au lieu d’aller droit à Giins, j’imaginai de faire une excursion
dans les montagnes de Bernstein; j’allai coucher le soir à Rech-
nitz, pour être prêt le lendemain k entreprendre quelques courses,
si le temps ni mettait point d’obstacle. Je traversai des collines
entièrement composées de sables plus ou moins argileux»
à la surface desquelles je trouvai une grande quantité de cailloux
roulés de quârz; en approchant de Reclrnitz, je trouvai
ces cailloux plus volumineux, et bientôt je les vis sous forme
de fragmens demi-roulés, qui présentaient plus on moins
de mica 5 je reconnus clairement que chacun d’eux était
une portion de veine de quarz détachée des montagnes
de micaschiste, et dont le mica avait été détruit. Bientôt on
trouve aussi des cailloux roulés de micaschiste même, qui proviennent
des montagnes sur lesquelles on arrivé, et sur la pentè
desquelles la ville est située.
Le lendemain matin je pus en effet entreprendre une Course
dans la montagne ; mais j’aperçus bientôt qu’il était impossible
de la prolonger à Bernstein sans employer plusieurs jours ; je
me contentai alors de jeter les yeux sur les environs de Rech-
nitz : je trouvai dans la montagne des micaschistes extrêmement
fins, passant quelquefois au schiste talqueux, dans lesquels
se trouvent des couches subordonnées de calcaire micacé, où
le mica est très-abondant, disposé en feuillets ondulés, et de
telle manière que la roche, dans quelques parties, ressemble si
bien à un véritable micaschiste , qu’il est presque impossible de
ne pas se tromper au premier moment. Il y a même des micas-
schistes qui sont extrêmement mélangés de calcaires ; en sorte
qu’ils font une vive effervescence avec les acides, et que quand la
solution est opérée, le fragment qu’on a essayé ne présente plus
aucune solidité; il se réduit en poussière à la moindre pression,
et on n’a plus qu’un sable quarzeux mêlé de mica. Ces micaschistes
présentent çà et là des nids lenticulaires de quarz hyalin,
plus ou moins étendus, et il paraît que ce sont ces nids qui
ont fourni la grande quantité de cailloux roulés, quarzeux, que
nous avons remarqués à la surface du terrain. Le calcaire spa-
thique se trouve disposé de la même manière, soit dans le micaschiste
même, soit dans la roche calcaire micacée.
Ces roches constituent, à ce qu’il parait, toute la masse des
montagnes élevées qui s’étendent de Rechnitz k Bernstein ; c’est
ce que la forme déchirée des rochers qu’on aperçoit des plus
hauts sommets, aussi loin que la vue peut s’étendre vers le
nord-ouest, doit faire nécessairement soupçonner. Mais on sait
positivement aussi qu’il existe, à Bernstein, des roches analogues
; M. Zipser y cite de la chlorite schisteuse ( Chloritschie-
fe r ), du talc endurci, de la serpentine *. Il paraît que les mêmes
roches, ou au moins des roches congénères, se prolongent
dans la masse des montagnes qui entrent dans la Styrie et forment
les frontières de l’Autriche : on sait au moins que sur la
limite de ces provinces, dans les montagnes au-dessus de Fried-
berg, on trouve encore des micaschistes et des gneiss, et que,
plus a l’ouest, les montagnes qui se trouvent entre Schotwien
ët Murzuschlag sont encore composées de la même manière ;
on cite aussi des serpentines dans les mêmes contrées, et il paraît
enfin, qu’au pied septentrional' du Schneeberg, on trouve
encore les mêmes roches, gneiss et serpentine, sous la masse des
roches calcaires. Il est à présumer aussi que le même terrain
s’étend dans les montagnes du nord qui séparent la Hongrie de
l’Autriche, et que les roches que nous avons citées se lient avec
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