1 3 8 RELATION HISTORIQUE. CIIAP. XI.
les plaines de Kesmarck. Les montagnes qui se trouvent entre
cette valle'e et celle de la-rivière de Raba, et par-dessus lesquelles
il faut passer pour se diriger vers les plaines de Pologne,
s’élèvent à environ 800 mètres de hauteur absolue * : elles surbaissent
ensuite au nord, par des pentes douces, jusqu à Vil-
liczka. Tout le pays que l’on traverse parait être fort pauvre :
on n’y voit que de chétives cultures d’avoine et de pommes-de-
terre, et les paysans que l’on rencontre ont tous un air misérable.
Leur habillement consiste en un mauvais surtout de grosse lame
brune, attaché autour du corps par une ceinture de cuir ; la
plupart n’ont point de chemise sous ce vêtement, et ne portent
qu’un pantalon de toile, sans bas, et le plus souvent sans sou-,
liers f ou seulement avec des sandales qu’ils attachent par quelques
courroies sur le pied; ils portent sur la tete un mauvais
chapeau rond, ou un bonnet de laine : leurs cheveux sont pen-
dans , sales et remplis de graisse. Les villages ne présentent que
de mauvaises cabanes en terre, et le bourg même de Myslimce,
à l’exception de l’auberge, qui est fort belle, et de la maison-de-
ville, qui n’a rien de remarquable, ne présente que des cabanes
semblables. 11 faut traverser ces contrées, après avoir parcouru
la Hongrie, pour concevoir comment les Hongrais peuvent
répéter avec complaisance cet ancien adage : Extra Hunga-
riam non est -vita, si est vita non est ita.
* 12 Août l8 l8 . , ..
Sommets les plus hauts f Hauteur, du baromètre.......................Gü5”“ 1-
de la route de Pologne ■! Température................ ....................... 12ër'
au-delà de Neumark. ( Temps couvert.
Observatoire de Bude, , Hauteur du baromètre. . . . . . . . .
moyenne entre 2 heures ) Température du mercure....................20gr.,j7
et 9 heures. 1 — d e la ir............................. 16, 7
( Temps couvert; pluie.
FRONTIÈRES DE GALICIE. Vifliczka'. 1 3 9
Dans l’après-midi du troisième jour depuis mon départ de
Kesmarck, j’arrivai sur les hauteurs de Villiczka. L’oeil plonge
alors sur un vaste horizon où l’on n’aperçoit aucune élévation
qui mérite le nom de montagne. À peu de distance, à l’ouest,
on aperçoit la ville de Krakau ( Cracovie ), qui se présente fort
bien et produit un fort bel effet. Villiczka même, du haut de la
colline, paraît très-agréable. En moins d’un quart-d’heure je
me trouvai à l’entrée d’une espèce de faubourg où je ne rencontrai
que des Juifs qui, avec leur grande robe noire, leur longue
barbe et leur large bonnet de poil, ne ressemblaient pas mal à
Robinson dans son île. On m’indiqua dans la ville une méchante
auberge, la seule qui y existât, et où je ne pus avoir qu’une
chambre parfumée à l’ognon ; c’était sans doute le garde-manger
de la cuisine, qui se trouvait à côté, et par laquelle il fallait
passer ; mais il n’y avait pas à choisir : on ouvrit les fenêtres et
les portes pour renouveler l’air, qui, sans doute, ne l’avait pas
été depuis quelques années, et l’on me fit un lit aussi bien que
possible. Tout alla cependant bien jusqu’au lendemain à trois
heures du matin, où je commençai à entendre chanter des poulets
: je crus d’abord qu’ils étaient au bas de ma fenêtre; mais
bientôt il en vint un me trouver dans mon lit, et je m’aperçus
alors qu’il y en avait une demi-douzaine sur le haut du poêle:
leur ramage venant à m’impatienter, je voulus essayer de les
chasser par la porte ou par la fenêtre , mais ils se mirent à courir,
à voltiger de toutes parts, et me firent faire un exercice qui
me réveilla complètement. Je voulus alors sortir ; mais tout
était fermé, et je fus obligé, comme les poulets, de passer par
la fenêtre pour aller dehors.
La petite ville àeVilliczka oo'fTielitzka* est située aubord
On prétend que les mines qui font la richesse de cette ville dnt été décou