpes antérieures, de la plaine suisse e t du Jura, mer qui
communiquait largement avec l’Océan à travers la Bourgogne et le
nord de la France, et qui n ’offrait que deux terres fermes, l’une au
nord dans les Vosges et la Forêt-Noire, l’autre à l’ouest dans le plateau
central de la France. C’est alors que se déposaient dans la mer les
puissantes assises de calcaire des Alpes antérieures, et les couches
alors horizontales qui devaient plus ta rd fournir par leurs plissements
les chaînes du mont Jura. Pendant la période crétacée, les Alpes se
soulèvent un peu plus le Jura commencé à émerger, et forme une
large terre qui réunit les grandes îles vosgiennes et centrales de la
France. Cette barrière sépare de l’Océan un bras de. mer qui, partant
du Dauphiné et de la Savoie, traverse toute la plaine suisse, la Haute-
Bavière, et va se continuer en passant à Vienne en Autriche, avec la
vaste mer de la Hongrie. Dans cette mer, se forment les calcaires
néocomiens des flancs du Jura et des Préalpes.
A l’ère secondaire succède l’ère tertiaire avec ses trois étages : ceux
des périodes éocène, miocène, pliocène.
La période éocène montre encore la plaine suisse occupée par la
mer (?), le Jura assez émergé pour ne plus recevoir de dépôts marins;
les Préalpes, au contraire, sont parcourues par de nombreux bras de
mer qui y déposent les couches feuilletées du f ly s c h .
Pendant la période miocène, les Alpes se soulèvent, se plissent en
nombreuses chaînes parallèles, et émergent hors de la mer ; le Jura reste
exondé en partie, et la mer de la plaine suisse dépose les assises considérables
de la mollasse ; ici, à l’é ta t de marne et de grès fin, dans la p artie
centrale du bras de mer, là à l’état de poudingues et de nagelfluh,
à l’entrée des vallées des Alpes qui apportent une riche alluvion de
galets et de cailloux roulés. La même répartition des alluvions que
nous avons décrite dans le Léman actuel, nous pourrions la retrouver,
si c’était notre affaire, dans les dépôts miocènes ; la mer et les grands
lacs d’eau douce étendus entre les Alpes et le Jura y jouaient, dans
une plus vaste proportion, le même rôle de réservoirs que nos petits
lacs subalpins modernes. La mer miocène est peu profonde ; elle s’est
à plusieurs reprises assez amoindrie pour que ses eaux devinssent saumâtres
et même douces, et' alors se sont déposées les couches dé l ’a-
q u i t a n i e n , du la n g h ie n et de l ’oe n in g ie n .
Pendant la période pliocène, la contrée toute entière se soulève,
probablement plus fortement du côté des Alpes que du côté du Jura,