Couchée dans
les bois.
de n’en avoir pas assez pour continuer mon excursion, et le
temps me manquait pour en faire venir de Vienne. Mais telle
est h bonne foi hongraise, qu’il ne me demanda pas même un
reçu, et qu’occupe de mon départ, je n e pensai pas davantage
à lui en offrir un. .. .,,
En quittant Keszthely, je repris la route par laquelle j e-
tais arrivé ; je jetai un coup d’oeil en passant sur les collines qui
forment, au bord du lac, les avant-postes des hautes montagnes
: elles sont entièrement composées de sables et grès a llâ
t e s , que j’avais déjà aperçus dans les cours du chateau. Les
parties les plus élevées, d’après leur forme,- d’après les blocs
qui en sont tombés, doivent être composées de calcaire rna-
gnésifère : M. Asboth y a indiqué du calcaire, et M. Zipser du
Stînkstein , qui n’est probablement qu’un calcaire magnésifere,
semblable à celui que nous avons observé au château de tteszi.
Au-delà de ces collines, je traversai de nouveau les buttes
de calcaire magnésifere de Meszès Gyorôg, et je n’observai ensuite
rien autre chose que ce que j’avais vu la veille. Mais comme
j’étais parti fort tard, que j’avais perdu un peu de temps sur les
collines, d’où j’avais une superbe vue sur le lac, la nuit m e prit
au milieu de la route : bientôt le cocher se perdit, et s enhfe,
malgré moi, dans une forêt, prétendant que c’était là que nous
avions passé. Toutefois, au bout d’une heure, il m avertit qu il
n’existait plus de chemin, et qu’il ne savait plus où il me conduisait
: la nuit était en effet extrêmement obscure, etil était impossible
de voir à deux pas de soi. J’allumai une bougie pour chercher
le chemin ; mais je ne vis partout que de l’herbe fraîche
ou des broussailles; je me promenai à droite et à gauche, et je
finis par trouver, à peu de distance, quelques traces de roues,
sur lesquelles, à tout hasard, je .fis conduire la voiture. Nous
marchâmes encore une demi-heure, une bougie à la main pour
conduire les chevaux, et ne pas perdre les traces de l’espèce
de chemin que nous suivions; mais bientôt nous arrivâmes au
pied d’une montagne escarpée, dont la position, comparée à la
direction du chemin que nous venions de tenir, me fit juger
positivement que nous avions de beaucoup dépassé, Tapoltza.
Nous étions décidément perdus : il était déjà dix heures du soir,
et nous aurions en vain marché toute la nuit sans jamais rattraper
le village. Je ne trouvai d’autre moyen que de coucher à la
belle étoile, et d’attendre le jour pour m’orienter. Je fis allumer
un grand feu; je m’emparai du pain du cocher, et, avec
ma bougie, j’allai, en soupant, à la recherche d’une source
d’eau, que je trouvai heureusement à peu de distance de ma
nouvelle habitation. J’étendis une couverture de cheval par
terre, et je me couchai auprès du feu, où je dormis profondément
: je me trouvai encore assez bien, quoique nous fussions
déjà au 21 d’octobre.
Avant le jour cependant j’étais éveillé ; mais j’employai très-
bien mon temps à transcrire mes notes et à consulter mes cartes
à la lueur de mon feu. Dès que le jour parut, j’escaladai la
montagne au pied de laquelle j’avais couché ; du sommet, j’aperçus
fort loin, au sud-sud-est, la butte de Csobanez; de
sorte qu’en effet, comme je l’avais imaginé, nous avions de
beaucoup dépassé Tapoltza. Nous nous trouvions au nord-ouest
de la ville, au pied des montagnes qui sont sur la route de Sü- Hon,agll,,s do
megh. En parcourant pendant quelques instans ces montagnes,
je reconnus qu’elles étaient entièrement composées de calcaire
magnésifere, et recouvertes à l’est et au sud par des dépôts de
grès. Après cette petite excursion, je retournai à mon feu dont
la fumée me servit de guide : je fis atteler, et nous partîmes en