qui ont porté la flamme et le fer dans toute la Hongrie, et qui
ont transformé en vastes déserts les contrées les plus populeuses.
Mais, relevée de ses cendres, défendue par quelques fortifications,
et plus encore par l’intrépidité des Hongrais, elle a
soutenu avec une incroyable énergie les sièges les plus terribles;
et ce n’est pas sans une émotion profonde et sans admiration,
qu’on parcourt les détails sanglaus de la vigoureuse résistance
de ses habitans contre les Autrichiens et contre les Turcs. Le
siège du Pacha Mehemet, en 1555, fit éclater surtout ce délire
m'S' d’Erim. patriotique, qui transforme les êtres les plus faibles en héros. A
la vue de l’armée ennemie, dit un écrivain français, d’accord
avec les ouvrages étrangers*, toute la ville retentit de cris de
joie : hommes, femmes, soldats, tous d’une voix unanime jurèrent
d’observer ces conditions dictées par le fanatisme patriotique
: «Le mot de capitulation sera proscrit ; si quelqu’un ose le
» prononcer, il sera puni de mort. Si l’ennemi envoie faire des
» propositions de paix, on y répondra par des décharges d’ar-
» tillerie. Quand les vivres nous manqueront, nous nous man-
» gérons les uns les autres, et le sort désignera les victimes. Les
» femmes seront occupées à réparer les murailles ; elles pour-
» ront suivre leurs époux sur la brèche et dans les sorties. Pour
» étouffer les conspirations dès leur naissance, on ne pourra
» s’assembler plus de trois ou quatre dans l’intérieur de la ville ».
Ges conditions désespérées furent en effet strictement observées
: en vain Mehemet déploya son astuce et sa barbarie, rieu
ne put changer les résolutions d’un peuple qui défendait sa patrie,
sa religion, et qui connaissait la perfidie des Turcs. Un
* De Sacy, H istoire générale de la Hongrie ; Paris , 1778, t. 2, p. 16.
trompette s’avance en vain pour porter des paroles de paix; on
ne daigne pas lui répondre, et taudis qu’il parle au pied des murailles,
les habitans, dans un morne silence, plantent quatre
piques sur le rempart, et élèvent dessus un cercueil couvert d’un
drap noir, pour annoncer à Mehemet que la ville serait leur
tombeau. Le trompette ne rapportant a son général que cette
réponse éloquente et terrible, l’artillerie joua bientôt avec fureur;
le château fut démantelé, les toits abattùs; mais le pre-
mier assaut n’en fut pas moins repoussé avec vigueur, et huit
mille Turcs périrent au pied des remparts. En vain Mehemet
ordonne quatre assauts au même instant ; les femmes accourent
sur la brèche, et ne se distinguent plus que par leur bravoure;
on voit les unes se précipiter au milieu des ennemis, d’autres
rouler sur eux des pierres énormes', ou les inonder d’huile
bouillante. L’épouse saisit les armes de son époux percé à ses
côtés, la mère celles de son fils, et toutes, oubliant lé danger
en même temps que leur faiblesse, ne songent plus qu’à défendre
la patrie, à venger la mort de leurs parens et de leurs amis.
Ces exemples d’héroïsme excitèrent partout le courage et l’énergie
; les assiégés devinrent bientôt agresseurs, et les Turcs furent
obligés de fuir après une perte de plus de trente mille hommes»
Les collines nui environnent Erlau sont très-peu élevées au- Coinnoedo 1 -*■ conglomérats
dessus de la ville ; elles sont entièrement composées de conglo-
mérats ponceux, dont la pâte est plus ou moins fine *, et qui,
dans plusieurs parties, comme, par exemple, autour de la forteresse
, sont couverts de sables quarzeux fins , renfermant
quelquefois des coquilles, et mêlés de quelques cailloux roulés
* Ge sont ces conglomérats à pâte fine qu’on a encore désignés ici sous le nom
de tripoli. V oyez Ungrisches M agasin, tom. 4 , pag. 265.