douce, et se terminent par des collines couvertes de sables.
J’arrivai à Keszthely à la nuit tombante, et j’allai bientôt me
présenter chez le comte Festetits, où je fus encore reçu à la
hongraise ; le comte ne voulut pas me laisser à l’auberge, et envoya
chercher tous mes bagages. • .
Grand établis- i Je ne voulais point faire d’excursions minéralogiques autour
sement nirai. ^ Keszthely, mais visiter les divers e’tablissemens d’e’conomie
rurale que le comte Festetits a cre’es dans ses terres, et qui méritent
une attention particulière, tant par la manière dont ils
sont conduits que par leur importance pour l’agriculture en
Hongrie. Ce fut la première chose que je demandai à voir le
lendemain matin, et le comte et son fils voulurent bien eux-
mêmes me conduire et me montrer le tout dans le plus grand
détail. Mais ce qui me frappa le plus parmi tous les objets que
je pus voir, fut l’école d’agriculture ou Georgicon, destinee
d’une part, à former des jeunes gens qui pussent être mis avec
confiance à la tête des domaines, et faire ce qu’on appelle des
officiers d’économie ; de l’autre, à donner à des paysans les
connaissances nécessaires pour faire de bons jardiniers et de
bons cultivateurs: Cet établissement important , entièrement
aux frais du comte, qui y a fait une dotation d’une ferme considérable,
a des professeurs pour les divers cours d’études que
les élèves doivent suivre.-Les jeunes gens destinés à devenir des
officiers d’économie font toutes leurs classes : on leur enseigne
ensuite tout ce qu’il est nécessaire de géométrie, de mécanique ;
ils apprennent à dessiner et surtout l’architecture, à dessiner et
à lever les plans, etc. Dans les dernières années, ils font, en
quelque sorte, des.cours pratiques : ils se trouvent partagés
sur l’établissement, et employés, sous des surveillans, à tenir les
comptes , à diriger tour à tour toutes les branches de l’économie
rurale. Ils se livrent alors à l’étude d’un peu de botanique,
et reçoivent des notions de physique, de chimie, etc. Les études
finies, ces jeunes gens retournent chez eux avec des certificats
attestant leur instruction, leur moralité ; ou bien ils sont placés
par le comte, soit dans ses domaines, soit auprès d’autres seigneurs
qui s’adressent souvent à lui pour cet objet.
Quant aux jeunes paysans qui doivent devenir des jardiniers,
des agriculteurs, on leur enseigne à lire , écrire et compter ; on
les instruit de leurs devoirs religieux; on leur faitvoir toutes les
améliorations qu’on peut apporter dans la culture, dans la manière
d’élever les bestiaux ; enfin on leur fait connaître les divers
instrumens ou machines aratoires, qui ont été imaginés, et dont
il y a sur l’établissement une collection complète de modèles en
grand. En général, cette école me paraît fort bien tenue; toutes
les parties de l’enseignement sont bien combinées : chacun y
apprend ce qu’il doit essentiellement savoir, et rien au-delà. Les
jardins de l’établissement présentent diverses sortes de cultures
: des collections déplantés potagères et céréales, d’arbres à
fruits et à bois ; tout y est strictement dirigé vers l’utilité. Il y a
aussi un petit jardin de botanique.
- La visite de cet établissement me retint une grande partie de
la matinée, et l’heure du dîner arriva sans que je me fusse aperçu
de la longueur du temps. J’aurais volontiers passé plusieurs
jours à Keszthely: le comte m’y engagea ; mais un naturaliste a
toujours ses momens comptés, et j’avais disposé des miens de
manière à ce qu’il fallait que je retournasse le soir même coucher
à Tapolcza. Ce fut avec regret que je me vis forcé, après
le dîner, de demander la permission de partir. Le comte Festetits,
que je voyais pour la première fois, mais pour qui, à la
vérité, j’avais une lettre, me prêta de l’argent, car je craignais
T . i l 6 1
Rclonr
Tapolcza.