également construits. Les pierres que l’aubergiste avait reunies
dans sa courétaientla plupart très-compactes, jaunâtres ou grisâtres,
en plaques de 4, 5,6 et 8 pouces d’épaisseur: elles étaient criblées
de tubes irréguliers, disposés perpendiculairement aux
surfaces des plaques, et qui me parurent évidemment dus
au dégagement des gaz produits par la décomposition des
matières animales. Ces dépôts sont extrêmement fétides; ils
renferment une plus ou moins grande quantité de coquilles flu-
viatiles, comme planorbes, lymnées et physes. Je n y ai point
vu de coquilles bivalves, ce qui prouve au moins qu’elles sont
rares, et qui présente un fait toujours assez remarquable ^comparativement
à nos calcaires fluviatiles de la France, qui sont
plus anciens, et dans lesquels on a peu d’exemples de coquilles
bivalves. ,
Ces dépôts calcaires des plaines de Hongrie ont la plus grande
analogie, par leur tubulure, par leur compacité, leur couleur,
leur fétidité particulière, avec les parties inférieures de la masse
de calcaire à lymnées de Château-Landon, près de Nemours,
qui se trouve, non pas au milieu des marais , mais .sur un plateau
où ils reposent sur une espèce de vase extrêmement fétide,
qui rappelle les dépôts formés sous les eaux stagnantes. Ce qui
rend encore ces dépôts modernes plus remarquables, c estqu ils
se trouvent géologiquement dans la position de nos calcaires à
lymnées des environs de Paris; ils sont superposés aux sables
qui forment le sol de la plaine, et ces sables se trouvent eux-
mêmes placés, comme’nous le verrons autour de Pest, au-
dessus d’un calcaire grossier, rempli de coquilles marines, identique
avec notre calcaire grossier parisien. Il en résulte que, s il
arrivait, par une cause quelconque, que les vastes plaines de la
Hongrie fussent excavées, sillonnées par des vallées assez profondes,
on trouverait du calcaire grossier parisien dans le fond,
et même des buttes de cette nature, surtout vers Pest et au
pied des montagnes de Cserhat, page 2; par-dessus, se présenteraient
des masses plus ou moins épaisses de sables ; et enfin
, sur les plateaux, on trouverait des calcaires fluviatiles, précisément
comme nous le voyons dans un grand nombre de lieux
de la France. Tous ces dépôts calcaires, plus ou moins éloignés
les uns des autres, se trouveraient ainsi au meme niveau, et
sembleraient être alors les restes d’une couche générale, morcelée
par les eaux, quoique dans la réalité ils ne seraient que le
résultat d’autant de formations partielles.
Ces plaines marécageuses pourraient aussi offrir un très- p0™“ °”s
grand intérêt aux naturalistes qui s’occuperaient de zoologie. Il
s’y trouve une immense quantité d’oiseaux aquatiques et d’oiseaux
de rivages parmi lesquels il existe des especes qu’on a rarement
l’avantage d’observer dans les plaines de l’Europe, et
surtout en France. Tels sont, par exemple., 1 eglareola aus-
triaca ou perdrix de mer ordinaire , le charadrius asiaticus
ou pluvier solitaire, qu’on retrouve aux bords des lacs salés dé
laTartarie méridionale ; le tringagregaria ou vanneau social,
qpi existe dans les plaines du Yolga, et une foule d’autres espèces
plus ou moins dignes d’attention, qui se trouvent ici avec
une multitude d’oiseaüx plus communs. On rencontre également
une quantité immense d’oiseaux de proie de toute espèce,
et des troupeaux d’outardes, parmi lesquelles il n’est pas rare
d’en trouver de.20 à 25 livres. Plusieurs petits mammifères qui
se trouvent en abondance dans les champs, et qui souvent y
font beaucoup de dégât, peuvent aussi être l’objet d’une étude
très-intéressante. Enfin, ces vastes marais, ou j ai trouvé toutes
nos espèces de mollusques testacés aquatiques, présentent aussi