paquet d’hommes en manière de lustre, qui est d’autant plus
singulier, que chacun porte une bougie à la main. S’il y a un
grand nombre de personnes à descendre, on fait plusieurs paquets
les uns au-dessus des autres. Les chevaux marchent, et
en très-peu d’instans on arrive au bas du puits, où l’on est reçu
très-civilement par les mineurs.
On a donné depuis long-temps diverses notices sur le dépôt
salifère qui fait le sujet des exploitations de Villiczka. Les superbes
travaux exécutés dans ces mines ont souvent excité l’enthousiasme
des voyageurs, et donné lieu à des descriptions
pompeuses, dans lesquelles l’amour du merveilleux a mêlé une
foule d’indications extraordinaires et tout-à-fait inexactes. Je ne
me propose ni de réfuter sérieusement ces erreurs de l’imagination,
qui heureusement ne peuvent plus aujourd’hui tromper
personne, ni de donner une description détaillée de tout ce qui
est capable de fixer l’attention dans ces immenses souterrains.
N’ayant pour but que de faire connaître quelques observations
géologiques, je me bornerai à donner ici un léger aperçu sur
ce qui concerne l’exploitation et sur ce qu’il y a de pht£ remarquable
dans la mine.
Tous les travaux sont exécutés, à Villiczka, sur une grande
échelle, avec une parfaite régularité, et même avec luxe. De
belles galeries, larges et élevées, établissent une circulation facile
entre tous les travaux d’un même étage ; de superbes esca-
caliers, taillés dans la masse saline, ou construits solidement en
charpente au milieu des diverses excavations, communiquent
depuis la surface du sol jusqu’aux travaux les plus profonds.
Indépendamment de ces beaux ouvrages, qui sont essentiels
à l’exploitation même, et qui contrastent déjà d’une manière
frappante avec ceux des mines en général, on a ajouté, en quelques
points , des décorations particulières : ici c’est une salle
spacieuse, agréablement ornée, construite au milieu d’une des
cavités qui résultent de l’exploitation des amas de sel; là, c est
une chapelle dont les colonnes, les statues, etc., sont taillées dans
le sel même; ailleurs, ce sont des terrasses' au bord des excavations
, des portes figurant l’entrée d’un chàteau-fort, un obel-
lisque rappelant la visite de l’empereur François, toutes construites
régulièrement en pierre de sel. Dans d’autres points, ce
sont des inscriptions qui rapellent la présence des souverains;
des radeaux ornés, sur lesquels ils ont parcouru les amas d’eau
ou lacs de la mine ; des peintures sacrées, dédiées, par la vénération
des ouvriers, aux patrons des travaux; enfin, on rencontre
à chaque pas des traces des magnifiques illuminations qui
ont eu lieu, à diverses époques, au milieu de ces profondeurs.
Tels sont en général les faits réels qui ont été embellis par mille
fictions poétiques, et auxquels on a ajouté des rêveries de tous
les genres. *
Mais, quoiqu’un trop grand nombre d’ouvrages aient pré- Connaissances
sente' àla curiosité des lecteurs des faits exagérés et des indications <1™* au cm
o -a« î i i -, . . dépôts salitëres. fausses sur I ensemble de ces grandes excavations souterraines,
néanmoins plusieurs voyageurs nous ont donné des idées assez
exactes sur la nature et la disposition intérieure de ce grand dépôt
salifère ; ori les trouve consignées dans différens ouvrages
* On y a vu des sources et des ruisseaux d’eau douce, on y a placé un moulin
a vent, ony a imaginé des maisons à plusieurs étages mêmej comme dans une
ville, et on a inventé enfin que les ouvriers unefois entrés n’en sortaient jamais
( il n y a que les chevaux qui soient dans ce cas ) ; qu’il y en avait même qui
étaient nés dÆns ces mines et n’avaiènt jamais vu le jour : ce sont autant de
fables dont le bon sens seul fait justice.