Ville deEpérii
CHAPITRE XII.
DU GROUPE DE MONTAGNES ENTRE ÉPÉRJÉS ET TOKAJ.
— OPALES DE GSERYENITZA.
M on arrivée à Epériés ne put réparer qu’une partie des désas-
' très; il n’y avait plus de tubes de rechange pour mon baromètre
dans les bagages que j’avais fait transporter de IVt'smai ck ? et
toutes mes recherches dans la ville n aboutirent qu a me faire
découvrir qu’il n’y avait pas de Barometmacher. Pour comble
de disgrâce, il n’y avait point de lettre à la poste pour moi, et
à l’instant où je me disposais à partir pour la montagne, le mauvais
temps vint s’y opposer. Le seul naturaliste que j’aurais eu
plaisir à voir, M. Sennovitz, était absent, et je ne trouvai d’autre
moyen d’employer mon temps que de parcourir la ville avec
un parapluie. Autant qu’on en peut juger en pareille circonstance
, Epériés me parut une ville assez agréable ; elle est tres-
grande, assez bien bâtie, et, ce qui n’est pas commun, les rues
sont assez propres et passablement pavées. On compte 7000 à
8000 habitans, qui se composent d’Allemands, d’Esclavons et
de Hongrais ; les premiers sont beaucoup plus nombreux que
les autres, et les Hongrais même sont en très-petit nombre. Cette
ville fut élevée au rang de ville libre royale vers la fin du quatorzième
siècle et c’est aujourd’hui la plus considérable de
celles qui se trouvent dans ce comitat *; elle a.été environnée
de murs à peu près à la même époque ; mais ses remparts, qui
existent encore et sont en assez bon état, ne l’ont pas empêchée
d’être prise à plusieurs fois par les Polonais, par les troupes de
Bocskaj, de Rakotzy, et d’avoir eu beaucoup à souffrir dans ces
diverses guerres. C’est aujourd’hui une des principales villes
de la Hongrie; elle possède un tribunal di strie tu el, une garni-»
son, et elle fait un commerce assez considérable; on y trouve
plusieurs manufactures. Il y a une fort bonne auberge, mais où
toutefois j’ai été passablement rançonné. Il existe à Epériés un
grand nombre de Luthériens qui y ont un collège qui jouit d’une
assez grande réputation.
Le ciel s’étant un peu éclairci dans l’après-midi, j’en profitai
pour sortir de la ville et visiter les collines qui s’élèvent à l’ouest;
je me dirigeai sus le Calvarienberg, qui présente, sur la pente
de la colline, un grand nombre de petites chapelles rouges et
blanches, un grand dôme à mi-côte, et une église au sommet :
toutes ces constructions, entremêlées avec des arbres, produisent
un fort joli effet. Ces collines sont entièrement composées
de grès semblables à ceux des montagnes qui séparent la Hongrie
de la Galicie; ces dépôts s’étendent très-loin à l’ouest, et se
lient dès lors avec les dépôts analogues que nous avons déjà vus
dans les plaines d’Iglô. Toutefois, entre ces deux plaines, s’élèvent
quelques montagnes dont les roches sont de formation
plus ancienne. Telles sont les montagnes qu’on trouve sur la
* Les autres villes libres royales sont Z eben et Bartfeld. La première (Sze-
beny, Long. ; Sabino, escl. ) doit, dit-on, son nom à une soeur du roi Bêla III,
nommée Sabina.
Collines du
Calvaire.
Grès houiller.
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