^Ê'riaiT* Les details que je viens de donner nous font connaître la
partie centrale des montagnes de Matra ; mais il e'tait nécessaire
d’en connaître aussi le pied, et de déterminer surtout les limites
de leur masse dans la partie orientale; c’est ce qui me détermina
à faire une excursion à Erlau, où je savais d’ailleurs
qu’il devait exister des montagnes d’une autre nature.
En sortant de Parad, le chemin se dirige au milieu d’une vallée
très-large, dont il est alors impossible d’examiner les pentes;
mais tout ce que l’on voit porte à croire que les collines qu’on
découvre à la gauche sont, en grande parue, composées de sables,
et qu’à droite, comme on le voit à Parad meme, ces sables
reposent sur les conglomérats trachytiques. Ce n’est qu’en
arrivant près de Sirok ( prononc. Chirok ), que les montagnes
se resserrent ; la route passe alors au pied d’une colline assez
haute, sur les flancs de laquelle on reconnaît des conglomérats
Conglomérats de ponce, tout-à-fait blancs. Mais bientôt on arrive an bourg
BuHeTlirok, de Sirok même, qui se trouve dans la vaüée où coule la Torna ,
et on découvre les ruines de l’ancien château, placées sur
le haut d’une butte presque isolée, complètement blanche,
dont les flancs sont déchirés par des ravins profonds, et sur laquelle
il n’existe pas un arbre. Au bord du chemin, au pied de
la montagne, on observe des couches horizontales d’une roche
blanche, à structure fibreuse, remplie de petites lamelles hexagonales
de mica noir extrêmement brillant, de cristaux de feldspath
fendillé, vitreux, et quelques très-petits cristaux d’amphibole
noir. Il est presque impossible de-ne pas croire, au
premier moment, que ce sont des couches homogènes de ponce;
c’est en effet la première idée que j’aie eue en me fondant par-
culièrement sur les opinions de Dolomieu, de Spallanzani, qui
avaient cité des couches, ou plutôt des coulées de ponces, dans
les îles Lipari. Je croyais me trouver ici sur des masses analogues;
mais bientôt, en quittant la place où j’avais pris mes premiers
échantillons, en gravissant sur la montagne, je m’aperçus
que ce n’etait autre chose qu’un conglomérat entièrement formé
de fragmens de ponces, dont les fibres se trouvaient dirigées
dans tous les sens, et qui étaient enfermées dans une pâte terreuse
, formée aussi de détritus de ponces extrêmement fins. J’y
trouvai bientôt aussi de petits cailloux roulés de véritable tra-
chyte noir ou grisâtre, plus o.u moins altéré. Les cristaux de
feldspath vitreux n’étaient entiers que dans les fragmens de
ponce, et partout ailleurs, dans la pâte terreuse, ils étaient plus
ou moins brisés. En revenant alors au point où j’avais fait ma
première observation, je reconnus aussi que ce n’était que du
conglomérat, et que je m’étais laissé induire en erreur par un
bloc de ponce de plusieurs pieds cubes, encastré au milieu d’une
multitude de fragmens de toutes les grosseurs. En parcourant
les pentes de la butte de Sirok, on voit ces conglomérats pon-
ceux passer par un grand nombre de nuances ; il y a des parties
où à peine on peut distinguer les fragmens de ponce avec les
plus fortes loupes , et qui n’offrent alors que des roches en apparence
homogènes, à cassure terreuse, qui ont beaucoup d’analogie
avec certaines variétés de dômite. Ailleurs, la pâte est
assez friable, et on voit çà et là des fragmens de ponce soyeuse,
nacrée, qui se distinguent facilement par leyr éclat sur la masse
terne et terreuse qui les enveloppe.-Enfin, dans d’autres points,
la pâte de ce conglomérat est extrêmement compacte, très-solide,
et la roche, qui est en meme temps très-légère, présente
de grands avantages pour les constructions : c’est la variété qu’on
choisit de préférence pour cet objet.
Il est extrêmement facile d’étudier la masse de ces dépôts