par le prince actuel qui y a fait plusieurs embellissemens, surtout
du côte du jardin. La façade, sur le village, est décorée des
bustes de tous les anciens rois de Hongrie, qui, à la vérité, ne
produisent pas un très-bel effet. On entre au chateau par une
porte qui me parait encore trop petite pour le bâtiment : on se
trouve alors sous un vestibule qui n’a rien de remarquable, et
on arrive dans une cour carrée, entourée de bâtimens assez élevés,
et qui par conséquent est un peu sombre : à 1 extrémité
opposée, on trouve une petite voûte basse, qui conduit au jar-
din. Là, le prince a fait construire au devant du bâtiment un
très-beau pérystile, avec une pente douce, en demi-cercle, de
chaque côté, pour faire arriver les voitures au premier étage i
mais quelque élégante que soit cette construction , elle est un
peu écrasée, et surtout tout-à-fait discordante avec le reste du
château. Les jardins à l’anglaise, embellis par des pièces d’eau
artificielles, et sur un terrain ondulé, sont extrêmement agréables.
On construisait à mon passage, vis-à-vis le château, un
Kiosque, qu’on nomme le temple de la nuit; il est situé au-
dessus d’une pièce d’eau entourée de rochers artificiels, mais
qui sont taillés trop uniformément, et ne peuvent plaire à un
géologue habitué à voir les grands traits de la nature. Ces rochers
sont construits en pierres semblables à celles de (Eden-
burg, et seulement plus compactes : elles renferment les mêmes
espèces de peignes et d’huîtres, et une grande quantité de gros
cailloux roulés de micaschistes. On les tire des montagnes qui
sont à peu de distance au-dessus d’Eisenstadt.
Dans une partie du jardin, sur la pente d’une colline, se trouvent
les nombreuses serres que le prince a fait construire à l’ms-
tar de celles de Schônbrunn, et où il a fait rassembler une immense
collection de plantes de tous les pays. Mais ce qui m’a le
plus frappé est la belle et nombreuse série des plantes de la Nouvelle
Hollande. Les collections de la Chine ne sont pas moins
remarquables, et en tout, cet établissement botanique, qui rivalise
avec celui de Schônbrunn, me paraît être un des plus
importans de l’Europe.
Quant à l’intérieur du château, les appartemens que j’ai vus
me paraissent fort petits, obscurs, mal décorés; et en général,
quoique cette habitation soit sans doute fort belle, dans une
situation extrêmement agréable, avec des jardins délicieux, elle
ne présentera jamais, quoiqu’on puisse y faire, cet air de grandeur
et de noblesse qu’on trouve au château d’Eszterhazi, auquel
il ne manque que d’être- dans une position plus avantageuse.
Le château d’Eisenstadt, par suite des embellissemens
qu’on y a faits, rappelle singulièrement les maisons de campagne
anglaises, qui, bien que très-jolies, très-confortables, ne
brillent pas par la noblesse. Beaucoup de châteaux moins beaux,
moins élégans, que j’ai eu occasion de voir en Allemagne et en
France, ont quelque chose de plus grand que je regrette de ne
pas voir dans l’habitation d’un grand prince.
Il pleuvait le matin lorsque je suis parti d’ffldenburg; la
pluie avait cessé, et le ciel s’était un peu éclaici pendant queDi
j’étais à Eisenstadt, et déjà je formais le projet d’envoyer la s
voiture m’attendre à Mannersdorf, et de traverser alors toute
la montagne à pied ; mais bientôt un brouillard épais se répandit
partout : il ne fut plus possible de penser à une excursion, et
il fallut se décider à aller droit à Yienne. En sortant d’Eisenstadt,
on rencontre des affleuremens de calcaire à gros cailloux
roulés de micaschiste, et il paraît que toutes les collines environnantes
en sont composées. A une heure au-delà, où l’on ne
rencontre plus que des collines de sables, la route est réparée
Intérieur
du château.
Calcaire
parisien,
verses sortes
de roches
ur la route.