Marais.
Auberge,
mêmes dépôts s’étendent très-avant dans la plaine. J’avais a ma
gauche la montagne de Somlô, que je venais de visiter, et à ma
droite celle de Sâg, où j’espérais bientôt arriver; mais d’une,
part, je me trompais sur l’éloignement, qu’on juge toujours assez
faussëment dans les plaines étendues, et de l’autre, le ha-,
sard yoiilut qué je prisse une mauvaise route, qui me mena au
bord d’un marais, autour duquel je fus obligé de tourner. J’étais
encore sur ses bords à nuit close, et ce fut avec beaucoup
de peine, ne trouvant personne à qui parler, que je parvins à
découvrir une chaussée qui conduisait à un village dont j’avais
aperçu les lumières au milieu des marais. J’arrivai à 1 auberge,
où sans doute on était peu habitué a recevoir des voyageurs à
pareille heure ; nous frappâmes à la porte à tour de bras, sans
que personne vint nous ouvrir ; enfin, mon domestique imagina
de sauter par-dessus la haie, ce qui produisit une rumeur complète
dans la maison : une servante, qui s’était probablement
décidée à ouvrir, fit des cris épouvantables en apercevant un
homme sur le mur: tous les gens de la maison arrivèrent en jurant
; mais au moins la porte s’ouvrit, et il ne s’agissait pins que
d’apaiser la colère du bourgeois et delà bourgeoise, qui ne voulaient
donner ni souper ni chambre. J’étais resté dans ma voiture
pendant tout le colloque qui s’était établi, et j’imaginai: alors
d’en sortir très-gravement, comine.si je ne l’avais pas entendu :
je demandai qu’on ouvrit la porte de la chambre, et j’ordonnai
de débarrasser la voiture. On n’osa pas refuser, et; on me
mena dans une chambre fort propre, en'me disant qu’elle avait
été retenue par quelqu’un, qui probablement n’arriverait, pas
c e , soir : la bourgeoise s’apprivoisa, et tout rentra bientôt,dans
l’ordre. J’appris alors que ce qui avait donné lieu,à tout ce tapage
était que ces gens nous avaient pris pour des juifs, parce
445
que , quelque temps auparavant, deux juifs, qu’on avait apparemment
fait attendre aussi à la porte, avaient imaginé de même
de passer par-dessus le mur. On me proposa du cochon pour
souper, et: comme je l’acceptai, la bourgeoise resta persuadée
que je n’étais pas juif; toutefois elle me fit rôtir.un poulet, et
m’avoua ensuite qu’elle m’avait proposé le cochon pour savoir
de quelle religion j’étais. En définitive, malgré ma,petite scène,
je fus très-bien et très-proprement : c’est une des meilleures
auberges .que j’aie rencontrées dans toute la Hongrie.
Le lendemain, avant le jour, je trouvai du monde éveillé, ce
qui n’est pas commun, et déjà du café tout préparé, de sorte que je
pus partir de très-bonne heure. On me fit un peu payer l’escapade
de la veille, et toutes,les complaisances qu’on avait eues pour
m’oi ; mais en voyage on regarde moins au prix qu’à la manière
dont on est traité. Je continuai ma route vers Sâg, où j’arrivai
en moins d’une heure, et je me dirigêai tout de suite sur la mon- Buiie de sag.
tagne, seul point qui put m’intéresser. Tout le bas est couvert
de vignes, comme à Somlô; mais on parvient ensuite à des masses
de basaltes, qui sont aussi escarpées à pic, comme il arrive
presque toujours.- Cès basaltes sont encore plus feldspathiques
que ceux de Somlô; ils sont de couleur grise, à cassure très-
miroitante, à cause de la multitude de petits cristaux de feldspath
qu’ils renferment. L’olivine y est aussi disséminée en très- •
petits grains. Ces roches le plus souvent compactes, présentent
eependantdes variétés très-celluleuses, à cellules unies, toujours-
vides, ou seulement tapissées de petits globules de fer carbonate";
la masse est extrêmement fendillée dans tous les sens. La.
partie supérieure est altérée ; mais on y trouve peu de basaltes
maculés. La montagne se termine ici à cette masse basaltique,
compacte par un plateau assez étendu, qui se trouveà peu près