VI. Vents.
Nous distinguerons, d’après leur origine et leurs allures, trois classes
de vents qui soufflent sur le lac, à savoir :
les brises,
les vents généraux' et
les vents d’orage.
1 ° LE S BRISES
Les brises sont des courants d’air locaux qui soufflent en 1 absence
de vents généraux et qui sont déterminés par des différences de température
entre les diverses régions du pays. Ce sont des vents d intensité,
faible, montrant souvent une périodicité journalière bien marquée ;
ce sont les v e n t s d e b e a u t emp s .
Les brises peuvent avoir une double origine, et provenir :
Ou bien des différences de température sur un pays partagé entre
l’eau et la te rre ferme; ce sont les b r i s e s l a c u s t r e s ;
. Ou bien des différences dé température sur les déclivités d’un pays
accidenté; ce sont les b r i s e s de m o n t a g n e .
L’une-et l’autre forme peuvent intervenir et interviennent sur notre
lac, nappe d’eau assez étendue pour agir efficacement sur la température
de l’air de la vallée, encaissée d’autre part par des montagnes
assez élevées pour que l’action de la déclivité du sol y soit sensible.
Donnons d’abord la théorie moderne des brises en suivant les leçons
du professeur J. Hann de Vienne. ( !) D’après cet au teu i, la dilatation
inégale des couches inférieures de l’air, sur des surfaces inégalement
chaudes; détermine une inclinaison des plans supérieurs de ces couches ;
les, couches supérieures s’écoulent horizontalement vers la partie déclive,
s ’accumulent sur la région la plus froide, et y occasionnent un
excès de pression qui refoule l’air des couches inférieures. Il y a donc
superposition de deux courants, l’un supérieur, primitif, m archant de la
région la plus chaude vers la plus froide, l’autre inférieur, secondaire,
marchant de la région la plus froide vers la plus chaude. Les brises
lacustres auraient donc le mécanisme suivant : Dans la matinée la terre
se réchauffe plus vite que l’eau ; il en résulte que l’air se dilate plus
(1) j. Hann. Handbuch der Klimatologie. Stuttgart 1883.
sur la terre que sur le lac; les couches d’égale pression se soulèvent
sur la te rre, elles s’inclinent du côté de l’eau. Cette inclinaison des
plans cause dans les .couches supérieures de l’air un écoulement de
l’air vers le lac ; de là, augmentation de la pression sur le lac, diminution
de pression sur la te rre , et, comme résultat final, courant dai r
inférieur marchant de l’eau vers la terre. 0 La fig. 34 exprime graphiquement
le phénomène. Les lignes pleines aa, bb, ce, dd représentent
les couches horizontales de l’air avant la perturbation, les lignes ponc-
(Fig. 34.) Théorie des brises lacustres, brise diurne; d’après Hann.
tuées a'a, b’b, c’a, d'd, ces mômes couches après la dilatation de l’air sur
la terre ferme; les flèches indiquent la direction des courants d’air, le
courant inférieur est celui que nous observons et que nous allons nommer
brise du lac ou r eba t . Une répartition inverse rendrait compte
de la brise de terre, qui commence à souffler le soir, lorsque le sol se
refroidit plus rapidement que le lac. Les plans de séparation des couches
s’inclinent vers la te rre ferme, l’air supérieur s’écoule dans la
même direction ; l’accumulation de l’air sur la te rre occasionne un
excès de pression et, par suite, un refroidissement de l’air inférieur
qui se tourne vers le lac.
Pour qu’il y ait établissement de brises lacustres, il faut donc qu’il y ait
échauffement inégal de l’air reposant sur la te rre ferme d’une part e t
sur le lac d’autre part ; ou, autrement, que les actions réchauffantes
diurnes et refroidissantes nocturnes agissent avec une intensité inégale
sur la terre et sur l’eau. Or, c’est ce qui a lieu : la chaleur solaire
diurne échauffe puissamment le sol, la radiation nocturne le refroidit
rapidement; ce sont des faits d’expérience banale qui sont du reste
prouvés par l’amplitude considérable de la variation journalière des
fl) Hann, loc. cit. p. 106.