Excursion a
château
Eszleihazy.
et qu’il vient d’un des derniers gouverneurs de la Pannonie*
Sempronlus Tuditanus > ou Cajus Sernpromiis. Quant au
nom de (Edenburg, on suppose qu’après l’expulsion des Àwa-
res par Charlemagne,les peuples Allemands ne trouvèrent plus
que les ruines de l’ancien château de Sopronium, qu ils désignèrent
alors, suivant leur langue, par l’expression de Oede
Burg ( château de'sert ); ils se fixèrent autour de ces débris, et
donnèrent ainsi naissance à une ville qui a conservé le nom dé
Oede Burg, ou, en un seul mot, Oedenburg.
Quoiqu’il eh soit, cette ville, qui est au rang des villes libres
depuis le roi Salomon ( 1063 ), est aujourd hui considérable ;
elle renferme plus de 12000 habitans : malheureusement elle
est mal percée et mal pavée, car autrement on y trouve de fort
belles maisons, qui appartiennent à des familles nobles des environs,
et à des bourgeois ; il y a de fort bonnes auberges, dont
la plus considérable, où l’on est réellement très-bien, est A la
Rose. On trouve à (Edenburg des imprimeries, des librairies,'
des fabriques de diverses sortes, des marchandises de toute espèce,
et en général tout ce qui est nécessaire dans le cours de
la vie. Les vins des environs sont renommés, et ce sont, avec
ceux de Bude, les vins ordinaires les plus recherchés à Vienne.
Le pays abonde, d’ailleurs, en productions végétales de toute
espèce, et c’est sans doute à cette abondance, aussi bien qu’à
la proximité de l’Autriche, qu’est dû l’accroissement de la population
dans cette partie, cette quantité de villes et de bourgs
assez grands, qu’on y rencontre. Lecomitat d’OEdenburg est lé
plus peuplé de toute la Hongrie; il renferme jusqu’à 9S0 habitans
par lieue carrée, ce qui est à peu près la population
moyenne de la France.'
Je ne fis que deux excursions minéralogiques à (Edenburg;
mais je ne pus m’empêcher d’aller voir le fameux château
dEszterhazy, qu’on cite souvent pour sa grandeur, et qui a
coûte' des sommes considérables. C’est sans doute le plus beau
et le plus vaste de la Hongrie; il est à 4 lieues à l’est de QEden-
burg, sur les bords du lac de Neusiedel; mais le choix de la
position n’est pas ce qu’on a fait de mieux, car en plaçant ce bel
édifice au milieu d’un pays plat et marécageux, on l’a privé
pour toujours des agremens qu’on aurait pu lui procurer dans
toute autre localité. Mais ce palais en lui-même est très-beau,
et c’est un des plus imposans que j’aie eu l’occasion de voir. Il
est très-bien bâti, d’une architecture noble, et sans contredit
infiniment mieux, sous ce rapport, que la résidence actuelle du
Prince a Eisenstadt. Il est d’ailleurs beaucoup plus vaste ; on
assure qu’il y a 200 chambres de maître ; j’ai compté 148 croisées
sur la façade de la cour, et 200 sur celle du jardin, sans
comprendre quelques pavillons au rez-de-chaussée.
On entre dans la cour du château par une grille de fer décorée,
assez jolie, mais qui est trop petite relativement au bâtiment.
On se trouve alors dans une cour en ellipse, à un des
foyers de laquelle on remarque un petit bassin. La partie antérieure
présente desbàtimens bas, qui n’ont que le rez-de-chaussée,
et qui servent de logement au concierge, et de pièces de
dégagement. Au fond se trouve le château, dont le milieu présente
un bâtiment élevé, couronné par une terrasse, et dés deux
côtés des ailes de bâtimens , en portions de cercle, qui sont
composées de deux étages. Un escalier extérieur, qui est d’un
très-bel effet, conduit au premier étage du bâtiment du milieu.
C’est là que se trouve le salon de réception , qui est d’une
grande beauté, quoique d’un goût un peu ancien. Le plafond
s’élève jusqu’au haut du bâtiment ; mais il est décoré d’une
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