d’une fois de refuge.aux habitans dans, ces temps de désastres
où des hordes étrangères portaient partout la flamme et le fer,
et à ces époques, plus déplorables encore, ou des factions, sans
cesse renaissantes, désolaient ce beau royaume. Le roi Ant ré I ,
défait par son frère Bêla, et abandonné de ses troupes, ayant
trompé la vigilance des gardes qui le tenaient prisonnier, se
sauva dans les forêts de Bakony, où, après avoir erre'longtemps
il périt de misère. On fait beaucoup de contes dans le
pays sur ces forêts , qu’on prétend être toujours infestées de
brigands; si bien qu’on ne les traverse jamais sans être armé;
et qu’un domestique d’une maison où j’avais été reçu a Pest,
apprenant que j’allais parcourir cette contrée, jugea à propos de
placer, à mon insu, un grand sabre dans ma voiture. Mais il
aurait fallu des brigands bien élevés pour me laisser le temps
de me mettre en défense, car le grand sabre était le plus souvent
sous mes bagages, et mes pistolets dans ma malle. Heureusement
je n’ai pas eu besoin de tous ces attirails, qui sont
généralement plus embarrassans qu’utiles; et comme j’ai fait en
Hongrie plus de 800 lieues dans les parties les plus reculees, les
i plus propres à servir de retraite aux brigands, et que je m’y suis
trouvé dans toutes les saisons et à toutes les heures de jour et
de nuit, sans qu’il me soit jamais rien arrivé, je pense que ce
pays n’est pas moins sur que toutes les autres parties de 1 Europe
civilisée. Tous les contes qu’on fait de. côté et d’autre a cet
é«ard, me paraissent tenir au souvenir que l’on conserve des
anciens temps, où il existait sans cesse des factions, dont les partisans
se retiraient dans les montagnes. Toutefois, comme il
faut sans doute éprouver quelque catastrophe dans les forêts de
Bakony, il.m’arriva l’accident que je pouvais le plus redouter
après celui de me rompre le cou. En moins d’une heure, je
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cassai successivement mes deux baromètres. Ce malheur était
d’autant plus affligeant pour moi, que je n’avais plus de tubes
de rechange, et qu’il m’était impossible de m’en procurer avant
d’être rentré à Vienne, où ils me devenaient inutiles.
En descendant sur les pentes ouest de ces montagnes, je V a r i é s
* des calcaires trouvai dans une petite carrière, ouverte à ce qu’il paraît pour Bakony.
le chemin, plusieurs variétés des calcaires qui constituent ces
groupe. Ceux-ci sont tout-à-fait compactes , à cassure esquil-
leuse, renfermant encore dès encrinites , des térébratules,
toutes semblables aux premières, et en outre des ammonites Coqmties.
et des hamites, dont la surface est couverte d’une matière
noire tachante , qui a, pénétré çà et là, plus ou moins profondément
dans la masse. Il y existe également une très-grande
quantité de corps arrondis , irréguliers , dont la surface est
couverte de la même matière noire, et qui me paraîtraient encore
des restes de corps organisés. Quelquefois le centre de ce
globules est de calcaire compacte rouge, quelquefois de matière
terreuse composée de calcaire, d’argile et de fer. Mais ce
qui m’intéressa encore singulièrement, c’est la quantité de veines
de matière siliceuse dont toutes ces masses sont traversées.
Ces matières sont opaques dans quelques parties, et
fortement translucides dans d’autres, tantôt de couleur rouge
décidé, tantôt rouge de brique, rouge de chair, jaunâtre et
brunâtre. Les parties opaques font encore une légère effervescence
avec les acides, et sont en conséquence mélangés de carbonate
de chaux ; la masse est alors très-compacte, et la cassure
largement conchoïde. Mais on voit la matière siliceuse s’épurer
de plus en plus dans les différentes parties d’un même échantillon
, et on arrive alors au silex translucide, à cassure esquil-
leuse, qui a toujours un éclat assez gras, se rapprochant tant soit