54 mètres : toute cette cavité' est remplie de très-grands hetres,
de sorbiers, de noisetiers, et enfin de ronces, dont il est souvent
assez difficile de se tirer. Les parois sont'à pic dans quelques
points, et en pentes assez rapides, couvertes de blocs roules,
dans les autres. Les roches en place, ainsi que les blocs, sont
des trachytes noirs brunâtres , et des trachytes ferrugineux
rouges, remplis de petits cristaux assez nets de feldspath vitreux,
fendillés, dont la teinte blanche tranche fortement sur
le fond rembruni de la masse. Mais nulle part je n’ai pu voir, ni
sur les parois mêmes de l’excavation, ni dans les parties adjacentes,
aucune roche qui présentât quelque signe de scorification.
Le traehyte même y est peut-être beaucoup moins poreux
que partout ailleurs : or, si cette cavité était une ancienne bouche
ignivome, on trouverait certainement quelques marques de
scorification sur ses parois ; on trouverait, comme dans les cratères
des volcans éteints de l’Auvergne, des amas de scories aux
environs ; mais rien de tout cela n’existe : la roche est complètement
à nu, et il ne se trouve pas même de conglomérat tra-
chytique dans cette partie. Il y a plus encore, car cette cavité
ne présente nullement la forme ordinaire d’un cratère en cône
renversé, ni la position commune au sommet d’une montagne $
c’est tout simplement le haut d’une vallee, dont une extrémité se
trouve en partie barrée par lesblocs qui sont tombés des hauteurs,
et entre lesquels les eaux s’écoulent successivement dans une autre
portion de la vallée, avec laquelle celle-ci communique. Ainsi
il est impossible de se ranger ici de l’avis de Fiehtel, et je partage
entièrement l’idée de’M. Townson, qui, en visitant cette
partie des montagnes de Matra, l’a vue précisément comme je
viens de la décrire. Les blocs, dont cette portion de vallée se
trouve remplie, sont culbutés sans ordre les uns sur les autres,
et laissent souvent entre eux des vides plus ou moins considérables,
que la neige remplit pendant l’hiver, et dans lesquels
il se conserve de la glace jusque très-avant dans l’été : il y en
avait encore lorsque je l’ai visitée à la fin de juillet, mais en très-
petite quantité.
Je croyais, avant d’arriver à ce prétendu cratère, trouver
au moins une cavité qui laisserait des doutes sur son origine, et
dont l’étude me retiendrait quelque temps ; mais tout est si évident
, qu’il suffit de quelques momens pour acquérir la certitude
qu’on s’est entièrement trompé sur ce point. Je l’examinai
cependant avec plus de soin qu’il n’en aurait naturellement
comporté, sans l’idée qu’on y avait attachée; et ce ne fut qu’a-
pres en avoir visite le fond et les hauteurs, dans plusieurs parties
, apres 1 avoir suivi d’une extrémité à l’autre, abusant sans
doute beaucoup de la complaisance de mes compagnons de
voyage, que je me déterminai à partir. Nous rejoignîmes la
route de Gyôngyôs à Parad, et, en moins d’une heure, nous
en atteignîmes le point le plus élevé, où je repris de nouveau la
hauteur du baromètre, qui me donna sensiblement la même
mesure qu’à mon passage deux jours avant. Un peu au-delà, en
descendant vers Parad, nous trouvâmes le maître-d’hôtel et les
gens du baron qui nous avaient préparé un très-bon dîner, que
nous mangeâmes de fort bon apétit sous une tente de feuillage.
Les chevaux du baron vinrent nous' reprendre pour nous délasser
des chevaux extrêmement durs que les guides avaient
amenés, et pour nous reconduire à Parad.
Les collines qui se trouvent à la gauche du ruisseau de Pa-mnin« auloar
rad, au-dessus des bains, et d’où sortent les eaux minérales fer- Grutata p„r .
rugineuses, sont composées d’une roche qu’on aurait beaucoup
de peine à reconnaître, si on ne pouvait la comparer à ses ana