RELATION HISTORIQUE. CHAR. XII.
ment à Raschau sans passer par les montagnes, comme je l’avais
projeté'. Je commandai des chevaux à la poste, et je partis
de fort mauvaise humeur, par-un temps de pluie qui ne me
laissait guère d’espérance.Cependant, en arrivant à Habsany,
la première station de poste, je voulus essayer de tenter la fortune
et d’aller, au risque d’étre noyé, visiter le gisement des
opales. Je fus plus heureux que je ne m’y attendais ; le hasard
voulut que le commis de la poste eut la fantaisie de consulter
son maître avant de me promettre des chèvaux, et il revint
bientôt me dire d’entrer au château, où, au lieu d’un maître de
poste ordinaire, je trouvai un gentilhomme extrêmement affable,
M. Edouard Bujanovics, avec qui je fus bientôt en connaissance
de famille. Il m’invita à rester à dîner, pour pouvoir
juger du temps, et me promit de me faire ensuite accompagner
à Cservenitza, par le gouverneur de ses enfans. L’accident de
mon baromètre fut aussi bientôt répare', car M. Bujanovics voulut
bien m’en céder un, construit sur la méthode de Reichen-
bach, qu’il avait acheté à Vienne. Mais ne pouvant, pour le moment,
comparer cet instrument avec aucun autre, je commençai
par le démonter, et m’assurer de la quantité de mercure que
renfermait la cuvette, afin d’être sur de la comparaison lorsque
je pourrais la faire : bien m’en valut, car sans cette précaution
j’aurais pu conserver des doutes sur mes mesures.
Habsany se trouve en plaine, et par conséquent il n’existe
rien autour qui puisse attirer l’attention du géologue; mais à
une demi-lieue de distance à l’ouest, sur les bords du Hernat,
se trouvent des montagnes qui sont le prolongement de celles
de Gôlnitz. Elles sont, en grande partie, composées de grau-
wackes, mais qui présentent diverses variétés. 11 en est qui ressemblent
tellement à des micaschistes, ou plutôt à des schistes
argileux primitifs, passant au micaschiste, qu’il serait impossible
de les distinguer si on ne les voyait en place avec les autres.
Mais la plus grande partie sont parfaitement caractérisés; elles
sont de couleur rouge, et assez analogues à la grauwacke schisteuse
de Herrengrund ; il y a aussi des variétés très-fines, qui
ressemblent tout-à-fait à celles que nous avons observées sur la
route de Dobschau à Iglô. On voit encore au milieu d’elles des
.couches de roches arénacées quarzeuses, à ciment dequarz très- Gris quarzeux.
solide, et qu’on pourrait encore prendre, en quelques points,
pour des roches tout-à-fait cristallines. Mais elles font évidemment
partie des grauwackes, comme celles que nous avons déjà
assez souvent indiquées *. Il paraît qu’il existe aussi des calcaires
de transition dans cette partie, et qui s’étendent assez loin
dans la montagne; mais, ne les ayant pas visitées, je ne puis
donner sur eux aucun renseignement particulier.
En allant d’Habsany à Csernevitza, il faut d’abord traverser Rouie niables
plaines du Hernat et de la Tarza, où l’on ne rencontre que renîtza.
des dépôts d’alllitron ou des terres cultivées. Les premières col-
fines sur lesquelles on parvient, ne présentent que des terres
sablonneuses ; mais on arrive ensuite à des buttes plus élevées,
où l’on trouve des conglomérats trachytiques, à pâte abondante, Conglomérat
très-terreuse, de couleur jaunâtre, et qui renferment des blocs rachïtl,ue’
et des cailloux roulés de trachyte de diverses variétés. Après
avoir dépassé le village de Patasko, on entre sur un plateau
couvert d’une forêt de chênes, où l’on ne rencontre plus que
çà et là des blocs de trachyte à la surface du terrain; mais, en
descendant vers Opina, on voit encore dans les escarpemens
* P oyez tom. I , pag. 4 5 o , 4 5 5 , 4 5 6 . 4 5 g; et tom. II , pag. 102 et 120.