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plaines de la Hongrie. Au sud-est, on domine sur les montagnes
de Jhla, qui se trouvent sensiblement au même niveau, et qui
sont aussi composées de grès. A l’est, on aperçoit les montagnes
de Lublo, dont on distingue le château. Au nord, aussi loin
que la vue peut s’e'tendre, on n’aperçoit que des montagnes qui
se succèdent jusque dans la Galicie ; on voit surtout celles de
Magura, qui se dirigent vers le nord-est, et vont rejoindre les
masses calcaires àüjLltendarfl
Auberges J’étais parti fort tard de Kesmarck, et j’avais employé beaupolonaises
, 1 , i • J coup de temps dans les montagnes,pour trouver le gisement du
calcaire fétide que j’avais rencontré en tas sur la route ; de sorte
que la nuit arrivaavautquej’eussepu rejoindre le bourg d’Alten-
dorf, où je m’étais proposé de coucher. Je fus obligé de m’arrêter
à Relyô dans un méchant cabaret tenu par un Juif, où,
pour coucher, j’eus une botte de paille qu’on étendit au milieu
de la salle. C’était déjà un échantillon des auberges de Pologne,
qui sont encore infiniment au-dessous des auberges hongraises.
J’eus beaucoup de peine à obtenir une mauvaise omelette en
forme d’oeufs brouillés; de plus, je pouvais à peine remuer dans
l’espèce de salle qui me servait de chambre en même temps que
de cuisine, et à peu près d’écurie, parce que mon Juif, qui
avait une peur infinie que je ne souillasse les sales écuelles dont
il se servait pour lui, en les regardant de trop près, ne voulait
me laisser approcher de rien, et m’eût colloqué sur une chaise
si j’avais eu la bonté de l’écouter. Pour comble de disgrâce,
plusieurs paysans vinrent, à dix heures du soir, boire de l’eau-
de-vie de pommes - de - terre, qui infecta la pièce, et ils sera ient
restés, je crois, jusqu’au lendemain matin, si je n’avais pris le
parti de faire le grand seigneur et de les chasser.
Mauvaiseebica- Dès que le jour parut, je quittai mon gîte, qui ressemblait ne de la.Douane 4 ± > j. i
d’Altendorf.
trop à un cul de basse fosse pour me retenir; je ne voulus pas
même déjeuner, quoique j’eusse l’habitude de prendre toujours
quelque chose avant de partir. En descendant la vallée, on retrouve
encore des grès houillers; mais bientôt on aperçoit au
loin, des montagnes à sommets déchirés, escarpées à pic et en
forme de gradins, et qu’il était facile de reconnaître pour des
montagnes calcaires ; elles se trouvent au-delà d’Altendorf, sur
la rive gauche du Dunajec. Le bourg d’Altendorf ( Stara Fes ,
escl.; O Falu, hong. ) est sur la limite de la Hongrie et de la
Galicie ; il fallut entrer à la douane pour subir la visite, ce qui
fut bientôt terminé, n’ayant qu’une chemise à montrer. Mais
il n’en fut pas dé même de mes passe-ports, qui étaient seulement
pour la Hongrie, parce qu’on m’avait assuré que je ne
pouvais avoir aucune difficulté à franchir les limites partout où
je le voudrais; toutefois les commis n’en jugèrent pas ainsi, et
voulaient à toute force m’empêcher d’entrer en Galicie, sous
prétexte que, si on eût voulu que je quittasse la Hongrie, on
l’aurait écrit en toutes lettres, et que d’ailleurs un ordre de la'
chancellerie' hongraise ne pouvait valoir auprès de la douane
autrichienne. Mauvaise chicane qui n’avait pas le sens commun,
puisqu’il serait absurde de forcer un Hongrais ’d’aller à Vienne
chercher un passe-port pour la Galicie ; que d’ailleurs les ordres
de la chancellerie hongraise, légalisés surtout par la chancellerie
des affaires étrangères, ont force de loi par tout l’empire
Mais ce que je trouvai de plus joli, fut qu’après avoirété faire
une visite au directeur, qui entendit fort bien mes raisons, et
qui donna sur le champ des ordres pour qu’on signât mes passe
ports, les commis voulaient encore résister. Il faut toujours se
fâcher et jurer avant de pouvoir obtenir quelque chose de ces
misérables scribes. Ceux-ci s’apercevant, pendant toute la dis- .